Chapitre 1 : sortie nocturne

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24 novembre 2008, Londres

L'air est frais au bord du lac, en ce mois de novembre. J'ai enfilé en vitesse un vieux sweat de mon lycée, que j'ai retrouvé au fond de mon armoire.

Je me suis assises négligemment au bord du lac, les pieds enfoncés dans le sable froid.

Je regarde autour de moi, avant de revenir sur l'écran de mon ordinateur.

Quoi de mieux que de sortir à deux heures du matin sur cette plage artificielle, lorsque nous sommes une fille...

Mon écran d'ordinateur ainsi que la pleine lune sont mes seules sources de lumière.

Alors me voilà, assise là, en train d'écrire mon histoire, seule sur une plage à deux heures du matin. Je ne pensais pas en être réduite à la un jour.

Une larme roule délicatement sur ma joue lorsque j'écris le passé de ma protagoniste.

Son père est mort. Tout comme le mien.

Cela fait déjà plus de deux ans, mais pourtant, les images de son visage, son sourire, sa voix, restent gravés dans ma mémoire. Comme une photographie. Et j'appréhende le jour où j'oublierai tous ces petits détails, qui sont pourtant très important pour moi.

Je mentirais si je disais qu'il ne me manque pas, puisque c'est tout l'inverse.

J'ai l'impression de l'avoir ici même, à mes côtés. Je suis désespérément bloqué dans le passé. Et j'ai envie de passer au-dessus de tout ça. Du passé. Du deuil. De la fatigue. Je veux pouvoir revivre normalement. Mais j'ai l'impression d'être égoïste. Mon père est mort. Je ne devrais pas avoir envie de vivre ma vie joyeusement, comme si rien ne s'était passé.

Je suis une personne égoïste, sans aucun cœur.

Je suis terriblement fatigué de devoir toujours tout prendre sur moi. De faire semblant d'aller mieux.

Ma mère et ma sœur sont effondrés depuis la mort de mon père. Et moi, j'essaye de guérir comme je le peux. Je ne montre pas mes sentiments. C'est une chose que je déteste faire. Je n'aime pas m'exposer de telle sorte devant des gens, même si c'est ma famille.

Mais lorsque je pense qu'il ne sera pas là lors de ma remise des diplômes, ou bien de mon mariage, de toutes ces petites choses de la vie que l'on doit accomplir avec l'aide de nos parents, je m'effondre totalement. Submergée par ma peine qui me ronge de l'intérieur depuis bien trop longtemps.

Je sens une multitude de larmes couler le long de ma joue en me remémorant ces petits moments de la vie passée en sa compagnie, qui sont vite devenues mes préférés.

Le jour où il m'a acheté mon premier vélo, le jour où il m'a plongé dans la mer glacée de l'époque, ou bien encore ce jour en primaire, où il ma féliciter d'avoir gagné le concours d'orthographe. Je me rappelle avoir vu des étoiles pleins ses yeux, tellement il était fière de moi.

C'était bien la seule personne à croire en moi. La seule personne qui m'aimait réellement pour ce que je suis, et pas pour ce que j'essaye de montrer.

Je n'en crois pas mes yeux, Rivers en personne, en chair et en os devant moi !

Je sursaute et me retourne brutalement vers la voix qui est apparu dans mon dos.

Lorsque je remarque que ce n'est qu'autre que Eddie, je m'essuie les joues en vitesse. Ce mec est une vraie vipère. Les ragots et les rumeurs sont les deux choses qu'ils apprécient le plus. Et je ne suis pas d'humeur à en faire partie.

J'aperçois plus loin Lewis, accompagné de deux autres de ses potes, que je ne connais pas. Ils sont réunis autour d'un feu. Je suppose donc qu'Eddie vient de là-bas.

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