"Moony"

7.

Évidemment, Remus ne dormait pas non plus. Il était monté se coucher  avec les maraudeurs comme si de rien était, pour la bonne raison que les  autres n'avaient visiblement pas compris l'allusion de son "ami".
Pouvait il encore l'appeler comme ça ?
Une déclaration de Sirius Black, ça n'arrivait pas tous les jours.
C'était  pour cette raison qu'il n'avait rien répondu. Il était tout simplement  sous le choc. Et quand le jeune homme avait quitté la pièce, il n'avait  pas réussi à le rattraper. Du moins, il n'avait pas réussi à s'en  convaincre. Il aurait pu. Il avait eu peur.
Il ne savait même pas pourquoi.
Évidemment  que c'était réciproque, ça crevait les yeux. Qui aurait pu ne rien  ressentir quand Sirius passait une porte, transformant instantanément  l'atmosphère de la pièce par son formidable charisme. Quand il lançait à  la cantonade son sourire si caractéristique. Quand il attachait ses  cheveux en un chignon négligé, découvrant sa nuque si... parfaite.
Mais Remus le connaissait.
Sous  ses airs bravaches, sa confiance en lui était complètement brisée. Tant  qu'il ne lui aurait pas dit, il n'y avait aucune chance que Sirius voie  ses sentiments tels qu'ils étaient réellement. Il devait absolument lui  parler, et pourtant... il était pétrifié. C'était absurde, mais son  anxiété et sa timidité prenaient complètement le dessus dans ces  situations là.
Il transpirait à grosses gouttes, incapable de bouger.

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Ainsi,  les deux garçons passèrent plusieurs heures à deux mètres l'un de  l'autre, éveillés, incapables de franchir la distance qui les  séparaient.
Ce ne fut que quand le jeune Black quitta le dortoir que Remus pu se décider à se lever.
Il allait le suivre. Il devait le suivre.
Il  rassembla tout son courage et, dans un silence absolu, sortit à son  tour, uniquement vêtu d'un vieux pull et d'un jean déchiré, ainsi que de  baskets usées.
Seulement s'imposa à lui un problème majeur : Sirius  était parti certes, mais où ? Où aurait il pu aller ? Il essayait de  faire remonter la moindre bribe de souvenir mais... à moins que...

Flashback, l'année précédente

Il est 20h, l'heure du couvre feu. La salle commune de Gryffondor est pleine à craquer, comme chaque jour à ce moment là. Y règne une ambiance chaotique, bruyante, agitée. Et pourtant, tout le monde arrête ce qu'il est en train de faire au moment ou le trou du portrait s'ouvre sur Sirius Black. Sans doute l'élève le plus populaire de sa maison, voire de Poudlard. Tout le monde s'arrête, lui parle, l'appelle, la vie se réorganise autour de lui, comme à son habitude. Pourtant, une fois n'est pas coutume, il esquive la foule pour rejoindre le reste des maraudeurs, qui occupent un canapé au centre de la pièce, près de la cheminée.
De près, Remus remarque les cernes autour de ses yeux, son teint encore plus pâle que de coutume, le pli soucieux sur son front qui ne reste qu'un instant, jusqu'à ce qu'il ne pose les yeux sur eux.
Une fois avec ses amis, il lance, assez fort pour couvrir le vacarme :
- J'ai froid, qui est volontaire pour un câlin ?
- Bah, t'es juste devant la cheminée, remarque James, occupé à chercher Evans dans la masse d'élèves.
Peter fait ses devoirs, et se contente de lâcher un "Salut, Sirius" distrait.
- Remus ? Tu ferais une bonne action pour moi ?
- Je lis... il fait semblant d'être grincheux, mais il ne refuserait ça pour rien au monde. Il a vu, sous les sourires et les faux semblants, que son ami a simplement besoin d'être réconforté.
Alors il le prends dans ses bras un court moment, puis le jeune homme se blottit contre lui, dans le large fauteuil, et pose la tête sur son épaule.
Ces moments sont plutôt rares, mais à chaque fois Remus est heureux, il sent un lien entre lui et Sirius qui est différend de tout ce qu'il a pu connaître.
- Alors, où t'était, pour avoir si froid ?
- A la tour d'astronomie...
Il se souvient d'avoir pensé "pourquoi" ?

Fin du Flashback.

La tour d'astronomie. Evidemment. Il s'en souvenait à présent. A chaque fois que Sirius rentrait la tour Gryffondor après eux, il avait cet air fatigué, las, et disait avoir eu froid. Remus s'était dit qu'il devait avoir besoin de prendre l'air, et avait archivé le dossier dans un coin de son esprit. Il n'avait pas de cape comme James, alors il utilisa un simple sortilège de désillusion et se précipita dans le labyrinthe de couloirs et d'escaliers jusqu'à ladite tour.
Et là, effectivement, .il vit une silhouette en blouson de cuir, et une petite flamme dans l'air. C'était bien lui, ça ne pouvait être personne d'autre, personne ne fumait avec autant de d'élégance, de détachement, de classe, que Sirius Black. Les membres du loup garou s'était figés de nouveau, et il ne pouvait que rester là, les bras ballants, à admirer le jeune homme. Même émettre le moindre son aurait paru un sacrilège, dans ce moment paraissait sortir d'une peinture ou d'un conte de fée.

Une fraction de seconde plus tard, Remus regretta de ne pas avoir manifesté sa présence.
Il le regarda escalader la rambarde.
Comprit.
Cria.

- Sirius ! Non !