Une vie à réparer [Publié le 8 mars 2024]

Chapitre 8

En fin d'après-midi, le commissaire estima qu'ils en avaient assez entendu.

— Quelqu'un va vous emmener retrouver vos enfants, puis nous vous conduirons chez vous.

— Vos parents vous attendent, je les ai appelés pendant la dernière pause, expliqua Éric.

Alice hocha la tête. L'inquiétude s'empara de nouveau d'elle. Cela faisait si longtemps qu'elle ne les avait pas vus. Elle appréhendait ces retrouvailles, ainsi que l'attitude qu'ils allaient adopter à l'égard de ses fils. Mais elle n'avait pas le choix, elle n'avait aucune alternative pour le moment. Elle devait bien vivre quelque part en attendant de trouver une solution.

— Je peux vous servir de taxi, se proposa le jeune homme.

La mère de famille était ennuyée.

— Il nous faut des sièges-auto, non ?

— J'en ai deux que je n'utilise plus dans mon garage, intervint Collimont. Vous pouvez passer les récupérer.

La jeune femme tenta de masquer son étonnement. En vain. Elle trouvait l'attitude des deux hommes assez troublante. Elle qui pensait devoir se débrouiller seule à la sortie du commissariat, voilà qu'elle avait droit à une escorte.

— Allons-y ! déclara l'enquêteur.

Il invita galamment sa compagne à quitter la pièce et lui emboîta le pas. Ils patientèrent quelques instants, afin que le commissaire puisse informer ses collègues de son départ. Puis ils le suivirent en direction du parking.

— On se retrouve à la maison, dit-il à Éric, qui acquiesça en silence.

Alice s'installa à la place passager et, tout en bouclant sa ceinture de sécurité, se tourna vers lui.

— Vous êtes proches, tous les deux ?

— Qu'est-ce qui vous fait penser ça ?

— Vous connaissez son adresse.

— Et ?

Elle haussa les épaules.

— Je ne sais pas, je trouve ça bizarre.

Elle ferma les yeux et s'appuya contre l'appui-tête.

— Ça va ? s'inquiéta Éric.

Elle répondit sans même ouvrir les paupières.

— Oui, merci. Je suis juste un peu fatiguée. La journée est éprouvante et elle est loin d'être terminée.

— Je suis désolé.

Cette fois, elle se redressa et pivota la tête vers lui.

— De quoi ?

— De tout ce qui vous est arrivé, et des conséquences qui en découlent.

Il lui jeta un bref coup d'œil, et elle put constater qu'il était sincère. Elle ne répondit rien. Qu'aurait-elle pu ajouter, de toute manière ?

Ils parvinrent bientôt devant une maison récente, construite de plain-pied. Le garage attenant était déjà ouvert et Collimont en ressortit, un siège au bout de chaque bras. Un sourire étirait ses lèvres. Alice, gênée, le remercia.

Quand il lui souhaita bon courage pour la suite, cependant, elle se raidit.

— Que va-t-il se passer, exactement ? le questionna-t-elle.

— Eh bien... Nous interrogerons Mitch dans les prochains jours, après quoi, il sera incarcéré jusqu'à son procès.

L'angoisse la gagna.