Cherry

Chapitre 5

Lys

   Je connais très bien Ava, je sais qu'elle peut parfois avoir des idées farfelues, mais aujourd'hui, je crois qu'elle délire entièrement.
Une expression sérieuse sur le visage, elle nous désigne fièrement tous les deux de sa main droite. Comme si elle venait soudainement d'avoir la plus brillante des idées.

- C'est totalement absurde, je m'exclame en resserrant les bras sur ma poitrine.

Elle se trompe entièrement si elle pense une seule seconde que j'accepterai de prendre part à un plan pareil. Jamais. Ce serait une grave erreur, qui pourrait, je le crois, me coûter très cher.

- Je suis d'accord avec Lystacia, confie Aaron en secouant négativement la tête.

Je le dévisage sans un mot.
Je ne supporte pas de l'entendre prononcer mon nom, d'autant plus que je suis presque persuadée qu'il le fait pour m'agacer.  Il n'existe pas d'autres raisons à son comportement.

- Très bien, s'écrie-t-elle en levant légèrement les bras en l'air.

Contrariée par notre refus, elle pose la main sur son cœur et la presse dramatiquement, dans ce qui semble être une tentative ridicule de nous montrer son mécontentement.

Toutefois, elle peut très bien continuer, cette fois-ci, je ne céderai pas. Je suis toujours prête à suivre Ava dans toutes les aventures qu'elle entreprend, mais cette fois, cela me concerne, et c'est un non catégorique.

- Dans ce cas, ne venez pas vous plaindre quand vous vous retrouverez tous les deux en galère, alors que vous avez la solution juste sous vos yeux, continue-t-elle en tapant du pied.

Aaron et moi échangeons un rapide regard.
Je ne peux en aucun cas m'imaginer devenir sa coach, ou comme le dirait ma meilleure amie, sa manageuse.
Il me semble très clairement impossible de supporter cet homme plus de quelques heures, donc encore moins de le côtoyer tous les jours. Cela se résumerait à de la torture.

- Non, j'assène en la dépassant.

J'ouvre la porte, bien déterminée à fuir cette discussion. Je veux partir et ne plus sentir leurs regards sur moi.

- Tu es ridicule, se plaint Ava dans mon dos.

Je laisse un soupir m'échapper et ne lui répond pas.
Je n'ai très certainement pas de temps à perdre à énumérer toutes les raisons pour lesquelles cette idée serait un fiasco total, il y en a beaucoup trop.

Sans prendre en compte ses nombreuses lamentations, je retourne à l'intérieur pour reprendre mon travail.

Lorsque je retrouve la pièce principale, je prends un instant pour fermer les yeux et tenter de me remettre de mes émotions.

Il est vrai que je n'ai actuellement aucune solution pour régler la situation dans laquelle nous nous trouvons, ma famille et moi.
Et pour être honnête, cette sensation d'impuissance m'étouffe. J'ai l'impression de faillir à la mission qui m'a été confiée lorsque nous avons perdu notre mère.

Des souvenirs que j'avais enfouis en moi remontent soudainement à la surface, comme pour me rappeler que je n'ai plus personne pour me protéger. Je suis désormais celle qui doit protéger les autres, à mes dépens parfois. Ce sont eux avant moi, et cela, pour toujours.