Chapitre 1 / Copain

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Gaspard traversa le long couloir principal de sa villa en courant comme un dératé, monta les escaliers et s'enferma dans sa grande chambre. Elle était en deux parties, la première en entrant était son lieu où il faisait ses devoirs. Son bureau, devant la fenêtre, était rangé et sa bibliothèque qui prenait tout le pan de mur sur sa droite était remplie de tout type de livre, surtout sur l'histoire des siens.

Il se dirigea sur sa gauche, vers la pièce où il dormait. Il ôta rapidement son jogging et prit un short et un T-shirt dans son armoire. Une fois vêtu à la hâte parce que le soleil commençait maintenant à réchauffer le paysage, il emporta ses vêtements sales dans la salle de bain et les jeta dans la panière à linge.

La maison était grande pour trois personnes, le rez-de-chaussée étant principalement pour des réceptions ou des diners de meutes, Gaspard trainait souvent à l'étage entre sa chambre, le bureau de son père ou la bibliothèque. Il descendit d'un pas pressé pour rejoindre la cuisine et s'arrêta devant le double frigo. Il avait soif, mais peu importait, il devait faire vite.

— Je croyais que tu n'avais pas faim ? le questionna le majordome, un sourcil haussé.

— Euh, oui, c'est vrai, mais est-ce qui reste du fondant au chocolat que j'ai fait avec toi, hier ?

— Évidemment, pour qui me prenez-vous, jeune maître ?

Gaspard lui lança un regard noir. Il détestait quand Olivier l'appelait comme ça. Le majordome n'était même pas encore majeur et le traitait trop souvent comme un adulte. Et même si Olivier ne cessait de lui rappeler que son apprentissage était de se comporter ainsi avec lui, ces mots le hérissaient chaque fois.

— Ne me regardez pas comme ça, jeune maître, vous savez que je ne peux pas changer mes habitudes uniquement pour vous. Votre mère en serait très déçue.

— Ne me parle pas d'elle ! Pas après m'avoir rejeté comme elle l'a fait devant la meute !

— Je vous prie de m'excuser, ce n'était pas mon intention. Je voulais dire « votre père ».

Gaspard ne restait pas longtemps en colère après Olivier. Il savait que son père l'avait pris sous son aile depuis que ses parents avaient été assassinés par des humains, un braquage qui avait mal tourné. Quant à sa mère, Olivier était un peu comme le fils qu'elle aurait voulu avoir. Elle le traitait mieux que lui, mais Gaspard n'était pas jaloux, parce que le majordome avait toujours su faire la part des choses et surtout, c'était le seul qui était gentil avec lui. Olivier l'était avec tout le monde, c'était un fait. Gaspard regrettait seulement que le jeune homme n'ait pas son âge. De plus, il ne souhaitait pas la mort de sa mère, malgré le fait qu'elle l'ait rejeté.

— Ce n'est pas grave, dit-il en balayant l'air d'un geste de la main.

— Je vous trouve plus rayonnant que ce matin ?

— Promis, je te raconterai tout à midi.

— Quoi ou qui que cela puisse être, cela me fait plaisir de voir vos yeux gris pétiller de vie.

Il bomba son torse à ses mots et lui offrit un sourire aussi large que son visage. Oui, il était heureux.

— Très bien, voilà le restant du... mais, que faites-vous ?

Gaspard venait de sortir une boite et de prendre la plus grosse part du fondant au chocolat.

— Je n'ai pas le temps, Olivier, je t'expliquerais tout à midi ! hurla-t-il en quittant la demeure pour rejoindre le sentier, le menant vers le lac.

***

Son nouvel ami lui avait offert un gâteau de chez lui et Gaspard, heureux comme jamais, avait voulu lui rendre la pareille. C'était son tout premier vrai ami alors il ne voulait pas le décevoir. Peu importait ce qu'était réellement Nao, parce que tendre la main comme il l'avait fait était bien plus que tout ce que les autres gamins n'auraient pas fait envers lui.

Le portailier - T1 [MM] [EXTRAIT]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant