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- Alors ? Vous vous êtes couchés à quelle heure hier soir ?

Remus avait lancé la question d'un ton claironnant. Il était de notoriété publique qu'il buvait peu, et se couchait souvent parmi les premiers, sauf circonstances exceptionnelles.

- Trois heures... lâcha un James à moitié endormi sur la table.

- Trois et demi... Le suivirent Marlene et Dorcas.

Lily ne répondit même pas, son assiette parlait pour elle. Vu l'état de son petit déjeuner, d'ordinaire si soigné, elle n'avait pas du rejoindre ses amies avant quatre heures. Elle montait presque toujours la dernière, et passait sa fin de soirée à boire et rigoler de plus en plus fort avec Sirius en écoutant de la musique, ce qui n'était pas pour plaire à James, mais il savait qu'il ne pouvait pas empiéter sur la complicité que partageaient ses deux amis.

- Tu m'as abandonnée, Black...

- Tiens, c'est vrai qu'on ne t'a plus revu après minuit, fit observer Peter.

- J'étais fatigué.

- Pas à moi, Patmol. Tu révises la métamorphose un jour de match, tu te couches à minuit, et tu n'as même pas assez bu pour avoir mauvaise mine ! Que t'arrives-t-il.

- Mais rien !

- Moi je sais.

- Lily, tu ferais mieux de manger tes toast en silence et de prendre une aspirine, rétorqua le brun d'un ton menaçant.

- Je ne vais rien dire, j'ai juste dit que je savais.

Mieux valait faire attention. Sirius savait très bien ce que son amie croyait savoir. Or, il se démenait pour ne pas savoir lui-même. C'est alors qu'il croisa le regard pétillant de Remus. C'était trop. Beaucoup trop. Une échappatoire, vite...

- Hum, les gars, j'avais oublié mais j'ai un hibou à envoyer à ma famille, je vais m'en occuper. Lily, force à toi écoute !

- Moins fort sale traitre.

- Moi aussi je t'aime !

Et il était parti.

La vérité, c'est que la veille, il était resté discuter avec Remus dans le dortoir jusqu'à une heure du mat', et qu'il s'étaient endormis enlacés dans son lit. Il s'en était rendu compte vers six heures en se réveillant en sursaut, et s'était éclipsé sans plus de cérémonies. Il n'était même pas sûr que son ami se souvienne de l'évènement.
Sauf que Sirius n'était pas du genre équilibré, comme personne. Et pourtant, il avait bien dormi pour la première fois depuis des lustres. Il savait pourquoi. Il sentait encore cette impression de confiance, de plénitude qui l'avait envahi pendant qu'il se calait contre le lycanthrope. Il n'était pas assez stupide et sans coeur pour ignorer ce que cela signifiait. De plus, il n'était pas assez lâche pour s'enfermer dans le déni, quoiqu'il lui en coute d'admettre la vérité.

L'esprit de Remus s'activait tout autant. Car oui, il se souvenait de chaque instant de la fête de la veille, il se rapelait l'odeur des cheveux de Sirius tandis qu'il s'allongeait près de lui, il se souvenait de sa respiration apaisée, de son corps chaud contre le sien, de ses légers ronflements, mais aussi de son départ discret alors qu'il croyait qu'il dormait, et il avait bien vu le désarroi dans son regard ce matin après l'intervention de Lily.
Evidemment, il aurait du s'y attendre.
Son ami était l'incarnation du mec charismatique qui fait fantasmer toutes les filles de l'école, il ne voulait pas des rumeurs, qui plus est si elles remettait en question son hétérosexualité. Il ne voudrait jamais ça, il n'était qu'un ami pour lui. Voilà à peu près le chemin que ses pensées parcouraient alors qu'il errait dans les couloirs jusqu'à arriver devant la salle sur demande.

J'ai besoin d'un endroit pour être au calme

J'ai besoin d'un endroit pour être au calme

J'ai besoin d'un endroit pour être au calme

Depuis deux ans maintenant, il faisait souvent cette demande à la tapisserie du septième étage à l'approche de la pleine lune. Ce moment du mois pouvait le rendre aussi irritable qu'imprévisible, et il voulait par dessus tout éviter à ses amis de le voir comme ça. Alors en général, la pièce Va-et-Vient lui proposait un petit salon, avec un fauteuil confortable devant l'âtre d'une cheminée, une table accueillant un ou deux romans, avec sur les murs des tentures aux reflets rouges et or.
Comme à son habitude, le jeune homme poussa la porte de placard qui venait d'apparaître sur le mur, et se dirigea vers le fauteuil moelleux tant attendu.
Aussi, quelle ne fut pas sa surprise lorsque il se rendit compte que quelqu'un y était déjà installé.

"Moony"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant