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Les cris, le sang et la peur. La détresse, la douleur insoutenable, le sentiment de ne plus être soi même. Cette impression d'être possédé par une entité démoniaque incontrôlable. Cela faisait longtemps que Remus ne le vivait plus de manière aussi intense. Pourtant, de temps à autres, la terreur revenait le visiter dans ses cauchemars. Elle succédait à la douleur lancinante, sourde, des médicaments, et le faisait se réveiller en sueur, entre les murs blancs de l'infirmerie.
Et cette nuit ne fit pas exception.
Même s'il ne le savait pas encore, il était près de trois heures du matin. Madame Pomfresh prenait un moment de repos dans son bureau, accolé à l'infirmerie .
Et presque tous les autres élèves de l'école en faisaient autant à ce moment, ou la lune atteint l'apogée de sa course dans le ciel étoilé de cette région d'Angleterre, marquée malgré elle par la magie qui lui confère même au coeur des ténèbres un scintillement surnaturel.
Et ça, cette atmosphère lourde et insouciante qui recouvrait le château précisément à cet instant, même le jeune homme assailli par la peur et l'angoisse pouvait le sentir.
C'est sans doute pourquoi, lorsque il se rallongea sur le dos, en inspirant profondément pour se rassurer, il sentit que quelque chose n'allait pas. Quelque chose troublait le calme enchanteur de ce sommeil partagé. Et ce quelque chose, qui était en fait quelqu'un, était penché sur son lit.
Son premier réflexe fut de se mettre en position défensive, les mains sur le visage. Son second aurait été de crier à l'aide s'il n'avait pas reconnu cette voix si familière.

- Alors, Moony, on a peur de moi maintenant ?

- Si.. Sirius ! Qu'est ce que tu fais là ?

- Je prends la relève de Mme Pomfresh, qui avait décidément besoin de sommeil.

- De... Quoi ?

- Je veille sur toi, idiot.

- Mais, tu devrais dormir et...

- J'ai pas besoin de sommeil. Toi oui par contre, si tu voyais ta tête...

- Mais enfin, je...

- Tu n'arrives même pas à organiser tes pensées correctement. Lâche prise, je suis là.

- ...

Le jeune homme réussit, malgré la confusion qui régnait en lui, à analyser le conseil et à l'appliquer. Il détendit ses muscles et se remit sous la couette, tandis qu'une main chaude et réconfortante se glissait sur son front pour caresser ses cheveux désordonnés.
Bercé par le mouvement répétitif, il entendait la voix de plus en plus lointaine de son ami lui murmurer des paroles rassurantes, jusqu'à ce que Morphée ne l'emmène définitivement dans les limbes du rêve.

- Tout va bien Remus, je suis là pour toi, je veille sur toi, je te protèges. Lâche tout, dors... Je suis juste là.

***
Évidemment, le lendemain, les événements de la nuit sembleraient n'être jamais arrivés.
***

Il prenait son petit déjeuner avec Lily dans son dortoir, l'un des rares privilèges qui venaient avec sa "condition". Ca et manquer une journée de cours.
Sirius, James et Peter auraient du être là, mais ils s'étaient faits prendre en rentrant des cuisines, tandis que son amie s'était montrée plus discrète.

- Remus... Remus !

- Hein, quoi ?

- T'es vraiment dans la lune, t'es sur que ça va ?

- Hein ? Oui oui...

- Il s'est passé quelque chose hier soir ?

- Non, non, j'ai juste fait un drôle de rêve...

- Ah bon ? Raconte.

- Eh bien, j'étais en train de dormir à l'infirmerie, et là je me mettais à cauchemarder, je finissais par me réveiller en sueur dans mon lit et là il y avait Sirius qui me tenait la main, et me réconfortait, et me... veillait. C'était surréaliste.

- Ah la la, soupira t-elle en se leur servant à tous les deux une tasse de thé, crois moi, j'aurais adoré que ce soit vraiment un rêve, ça en aurait dit long sur la façon dont tu le vois, mais malheureusement...

- Arrête, on est amis, tu le sais très bien. Attends quoi ?!

- Mmhm. Je suis descendue vers une heure du mat voir comment tu allais, et j'ai croisé les gars qui venaient de te déposer et qui remontaient au dortoirs. J'allais les accompagner, et c'est là que Sirius a dit qu'il préférait rester avec toi "au cas ou", et qu'il allait te veiller pour être sur que tu ailles bien.

-...

- Après, tu le prends comme tu veux, mais moi je trouve ça drôlement sympa de la part d'un "simple ami".

Et, sur ces dernières paroles, elle quitta la pièce avec le plateau du petit-déjeuner, laissant Remus, comme vous pouvez l'imaginer, dans un état de grande confusion.

"Moony"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant