Parfaitement Imparfaits

Chapitre XII

PDV Noah :

La double page du cahier de brouillon d'Aïna est noircie de grilles de morpions jouées, souvent perdues pour ma part, souvent gagnées pour Aïna qui joue très bien au morpion.
Le cours de maths se termine sans que je n'en ai compris et retenu quelque chose. Aïna range ses affaires puis m'attend pendant que je prends grand soin de ranger bien à plat le dessin du joli visage qui me regarde ranger mes affaires patiemment. On va ensuite en italien, Mme Tree nous annonce un travail en duo et bien-sûr elle a déjà fait les duos, sinon ce ne serait pas drôle, par chance je me retrouve avec Aïna qui à l'air ravie, ce travail va être facile pour nous qui parlons couramment italien que se soit avec nos parents, nos grands-parents ou nos frères et sœurs, puis se voir ne va pas être compliqué puisque je vais habiter chez elle. Le cours continue et on doit parler à notre voisin de nos vacances d'été et se présenter en même temps, au bout de dix minutes Aïna et moi avons fini l'exercice et nous couchons sur notre table et attendons la fin du cours malgré les regards noirs de la professeur qui aimerait que l'on se parle en italien même si nous avons fini l'exercice donné.
Après le cours de Mme Tree, je dis à Aïna de me suivre sans poser de questions ce qu'elle n'arrive pas à faire puisque toutes les deux minutes j'ai le droit à cette même question "On va où ?" accompagnée soit d'un "Noah", soit d'un "répond cette fois". Je suis déjà assez sur les nerfs de l'avoir invité, sans vraiment lui dire, à manger avec moi pour lui répondre et qu'elle me dise non avant de me planter là et de repartir au lycée. Mais putain qu'est-ce que j'ai fais ?! Je disjonte ! J'ai invité Aïna Green à manger avec moi et elle a accepté ! Sa grand-mère la créatrice des orechiettes, j'ai fais quoi comme connerie ?!? Elle est super belle en plus dans sa robe blanche dos nu, j'ai pété un plomb en l'invitant à manger en tête-à-tête avec moi !

- "Noah Matteo Jones ! Je suis totalement d'accord, et contente, de manger avec toi ce midi mais il faut que tu traverses quand le bonhomme du passage piéton est vert sinon on arrivera jamais je ne sais où.
- Oui pardon, vient on traverse !" je réponds en lui attrapant la main pour qu'on traverse, choqué qu'elle soit contente de manger avec moi.

Sa main est toute douce, toute froide, toute réconfortante mais quand même froide, je vais la lui tenir jusqu'à ce qu'elle soit chaude comme ça elle sera contente et moi je pourrais tenir sa main plus longtemps que juste pour traverser ce foutu passage piétons. Sa main est si petite, elle pourrait me donner la deuxième, elles tiendraient toutes les deux dans ma main droite qui est pourtant pas si grande, juste normale pour ma taille mais cette différence est si importante en partie à cause de nos tailles si différentes, Aïna fait 157 centimètres et moi j'en fais 184, ça fait 27 centimètres de différence. 27 centimètres c'est la taille d'un spaghetto, singulier de spaghetti pour les incultes, plus deux centimètres. J'aime bien sa petite taille, elle semble fragile mais toute mignonne, toute belle, toute magnifique.
Je pense à des choses étranges, Aïna, mignonne, magnifique, douce, réconfortante, qu'est-ce qu'il ce passe dans mon cerveau, pourquoi je suis passé en quelques jours à peine de Aïna n'est pas une personne qui compte pour moi, je la déteste à Aïna est magnifique et elle compte beaucoup pour moi, je l'ai invité à manger avec moi ?
Je tourne la tête et vois Aïna, la tête levée, qui me regarde sûrement en se demandant pourquoi je ne lui parle pas et à quoi je pense, j'anticipe sur les questions qui lui brûlent les lèvres.

- "Je suis désolé de ne pas t'avoir parlé depuis qu'on est partis, je pensais à toi, comment tu es passée de personne détestée à personne qui compte pour moi.
- T'inquiète pas, tu pensais à moi ? demande-t-elle en souriant légèrement
- Oui, je pensais à toi et à la relation que nous avons.
- Et comment tu l'appellerai cette relation ?
- Cynthia ou Sophie je pense. je réponds en esquivant le vrai sens de sa question
- Tu as très bien ma question Noah, mais si tu veux pas répondre c'est pas grave. rigole-t-elle
- Je te répondrai un autre jour, on est arrivés.
- On mange dans un resto japonais ou italien ? me demande-t-elle devant les deux restaurants
- Comme tu veux.
- Japonais, je suis toujours déçue par les restos italiens, c'est meilleur fait maison.
- T'as raison, c'est meilleur quand tu as toi-même fais tes pâtes.
- Des tagliatelles, des linguine ou des spaghetti faits maison c'est exquis, surtout quand c'est ta mère qui les a faits !
- Elle cuisine super bien, bon on va se faire se jap ?
- Aller c'est parti !"

J'ai bien vu qu'elle s'est légèrement foutue de ma gueule par rapport aux tagliatelles faites maison, en souvenir du jour où j'avais totalement raté mes pâtes et que ça avait fait une bouillie avec l'eau dans la casserole. J'aime bien ces petits moments de complicité qui font remonter les souvenirs du passé que nous avons tout les deux.
Aïna rentre en première dans le restaurant et la serveuse nous indique une table isolée avec deux fauteuils en guise de chaises près des grandes fenêtres qui donnent sur la rue. Aïna se retourne, contente de notre table, et me prends la main avant d'y aller en me traînant derrière elle, je suis, bien évidemment, euphorique qu'Aïna Ely Green ai pris ma main dans la sienne pour marcher jusqu'à la table. Cette fille est incroyablement géniale et belle et gentille et magnifique et douce et souriante.... Je pourrais citer des adjectifs positifs la décrivant toute la journée, elle est tellement parfaite comme personne.
Elle commande une assiette de différents makis, sushis et sashimis au thon, saumon et avocat, je sors de mes pensées et me rends compte que la serveuse est entrain d'attendre ma commande alors que je n'ai absolument pas regardé le menu, trop occupé à penser à la magnifique personne assise en face de moi, je lui réponds donc "Pareil qu'elle s'il vous plaît" et elle repart après avoir tapoté sa tablette sur laquelle elle prend les commandes.