Précédemment : Elizabeth Griffin (dite Clarke) fait la connaissance de la duchesse Alexandra Rosewood Osborne (dite Lexa), la jeune veuve du duc de Leeds, lors d'une escale à Malte, au cours d'un voyage en Méditerranée. Les deux jeunes femmes se rencontrent à nouveau à Londres au printemps et tombent peu à peu amoureuses l'une de l'autre. Malheureusement, elles sont contraintes de renoncer à leur idylle, Clarke étant destinée à épouser le vieux rival de Lexa, le marquis Bellamy Blackburn. Après le mariage Clarke, le 21 juin 1859, la duchesse décide quitter l'Angleterre afin de ne pas constituer un obstacle au bonheur de la blonde, tandis que Clarke part en voyage de noces.
'*' '***' Chapitre 11 '***' '*'
Le temps s'annonçait pluvieux. Malgré la mi-mai, la fraîcheur printanière persistait, et la marquise Blackburn contemplait sereinement les gouttes ruisselant le long de la fenêtre du salon, un ouvrage entre les mains. Un sourire nostalgique se dessina sur ses lèvres, tandis qu'elle respirait le parfum des roses, actuellement en pleine floraison. Clarke prenait plaisir à composer un nouveau bouquet tous les quelques jours pour orner son salon de lecture et studio d'art, son refuge et sanctuaire artistique. Cependant, il s'était écoulé un certain temps depuis qu'elle n'avait touché à ses pinceaux. Depuis quelques semaines, se concentrer sur autre chose que le petit être grandissant en son sein devenait ardu, un être qui s'apprêtait bientôt à voir le jour. Un nouveau sourire, empreint de lumière, illumina le visage de la marquise alors qu'elle caressait son ventre arrondi. Ses yeux se reportèrent ensuite sur la couverture du livre que l'un de ses domestiques avait acquis pour elle plus tôt dans la journée, et elle contempla le nom gravé en belles lettres d'or : Alexandra Leeds.
— Comme j'aimerais que tu sois là, murmura doucement Clarke en caressant l'inscription de la pulpe de son pouce.
Elle ouvrit alors soigneusement l'ouvrage et admira chaque page comme si elles étaient les aquarelles d'un maître renommé. Cela ferait bientôt deux ans depuis le départ de Lexa pour l'Amérique. Durant ce laps de temps, aucun échange épistolaire n'avait eu lieu entre elles, aucun bulletin n'avait traversé l'océan les séparant. L'intimité d'une correspondance aurait été trop amère, trop lourde à porter. Rompre tout lien semblait être le seul moyen de supporter le douloureux éloignement. Néanmoins, lorsque ce livre de botanique était paru à la librairie, Clarke n'avait plus nourri d'autre désir que de le feuilleter, bercée par la fragrance des roses blanches. Chaque nouvelle page déployait les détails d'une fleur différente et l'esprit de Clarke se plaisait à imaginer la duchesse s'appliquant consciencieusement à sa tâche, plongée dans l'étude attentive de la plante, esquissant de délicats croquis. Certaines pages étaient agrémentées d'illustrations. Lexa avait vraisemblablement perfectionné son coup de crayon au cours de ces deux dernières années. La marquise espérait secrètement que la brune avait continué à suivre ses conseils, tout en chérissant son souvenir.
Lorsque Clarke eut parcouru l'intégralité du volume, elle ressentit soudain le désir soudain de sortir prendre l'air. Sa grossesse était extrêmement proche de son terme et son médecin n'approuverait guère qu'elle s'aventure dans les rues cahoteuses de Londres, loin de la demeure. Bellamy, plus protecteur que jamais, ne verrait sans doute pas non plus d'un bon œil cette sortie ; fort heureusement, il s'était retiré à son club de gentlemen et ne regagnerait probablement pas leur domicile de sitôt. Armée d'un parapluie, elle se lança donc dans une promenade jusqu'à Grosvenor Street, qui ne se trouvait qu'à quelques pas, suivie de sa femme de chambre et d'un valet de pied, ces derniers s'efforçant en vain de la dissuader de s'aventurer sous la pluie. Rares étaient les âmes qui déambulaient dans les rues de Mayfair par un temps pareil et le silence de la brume offrait une compagnie apaisante. La pluie ruisselait sur les feuillages des grands arbres du jardin. Clarke longea le square, dont l'accès, réservé aux seuls résidents de la place, était restreint par une balustrade de fer forgé. Ses pas la menèrent naturellement vers Rosewood House, qui se trouvait vers l'angle de la place, l'une des plus belles propriétés du quartier. La blonde contempla avec nostalgie les rosiers grimpants, dont les fleurs blanches s'épanouissaient avec une éternelle splendeur. Le portail, entrebâillé, manifestait sans doute le passage furtif des domestiques qui assuraient l'ordre au sein de la demeure.
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La Guerre des Deux-Roses
FanfictionAoût 1858. Sa Majesté la reine Victoria règne sur Angleterre et l'aristocratie britannique occupe son temps aux mondanités. Clarke, de son vrai nom Elizabeth, voyage aux côtés de son père, le comte Jack Griffin. C'est lors d'une escale sur l'île de...