Chapitre 6: 19 septembre

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Aujourd'hui, on est le 19. C'est mon anniversaire, pourtant je ne considère pas ce jour comme spécial. Au contraire : c'est un des pires de mon existence.

***

Ce matin, j'ai emmené Ouzo au parc. Je déteste sortir, mais là, j'avais une bonne raison : essayer d'en savoir plus sur les origines de mon chien. Je suis sorti et l'ai laissé me guider. Comment peut-il connaître le chemin par cœur ? Je suis sûr qu'il s'y est déjà rendu, et souvent. Lorsqu'on est arrivé au parc, je l'ai détaché et l'ai laissé en liberté. Quelque chose m'intrigua : il ne semblait pas s'apercevoir qu'un écureuil grimpait sur l'arbre à sa droite. Lui qui d'habitude court derrière eux... Une idée terrible germa dans mon esprit : et s'il était aveugle d'un œil ? En y repensant, il y a eu beaucoup de moments où je l'ai surpris en m'approchant à sa droite. Peut-être que cela a un lien avec la couleur de son œil ? Le rendez-vous chez le vétérinaire est bientôt, pas la peine de s'inquiéter maintenant. En attendant, toujours aucun signe de la présence de "Casper". C'est comme dans le proverbe : "Si tu fuis, on te suit ; si tu suis, on te fuit". Je le cherche mais je ne le trouve pas. Ça vaut peut-être mieux... Je vais rentrer.

***

Sur le chemin du retour, je me replonge dans mes pensées, fidèle à mes habitudes. Je préfère ne pas réfléchir au problème d'Ouzo avant son rendez-vous. Mon esprit divague jusqu'au sujet le plus sensible pour moi : les autres. Par les autres, je parle de tous les êtres humains qui me jugent et qui me rejettent chaque jour. Pourquoi croire que ma différence leur est nocive, alors que personne en ce monde n'est pareil ? On entend souvent dire : "Nous sommes tous différents" ou "Le fait d'être unique est une force". Ha, ha, ha... hilarant. C'est plus un fardeau qu'autre chose. Il y a des moments comme ça où je me sens perdu. Je ne sais plus quoi penser, je ne sais plus quoi faire. Comme lorsque l'on s'ennuie, mais sans s'ennuyer pour autant. C'est étrange.

***

Arrivé chez moi, je sens qu'il y a quelque chose qui cloche. Tout est éteint, pas de chauffage, pas de vie. Oui, malgré qu'on soit en septembre, il fait froid. Mais le plus étrange, c'est : pourquoi mon père n'est-il pas rentré ? Soudain, le téléphone fixe sonne. Je décroche (action que j'ai plus tard regrettée) :

-"Bonjour, monsieur. Nous vous appelons au sujet de votre père," déclara une voix grave.

-"Qui êtes-vous ?" demandai-je, inquiet.

- "C'est l'hôpital."

Le Sourire de la vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant