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Il était six heures quand j'ouvris les yeux ce fameux samedi matin. Je pensais tellement à ce jour que j'eus du mal à dormir la veille. Je n'arrêtais pas d'imaginer des scénarios pour le magnifique film que j'allais non seulement produire mais aussi avoir la lourde tâche de jouer le rôle principal.

C'était la première fois que je prenais autant de temps pour peaufiner mon plan de drague. D'habitude j'y allais spontanément, sans trop réfléchir mais là il fallait vraiment que je me serve de mon cerveau car Grayce n'était pas comme les autres. C'était une pucelle timide, rien de surprenant mais en même temps elle dégageait quelque chose qui forçait le respect, c'était assez étrange. Néanmoins, tout ceci commençait à me plaire, j'aimais bien cette situation car ça faisait vraiment longtemps qu'une fille ne m'avait pas fait passer des nuits blanches.

Je sortis finalement de mon lit et me dirigeai vers la salle de bain. C'était avec un enthousiasme étrange que je descendis au premier étage plusieurs minutes plus tard. Mon père était reparti en voyage et donc je pouvais aller et venir comme je voulais sans avoir peur de le croiser dans un couloir. Comme d'habitude, je trouvai la table déjà faite et pour la première fois depuis longtemps, je m'assis pour déjeuner. Je ne me souvenais pas de la dernière fois que j'avais pris mon petit déjeuner ainsi mais ça me faisait réellement du bien.

C'était tellement inhabituel que Julie crut mal voir en sortant de la cuisine. Elle lâcha presque le vase qu'elle tenait entre les mains. J'étais assis en train de déjeuner comme n'importe qui mais c'était carrément un exploit à ses yeux. Elle avait le sourire jusqu'aux oreilles, ça aussi c'était inhabituel.

Je ne sortais jamais de la maison et donc je n'avais rien de bien à me mettre sur le dos. Heureusement, mon père avait dans son carnet d'adresse un excellent tailleur qui avait accepté de me faire faire quelques essayages à domicile. J'avais commandé une paire de chaussures très classe en ligne qui fut livrée la veille, sans oublier mon coiffeur personnel qui devait passer vers seize heures ce jour là. Ma journée s'annonçait très pleine et la soirée très excitante, tellement que j'avais presque hâte d'y être.

Je sortis quelques temps plus tard pour annoncer mes différentes visites à la sécurité. Entrer chez moi était aussi difficile qu'entrer chez un chef d'état. C'était une vraie forteresse qui s'étalait sur quelques hectares et était gardée vingt-quatre heures sur vingt-quatre par des hommes bien entraînés en costard. Personne ne pouvait entrer ou sortir sans autorisation et les visites devaient être communiquées au préalable. Je ne craignais rien avec une telle protection mais je n'étais tout de même pas sérein à l'intérieur et  bizarrement j'avais aussi peur de l'extérieur.

Quelques heures plus tard, le tailleur arriva bien chargé. Ce dernier avait ramené avec lui trois smokings qui m'allaient tous mais j'optai pour un smoking classique de couleur noir. C'était un trois pièces, à noeud papillon, très classe et le tailleur rajouta des boutons de manchettes en or qui allaient très bien avec le reste.

Quelques temps plus tard, j'étais dans ma chambre sur le point de prendre une douche avant l'arrivée de mon coiffeur quand je commençai soudainement à angoisser. Pendant quelques jours j'avais oublié qu'à cette soirée il y aurait de nombreuses personnes, exactement ce que je cherchais à éviter depuis toujours. J'appréhendais vraiment le fait d'être aussi entouré. À l'école j'avais pu m'habituer au monde, en parti grâce à quelques pilules, mais il me fallait être en possession de toutes mes facultés pour aborder Grayce ce soir là.

Ma respiration s'accélérait et je me mis à transpirer à grosses gouttes pourtant il ne faisait pas du tout chaud. J'allai sans tarder dans la salle de bain, j'ouvris un des tiroirs et sortis un sachet de ma blanche. J'observai le sachet sans rien faire pendant de longues secondes avant de le jeter où il était et de refermer le placard.

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