Chapitre 2

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L'assaut avait été planifié dans les moindres détails. Les policiers étaient prêts à intervenir. Le commissaire Collimont lança l'attaque. Comme convenu, il resta à l'extérieur de l'habitation en compagnie d'Éric. Les deux hommes s'étaient rencontrés au cours de la formation délivrée par l'IFAR*. Mus par les mêmes ambitions, ils avaient tout de suite sympathisé. Quelle n'avait pas été leur surprise quand leurs enquêtes respectives s'étaient regroupées pour n'en constituer qu'une seule, quelques mois plus tard ! Tous deux à la poursuite du célèbre Robert Mitchell, ils avaient décidé d'unir leurs forces afin de le coincer une fois pour toutes.

Ce criminel notoire avait la faculté de ne pas laisser de traces lorsqu'il commettait ses méfaits et, jusqu'à présent, il avait réussi à échapper à la police, malgré de nombreuses tentatives d'arrestation. Mais cette fois, les forces de l'ordre n'avaient pas lésiné sur les moyens. Des hommes étaient postés à toutes les issues. Si le malfaiteur était présent à l'intérieur de la maison, il n'avait aucune chance de s'enfuir.

L'intervention et l'interpellation ne durèrent que quelques minutes. Mais, lorsqu'un agent leur apprit qu'une fille se trouvait également sur les lieux, Éric et Collimont n'hésitèrent pas un instant avant de pénétrer à leur tour dans le logement.

Alice s'était réveillée en sursaut au moment où la porte avait explosé. À ses côtés, son mari dormait à poings fermés. Il avait le sommeil lourd. Elle comprit qu'à cette seconde précise, sa vie venait de basculer une nouvelle fois, mais elle ignorait encore si c'était dans le bon sens.

Au mieux, elle était sauvée.

Au pire...

Que pouvait-il lui arriver de pire, après tout ?

Ce fut la raison pour laquelle elle n'esquissa pas le moindre geste et attendit, allongée dans son lit, le cœur battant à tout rompre.

Une dizaine d'hommes pénétrèrent dans la chambre, braquèrent leurs armes sur eux et leur ordonnèrent de lever les mains en l'air. Alice s'exécuta, quoique tremblante. La pièce était plongée dans la pénombre et les individus qui venaient de s'introduire dans la maison étaient cagoulés. Sans doute portaient-ils des lunettes infrarouges. La scène avait de quoi faire peur, mais quand elle entendit qu'ils étaient de la police, elle ne put se retenir de fermer les yeux et de pousser un long soupir de soulagement.

Ils l'avaient enfin retrouvée.

Sans perdre de temps, les forces de l'ordre extirpèrent son époux groggy du lit, le menottèrent et l'escortèrent hors de la chambre.

Une minute plus tard, deux hommes entrèrent à leur tour, et la prévinrent qu'ils allaient allumer le plafonnier. Alice papillota des paupières, agressée par la lumière vive. La jeune femme mit une main protectrice devant son visage pour s'habituer à l'éclairage, puis elle leva la tête vers les nouveaux arrivants. Contrairement à leurs collègues, ceux-ci n'étaient pas masqués.

Le premier, le plus âgé, avait les cheveux gris et une moustache assortie. Ses yeux bleus reflétaient une vive inquiétude. Le second devait avoir entre 25 et 30 ans, et ses iris étaient du même noir que ses boucles ondulées. Il paraissait tout aussi troublé que son confrère. Mal à l'aise sous le poids de leurs regards, et comme ils ne comptaient visiblement pas l'arrêter, elle décida de sortir du lit. Cela ne se fit pas sans peine, mais elle avait l'habitude. La nuisette dans laquelle Mitch la forçait à dormir était un peu étroite, depuis qu'elle s'était arrondie. Son ventre bombé tirait sur le tissu et dénudait une grande partie de sa poitrine. Elle attrapa un gilet de laine informe posé sur une chaise à proximité pour se couvrir aussi vite et du mieux qu'elle put. Elle ne manqua cependant pas l'étonnement qui se peignit sur les traits du jeune homme lorsqu'il constata sa grossesse.

Une vie à réparer [Publié le 8 mars 2024]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant