Chapitre 4

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Dès leur arrivée au commissariat, des agents félicitèrent Collimont pour son joli coup de filet. Celui-ci, modeste, les fit taire d'un geste de la main. Alice surprit les regards curieux qui se posaient sur elle, mais les ignora de son mieux.

On lui permit de passer aux toilettes, puis elle fut installée dans une salle d'interrogatoire aux murs gris. Une table et des chaises meublaient l'endroit dénué de chaleur. Elle grimaça, déçue d'être traitée comme une vulgaire criminelle. Qu'elle n'était pas, au demeurant.

— Vous voulez un café ? lui demanda le moustachu.

— Non merci, j'ai arrêté. Et puis, il me reste un peu d'eau, ajouta-t-elle en agitant la bouteille qu'elle tenait toujours.

La proposition l'avait néanmoins rassérénée. On n'offrait pas un café à un accusé, n'est-ce pas ? Le policier alla chercher deux tasses et en tendit une à son collègue, qui le remercia. Ils prirent place face à elle, de l'autre côté de la table, dos au miroir sans tain. Alice frissonna à l'idée que d'autres agents l'observent depuis la pièce adjacente.

— Il n'y a que nous, précisa l'homme aux cheveux noirs après avoir surpris sa réaction.

— Mais cet échange est enregistré, ajouta le plus âgé. Tout ce que vous direz pourra être utilisé lors du procès de Robert Mitchell, l'individu que nous avons arrêté tout à l'heure. Vous pouvez contacter un avocat, bien évidemment.

— Est-ce qu'on m'accuse de quelque chose ?

L'homme se pencha en avant et plissa les paupières.

— Êtes-vous coupable de quelque chose ?

— Non, bien sûr que non ! s'offusqua-t-elle.

— Dans ce cas, tout va bien. Nous aimerions savoir ce qui vous est arrivé, Alice. C'est tout. Cela fait des années que nous enquêtons et, comme je vous l'ai dit un peu plus tôt, nous sommes heureux de vous avoir retrouvée saine et sauve.

Quelques secondes de silence s'égrenèrent, puis il reprit :

— Avez-vous des questions, avant que nous commencions ?

La jeune femme se mordit les lèvres.

— Est-ce que je pourrais connaître votre nom ? lâcha-t-elle timidement.

Les deux hommes cillèrent, puis échangèrent un regard perplexe. Le moustachu rougit, tandis que le jeune blêmit.

— Je suis désolé. Je pense que la surprise de vous retrouver vivante nous a fait perdre nos bonnes manières. Je suis le commissaire Collimont. C'est moi qui ai supervisé l'intervention de ce matin et qui vais vous interroger aujourd'hui.

Elle hocha la tête, puis pivota vers son homologue.

— Je m'appelle Éric Delorme, se présenta celui-ci.

— Vous n'avez pas de grade ?

— Je ne suis pas policier, mais enquêteur privé. J'apporte mon aide sur cette affaire en tant que consultant.

La jeune femme masqua son trouble de son mieux. Elle ne s'attendait pas à une telle information.

— Bien. Maintenant que vous savez qui nous sommes, nous aimerions que vous nous racontiez ce qu'il s'est passé ces dernières années. Cela fait quatre ans que vous êtes portée disparue et que votre famille vous cherche.

Alice déglutit. Le moment qu'elle redoutait tant était arrivé.

— Par où dois-je commencer ?

— Par le début ? suggéra l'enquêteur.

Une vie à réparer [Publié le 8 mars 2024]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant