Chapitre 5: Entre souvenirs et douleur

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-Flashback-

  "Il y a très longtemps,une ancienne mythologie oubliée racontait l'histoire d'un dieu puissant, qui tirait son pouvoir de ses yeux. Ces derniers avaient la particularité d'être de couleurs différentes: l'un marron et l'autre vert. Ils symbolisaient la vie et la mort. Le vert profond de l'œil droit rappelait la richesse et la vivacité de la nature, et le marron clair et brillant de l'œil gauche faisait allusion à l'aridité des terres desséchées. Depuis que cette histoire est connue des Hommes, ceux ayant le malheur de naître avec ces attributs, sont convoités et persécutés."

- "Maman ? Est-ce que j'aurais des pouvoirs moi aussi ?" demanda un petit garçon aux yeux rayonnants de bonheur et de naïveté.

- "Non mon chéri, mais tu n'en as pas besoin, parfois le bonheur se trouve dans la pauvreté."

- "C'est quoi la pauvreté ? C'est quand on a pas d'argent ? Mais les gens sans argent sont tristes non ?" questionna l'enfant.

- "L'argent ne résout pas tous les problèmes... Mais ne t'inquiète pas, la seule chose dont tu as besoin c'est de l'amour. Les gens qui ne sont pas aimés sont bien plus tristes que ceux qui sont pauvres mais bien entourés."

- "Mais maman, dans ton histoire y'a un truc qui me fait peur !"

- "Qu'est-ce qui te fait peur ?"

- "Les gens vont me faire du mal ? Ils vont me rejeter à cause de mes yeux ?" s'inquiéta le petit aux yeux vairons.

- "Ne t'en fais pas, tant que je suis là personne ne pourra te faire du mal. Et même le jour où je ne serai plus en mesure de te protéger, tu seras assez fort pour surmonter les épreuves de la vie. Elle nous teste pour savoir si on est fort, ou faible."

- "Tu ne resteras pas avec moi pour toujours ?"

- "Si ne t'inquiète pas..."


-Retour dans le présent-

"Bip-bip, bip-bip" *soupir intérieur* Toujours là pour me faire ch*** ce truc ! Je suis particulièrement irrité aujourd'hui. C'est la rentrée. Je ne veux pas mais j'ai pas le choix. J'imagine que Fionna n'est pas très emballée non plus. Loevan, le seul qui n'a aucun problème avec cet enfer sur terre, nous traîne joyeusement là bas. Endroit qui pourrait bien devenir ma tombe. Je n'ai même pas mangé ce matin tellement ce bahut me coupe l'appétit.

***

La matinée s'écoule sans trop de problèmes, mis à part certains coups de pieds dans les tibias par les brutes à qui j'ai apparemment manqué. Mais maintenant, c'est le moment de l'épreuve du midi: le réfectoire.

Quand j'entre dans cette salle, c'est comme si j'étais entouré de mouches bigleuses qui me fixent intensément. Chaque pièce où j'entre c'est la même chose: ils se taisent comme pour me faire croire que je suis tout seul. Un silence qui en dit bien plus que s'il me parlaient. Un silence qui m'indique que je ne suis pas le bienvenu. Je pense bien que ce silence est leur meilleure arme. Les regards sont plus que dérangeant, je lis à travers leurs yeux ce qu'ils pensent de moi. Après de longues minutes qui me semblent durer des années, l'attention n'est plus vers moi. Comme si je n'existais pas. Le pire c'est que cette scène se déroule tous les jours.

Avec mes deux amis on s'assoit comme si de rien était à la table la plus isolée possible et le repas a toujours ce même goût amer, qui ne vient pas de la nourriture mais de l'ambiance.

En classe ça va, les gens font plus attention à leurs actes pour éviter de se faire choper par un prof, même si ça m'étonnerais qu'ils agissent. Dans certains établissements, le personnel enseignant est très à cheval sur le fait que harceler est grave. Mais ici c'est peine perdue. Loe a plusieurs fois tenté de balancer mes harceleurs en vain: personne n'irai croire trois élèves alors que le reste des gens disent le contraire. Cela leur paraît insensé, mais à mes yeux c'est leur comportement qui l'est.

Je suis sorti de mes pensées par une boulette de papier qui m'arrive dans la tête. Je ne prends même pas la peine de chercher l'agresseur, ni de lire le message haineux qui est certainement écrit à l'intérieur.

***

Dès que la sonnerie de fin de journée à retentie, j'ai rapidement dit au revoir à Fio et Loe et aie fui cet horrible bâtiment en sachant bien que c'était peine perdue car j'y retournerai contre mon gré.

Chez moi je peux enfin me permettre de me retirer dans ma tête sans craindre une agression extérieure. Je les déteste, ils me donnent envie de vomir. Une foule pour moi, n'est pas composée de personnes. C'est une masse sombre et bruyante. Trop bruyante. Je préfère ne pas en parler à Fio et Loe, ils n'ont pas besoin de souffrir plus à cause de moi. Enfin bon... au fil du temps je m'y habitue. Ça ne me fait plus rien. Je ne me sens ni bien, ni mal. En soi c'est agréable.

Il y a bien une peur, qui ne me quitte pas. C'est... le vide. La place qu'a laissé ma mère en partant. Rien que d'y penser c'est dur. Cette chose, je la hais. Ce mot fait résonner les battements de mon cœur dans ma tête, c'est le moment où cette peur passe de mon inconscient à mon conscient. Une traversée douloureuse. Vie et v*de, cette ressemblance: quel heureux hasard...

Le Sourire de la vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant