La Dune Écarlate { Genshin impact ,CYNO X TIGHNARI }

{3. 2/2} Seuls ensembles

"C'est toi..."

Ses pensées prirent forme en un murmure qu'il ne pouvait retenir, enchaîné entre ses lèvres. Il n'en tint pas rigueur, happé par une prise de conscience soudaine. Ses sens s'exaltèrent, lui criant qu'il tenait en face de lui l'homme l'ayant dispensé  d'une mort certaine. Tighnari se souvenait du son de sa voix, ayant fait taire d'un air formel le tumulte de la foule. Il se souvenait de son odeur, du parfum émanant de sa chevelure notamment ; en y repensant, il pouvait encore les sentir lui chatouiller le bout du nez.

"Malgré l'état dans lequel je me trouvais, j'ai pu garder le souvenir de notre première rencontre. Je ne l'ai pas gardé en totalité, cependant, j'en conserve quelques traces. Ce jour-là, dans le désert, c'est vous qui m'avez sauvé. Les premiers mots qui auraient dû quitter mes lèvres au réveil auraient dû être des remerciements. Je vous suis redevable."

L'expression du jeune monarque resta inchangée, fidèle à lui-même ; il demeura neutre au possible, même après de telles déclarations. Aucune once de gêne, ni même d'orgueil, rien de tout cela ne vint déformer l'impartialité de ses traits.
Cyno eut un bref mouvement de tête, signifiant un désaccord apparent.

"Remerciez l'audace de notre palefrenier, sans quoi, vous n'auriez jamais pu admirer les lueurs de ce jour, soyez-en sûr."

Il n'irait guère amasser les mérites d'un autre ; de ce fait, il ne pouvait accepter qu'on le couvre ainsi de remerciements qu'il estimait ne pas lui être dû.

« Mais vous avez donné l'ordre.»

Tighnari n'était pas du même avis, le laissant savoir. S'il n'avait pas pris position, s'il n'avait pas fait ce choix, il n'en serait pas là aujourd'hui.

« Laissez-moi mettre un nom sur ce visage.»
Leur regard s'épousait de nouveau ; l'un gardait une certaine réserve, peu lisible. L'autre frétillait. Le rouge lui teintait le blanc des yeux timidement. La fatigue avait-elle tracé ses sillons pourpres ? Ou était-ce l'œuvre d'un chagrin amer et silencieux ? Cyno fit taire ses questions avant même qu'elles n'eurent  franchi la barrière de ses lèvres.

«J'en porte plus d'un.  fit-il après un court instant de silence .

- Oh... alors, lequel dois-je utiliser ?»

L'argenté sentit le regard noisette du renard le submerger comme un halo de lumière. Il trouva subitement d'un grand intérêt ces fines coutures brodées sur ses manches vertes.

«Cyno conviendrait. ...

- Vous hésitiez, c'est curieux. »

Tighnari eut un rire léger, agréable et cristallin. Aux antipodes d'une quelconque forme de raillerie.

"Cyno..., Cyno... l'homme qui porte plus d'un nom.

Vous ne m'avez pas demandé mon prénom."  Ses yeux rieurs le dévisageaient, il avait cet air espiègle qui lui plaisait bien, et ce regard qui semblait ne jamais défaillir, vif et affirmé malgré la pression de stigmates .

"Tighnari." Usem le lui avait dit et Cyno s'en était souvenu, l'avait gravé dans sa mémoire comme un tatouage.

{...}

Cyno rendait visite à Tighnari dès qu'il le pouvait, lorsque ses fonctions ne le retenaient pas en besogne.
La présence de l'un ravit l'autre, et lorsqu'il n'était plus question de mots, de rires complices et farces peu fructueuses. Lorsqu'enfin, un voile de silence s'étendait subtilement autour d'eux, la compagnie de l'autre devint vivifiante. Car dans ces moments où il n'était nullement requis de trouver réconfort à travers quelques échanges forcés, ils négligeaient ce sentiment de solitude et se complaisaient dans l'existence de l'autre.

Cyno n'était pas très loquace.
Tighnari aimait ça.

Il aimait le fait qu'il soit d'une écoute sincère en contrepartie. Il appréciait également la mesure qu'il prenait lorsqu'il s'exprimait. Ses discours n'étaient jamais saturés de palabres excessives. Il avait cependant cet humour insaisissable qui le laissait dubitatif...
D'une certaine façon, il l'aidait à surmonter le deuil, l'absence, le vide créé, le laissant choir comme une coquille vide.
Et bien qu'il ne le connaissait que peu, Tighnari avait ressenti le besoin presque irrésistible de s'accrocher à lui comme à une bouée de sauvetage. Ainsi, tous ces petits moments partagés lui redonnaient un peu plus de force dans cet éprouvant chapitre de sa vie.

"Vous êtes le Roi dont parlait Usem." fit il remarquer . "Pourquoi ne vous êtes-vous pas présenté en tant que tel ? Majesté, c'est comme ça qu'ils vous appellent, ils courbent l'échine devant vous. Moi, je m'adresse à vous comme si nous étions faits du même bois. Cela ne convient pas."

Peut-être que Cyno le comprenait bien plus qu'il n'aurait pu le croire.
Peut-être qu'ils n'étaient pas si différents l'un de l'autre.

Car il avait connu, lui aussi, la pesanteur accablante du deuil.
La réclusion portée par son ascension lui avait fait connaître le goût amer de la solitude.

"Tu ne me connaissais pas.
J'espérais de tout cœur que cela ne creuserait pas un fossé entre nous, comme avec les autres. Majesté... ce mot ne sert qu'à nous distancer. Je préfère t'entendre dire mon nom.

Adresse-toi à moi comme tu le ferais avec un ami.

Cela me conviendrait."

...

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