Chapitre 4 : tragédies

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15 décembre 2006

- Maman, quand est-ce que papa rentre ? je demande innocemment.

  Il a une demi-heure de retard. Ça peut lui arriver de temps en temps, mais jamais il n'a été en retard comme aujourd'hui. Je commence à m'inquiéter.

- Je ne sais pas, Amélia. Mais il finira pour rentrer, ne t'inquiète pas.

  Je hoche la tête, et décide de monter dans ma chambre.

  Malgré la consigne de ma mère, la peur me ronge de l'intérieur, et je peine à calmer mon cœur qui tambourine vite et fort dans ma cage thoracique.

  Je ne saurai comment l'expliquer, mais un mauvais pressentiment hante mon corps. Comme s'il était arrivé quelque chose à mon père. Quelque chose de grave.

  J'essaye de me calmer du mieux que je le peux, mais plus les minutes défilent, plus ce sentiment d'angoisse me prend au cœur.

  Lorsque j'entends une voiture dans la rue, je me précipite à la fenêtre pour m'assurer que c'est mon père. Mais ça ne l'est pas. Jamais. Il n'arrive pas.

  Et soudain, des pensées lugubres me viennent en tête.

  Et si mon père était mort ? Et s'il avait eu un accident de voiture ? Ou bien peut-être était-il tombé du haut d'un bâtiment ?

  Non. Il faut que j'arrête. Il va très bien. Il est juste en retard. Cela arrive à tout le monde, n'est-ce pas, un tout petit retard d'une heure et demie ?

  Je balaye toutes mes pensées du revers de la main. Je ne veux plus y penser.

  Je décide de partir dormir. Comme ça, demain matin, mon père sera là, rentré à la maison, et je rigolerai de toutes les choses auxquelles j'ai pu penser. J'en suis sûre et certaine.

°°°°

Le lendemain.

  De légers coups à ma porte me réveillent. Et soudainement, je réalise que ce pourrait être mon père. Alors je ne perds pas une seule seconde, et vais ouvrir ma porte de chambre.

  Lorsque j'ouvre cette dernière, l'image qu'elle me donne me retourne l'estomac. Et à ce moment-là, je ne peux penser qu'au pire.

- Ma puce, tu es déjà réveillé ?

  La voix de ma mère est faible, et ses yeux sont rougis par ce que je suppose être des pleurs.

- Maman, que se passe t-il ?

  Ma voix est également faible, et les pires scénarios se jouent dans ma tête. Je ne veux pas y croire. Je veux que l'on me dise que tout cela est faux. Que ce n'est rien de plus qu'un stupide cauchemar. Que je vais finir par me réveiller, et voir que tout se passe bien.

  Mais non. Ce n'est pas les mots que prononcent soudainement ma mère. Ceux-là, ils sont horribles. Ils déchirent une personne, même les plus fortes.

  Je sens le sol s'ouvrir sous mes pieds et m'engouffrer, lorsqu'elle me les prononce.

"Ton père est mort, Amélia. Il a fait une chute de quinze mètres au travail, et n'a malheureusement pas survécu."

  Et sur ces quelques petits mots, mon corps me lâche et je m'effondre par terre, dans un énorme bruit.

  Je ne sais pas quoi faire.

  Je ne sais pas quoi dire.

  Je ne sais pas comment réagir à cette situation.

  Des pleures viennent soudain secouer mon corps immobile au sol, et la nausée me vient très vite.

  Tout ce que j'arrive à entendre, ce sont les pas de Jenna, se dirigeant vers moi.

  Tout comme ma mère, elle a les yeux bouffis par les pleurs, et les voir toutes les deux comme ça me brise le cœur. Me déchire l'âme. Je ne supporte pas cette image. Elle m'est insupportable.

  Je sens des mains me toucher les épaules, puis me porter avant de m'emmener dans mon lit.

  Je me laisse faire, n'ayant pas vraiment d'autres choix, et ferme mes yeux. Comme si ce geste pouvait me faire oublier la dure réalité. Me réconforter.

  Alors qu'il ne fera absolument rien. Il ne changera pas le temps, ni cette réalité stupide.

  Aujourd'hui, je viens de perdre une des personnes qui comptait le plus pour moi.

  Ma figure paternelle.

  La personne qui m'a élevée.

  Qui m'a appris tout ce que je sais aujourd'hui.

  Qui a toujours su être là pour moi, dans n'importe quelle situation.

  Qui m'a aidée d'innombrables fois.

  Et maintenant, j'ai perdu cette personne. Sans même avoir pu lui dire au revoir.

  Je suis partie dormir hier soir en pensant que je délirais. Que ce n'étaient que des pensées complètement folles. Que rien de tout ça n'était réel.

  Mais aujourd'hui, la dure réalité m'est revenue en pleine face. Mon père est bel et bien mort. Je ne délirais pas. J'avais un mauvais pressentiment. Et ces derniers ne me mentent jamais. J'ai malheureusement pu le découvrir durant ma courte vie.

  Je m'endors quelques heures plus tard, complètement épuisée des larmes que j'ai versées aujourd'hui, et déjà épuisée du deuil qui m'attend.

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