Chapitre 12

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Date de rédaction : 07/01/2023

— C'est inacceptable, entendis-je discrètement non loin de moi.

— Tu veux bien ravaler ton aigreur s'il te plait, j'ai pas envie de me coltiner Mr Ronchon pendant tout le long du trajet.

Finalement je l'aimais bien cette Hana, je nous trouvais sur la même longueur d'onde.

Affalée dans mon siège, mon regard se perdait tantôt sur la lime que je manipulais et tantôt à travers le hublot pour contempler la vaste étendue de mer qui s'ouvrait à nous. Nous avions embarqué de bonne heure depuis la station RAF de Northolt à l'ouest de Londres. Pour l'heure, nous quittions la Grande-Bretagne, et si je ne parvenais pas à tirer convenablement mon épingle du jeu d'ici les prochains jours, alors je ne tarderais pas à revenir à la case prison sans possibilité de négociation.

— Je serais surement de meilleure humeur si cette criminelle ne se trouvait pas ici, l'air de rien en train de se manucurer les ongles.

— J'entends tout, fis-je remarquer en soufflant sur mes doigts.

— Rien à foutre !

J'esquissais un sourire, entendre Calixte Wiles rouspéter avait le don de m'enthousiasmer.

— Si t'es pas content, j'ai cru voir un parachute près du cockpit, bon t'es pas obligé de le prendre, mais dans tous les cas tu peux sauter, ça nous fera des vacances.

Il se crispa de plus belle, mais Hana reprit le contrôle et apaisa les tensions.

— Ignore-la, tu n'as cas te reposer jusqu'à notre arrivée.

Bien vite, la meneuse de notre petit groupe provisoire quitta sa place pour me rejoindre. L'avion était étroit, nous nous trouvions loin du confort d'une première classe, et hormis notre présence, il n'y avait pas un seul passager, pas même une hôtesse.

— Pourquoi est-ce qu'il râle autant ? demandais-je en jetant un œil dans les fentes des sièges pour apercevoir la bête avachie quelques rangées plus loin, ses yeux étaient clos, mais il gardait les sourcils froncés.

Hana s'installa à mes côtés.

— Parce qu'il a assurément d'autres choses à faire plus importantes que de nous accompagner.

— Alors pourquoi ne retourne-t-il pas à ses affaires ?

À deux on s'en sortirait bien mieux, et je prendrais la poudre d'escampette plus vite.

— Parce qu'il ne peut pas, et puis les ordres sont les ordres.

Oui, les ordres, ceux de me tenir à l'œil, de ne pas m'offrir un instant de répit, jusqu'à ce que l'on ait retrouvé Falko et les documents. Officiellement, j'étais en détention. Officieusement, je me trouvais dans un avion en direction des Pays-Bas pour mettre la main sur ce petit con de Reis. Pour jouer le jeu, j'avais dû céder un certain nombre d'informations, assez pour les convaincre qu'ils ne pouvaient compter que sur moi et qu'il fallait que l'on se rende à La Haye. Je savais pertinemment que les chances de trouver Falko dans sa ville natale étaient faibles, je ne m'attendais d'ailleurs pas à le choper dans sa planque miteuse, mais j'espérais au moins trouver des indices qui me mettraient sur sa trace. Il ne restait rarement au même endroit plus de trois jours et nous avions perdu un temps précieux depuis mon arrestation. Mais, je ne menais pas mes deux assistants au pied d'un mur. Nous avions bien un intérêt à nous rendre là-bas, et pour l'instant, je préférais me montrer coopérative, juste assez pour qu'ils relâchent leur vigilance.

— Il serait temps de nous donner une adresse, tu ne crois pas ? reprit Hana pour rappeler mon engagement.

Des promesses, j'en avais concédé tout un tas au court de ces dernières heures. À présent, il me fallait y répondre.

La Voleuse aux Mains d'Or - Tome 1 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant