Chapitre 4: Peur

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Ce matin, je dois préparer le cadeau de Fio. L'idée que j'ai eu hier soir est une peinture de Ouzo en train de dormir. La connaissant, je suis sûre qu'elle va adorer. Bon, petit problème, il me faut une toile. J'ai des pinceaux et de la peinture, mais pas de toile, et je ne vais pas faire ça sur un vulgaire papier. Et oui, en art, je suis très exigeant. Il faut dire que c'est une de mes raisons de vivre, donc... Bref, on s'en fout. Bon, pas le choix, je vais devoir affronter la jungle pour me rendre à la boutique spécialisée en toiles de peinture. Ça coûte cher là-bas mais tant pis. Je sors et commence à marcher. La boutique n'est pas très loin de chez moi, je devrais y être en 15 minutes.

J'arrive devant le magasin, mes sens en alerte. C'est étrange, j'ai le sentiment d'être observé. Je me retourne rapidement, mais rien—la rue est déserte. Je secoue la tête, peut-être que je suis simplement paranoïaque. J'entre dans la boutique et choisis ma toile avec la concentration d'un maître-artiste. Une toile de 25x35 attire mon attention: c'est exactement ce que je cherchais. Content de mon achat, je me dirige vers chez moi, mais à nouveau, j'ai cette sensation envahissante que quelqu'un me suit. La tension monte d'un cran.

Je me rue chez moi, et je vais directement à la fenêtre. Une silhouette sombre, le visage dissimulé sous une capuche, erre devant l'immeuble. Je viens de commettre une grave erreur, cette personne sait maintenant où j'habite.

Je décide de faire abstraction de cette étrange présence, au moins pour l'instant. Je monte dans ma chambre, déballe la toile et prépare mes pinceaux. Alors que les couleurs prennent vie sous mes mains, je me perds dans le processus, oubliant momentanément le mystère qui pèse sur moi. Quelques heures plus tard, je suis fier du résultat. Ouzo dort paisiblement sur la toile. Mon tableau est sec, j'ai signé, j'ai mis la date, et j'ai même pensé à écrire «Happy Birthday !». Je l'emballe soigneusement et jette un coup d'œil à l'horloge. Il est 14h30, je pense que je vais emmener Ouzo. Ça fera plaisir à Fio, et il pourra rencontrer Loe. Le parc n'est pas très loin (tant mieux) je prends donc mon temps. Comme elle est intelligente, Fionna a même pensé à acheter une laisse pour Ouzo. Heureusement. La promenade jusqu'au parc est une tache ardue; Ouzo semble connaître le chemin, courant à gauche et à droite avec enthousiasme.

J'arrive au parc, il n'est que 14h47, mes amis ne sont toujours pas là. Je prends Ouzo dans mes bras et vais m'asseoir sur un banc. Quelques minutes plus tard, Ouzo commence à grogner. Cette sensation familière me revient; nous ne sommes pas seuls. Il y a quelque chose derrière nous. Je n'ose pas me retourner. Qui est-ce ? Le type de ce matin ?

C'est alors que mes amis arrivent. Comme par magie, la sensation disparaît et Ouzo se calme. "Écoutez, il s'est passé quelque chose d'étrange aujourd'hui,". Nous quittons le parc et nous nous installons dans un café. Je commence à leur expliquer les événements de la journée. Leurs visages se crispent à mon histoire. "Un fanatique, peut-être ?" suggère Loevan "Ou un harceleur ?". Je fronce les sourcils, pourquoi donc quelqu'un s'intéresserait à moi ? Ma vie est déjà assez pourrie pour qu'un crétin me veuille quelque chose.

Pour ne pas gâcher l'anniv de Fio, je décide de ne plus parler de ça. Je rassure mes amis et leur promets de les informer de toutes les apparitions de cette présence. On lui a donné le nom de code, Casper, parce qu'il est comme un fantôme. Bref, on souhaite un joyeux anniversaire à Fio et on lui offre nos cadeaux. Ses yeux s'illuminent en découvrant la peinture, et je sais que j'ai fait le bon choix. Elle est heureuse, on l'est aussi.

Le Sourire de la vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant