Chapitre 3: Du caramel

21 1 1
                                    

Demain à 15h, j'ai rendez-vous au parc. Aujourd'hui la supérette où je travaille est fermée, donc je comptais dessiner mais je me suis rendu compte que mon cahier de dessins est déjà plein. Je prends 10€ et sors pour en acheter un nouveau.

  En passant dans la jungle, je remarque une ruelle sombre. D'habitude je ne fais pas attention à ça et passe mon chemin, mais là ça m'intrigue. Je m'engouffre dans ce passage étroit. De faibles gémissements me parviennent. Au bout, je suis surpris de trouver une petite boîte en carton contenant un chiot abandonné à lui-même et sur le point de mourir de faim. "Une fois mort, il ne souffrira plus. J'espère pour lui qu'il ne devra pas attendre très longtemps". En pensant ça je fais demi-tour. Je ne suis pas le seul avec la vie est impitoyable, mais lui au moins la mort le soulagera.

Je me dirige vers ma boutique habituelle, celle aux fournitures de dessin bon marché. Je choisis un cahier similaire à mon ancien. 7€, c'est cher, mais je l'achète quand même. La jungle m'exaspère, si seulement elle était vide! Soudain je remarque un mec qui essaye de me prendre en photo. Il est complètement taré celui-là!  Je me mets à courir. S' il croit que je vais le laisser me prendre en photo, il se fourre le doigt dans l'œil. Encore plus débile que les autres.

   Pas le choix, je suis contraint de retourner de nouveau dans cette ruelle miteuse. Le chiot est toujours là, visiblement pas prêt à rendre l'âme. "Ça ne sert à rien ce que tu fais abruti !". C'est alors que je m'accroupis pour le regarder de plus près. Le petit chien lève la tête; ses yeux sont vairons, un bleu, un marron. Pour la première fois depuis longtemps, je ressens quelque chose qui ressemble à de la pitié, ou peut-être même à de l'empathie.

  Je ramène le chiot chez moi (à mon grand étonnement) et décide de l'adopter (ça aussi ça me surprend). Bon au moins j'ai réussi à semer l'autre taré avec son appareil photo. Je monte dans ma chambre, saisit mon oreiller et dépose le chien dessus. Je ne m'y connais pas en animaux mais je connais quelqu'un qui pourrait m'aider. J'appel Fionna:

-"Salut." lui dis-je.

-"Salut Gab, pourquoi tu m'appelle ?"

-"J'ai besoin de ton aide, tu peux venir chez moi ?"

-"Ouais si tu veux. J'arrive."

Elle raccroche. C'est vrai que je l'appelle pas souvent, ça a dû la surprendre. Et je ne demande jamais d'aide non plus. "Dring" la porte sonne, je vais ouvrir:

-"Alors ? C'est pourquoi ?" demanda Fio

-"Suis moi le problème est dans ma chambre (il squatte mon oreiller)"

Elle retire ses chaussures et me suit dans l'escalier. J'entre je vois le chiot et fais une mine désespérée. Elle entre, elle voit le chiot et son visage s'illumine de bonheur mais aussi de tristesse quand elle remarque son piteux état. "Oh pauvre petit chou! J'imagine que tu ne sais pas t'occuper d'un chien ?" me demande-t-elle. Mais qu'est qu'elle croit, j'ai pas que ça à faire de ma vie. Je lui répond par la négative.

Fionna m'explique comment m'occuper du chien. Elle me parle de croquettes pour chiots, de litière, et même de jouets. Il faut le sortir régulièrement (ce qui ne m'arrange pas :/). Et puis, je dois surtout lui donner un nom. Peut être "Loevan junior" ça lui irait bien: il transpire la joie de vivre. "Gab,me dit Fio, il faut que tu choisisses bien son nom, c'est important!" Je ne comprends pas pourquoi. C'est un chien. Enfin bon je me dis quand même que je suis content de ne pas avoir un nom chelou (genre Vladimir, R.I.P Poutine). Je cherche un nom quand soudain une idée me vient. Le chiot a un pelage couleur caramel et je me souviens d'une marque de caramels supers bons: Ouzo. C'est chelou comme nom mais tant pis. "Fio, j'ai décidé de l'appeler Ouzo" déclarais-je.

  Fionna a éclaté de rire quand je lui ai expliqué pourquoi, mais elle a approuvé. Un sentiment rare a fleuri dans mon cœur: de la joie. Celle de voir mon amie rire aux éclats, cela faisait si longtemps! Sans m'en rendre compte, j'ai souri. Fio m'a vu et ça l'a rendue heureuse elle aussi.

  On reprend notre sérieux et Fio me propose d'aller acheter de la nourriture et des affaires pour le chien  avec son argent de poche. Comme elle ne s'en sert pas pour vivre car sa mère s'occupe d'elle, j'accepte sa proposition et décide que Ouzo lui appartiendra aussi. Il  aura bien besoin d'avoir  deux maîtres (vu ma capacité à m'occuper de lui).

  Elle rentre avec un sac plein de fournitures pour chien: des croquettes, un panier, des jouets et même un petit collier. On lave le chiot ensemble, lui donne à manger, et Fionna installe le panier près de mon bureau. Elle pose également une gamelle remplie de ces croquettes qui ont l'air franchement dégueulasses à côté du panier. Mon amie a même pensé à prendre un rdv chez le véto.

  Fio finit par rentrer chez elle, laissant derrière elle un chiot nettement plus confortable et heureux. Je m'assieds pour dîner (des pâtes, quoi d'autre ?) et je vois Ouzo s'installer dans son nouveau panier. Il semble satisfait, et à ce moment-là, je repense à mon amie. Demain, c'est son anniversaire, et grâce à toute cette histoire avec Ouzo, une idée de cadeau parfait me vient à l'esprit.

Le Sourire de la vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant