Les Cadenas de mon Cœur

Prologue

"L'amour peut être le plus beau des rêves, mais aussi le pire des cauchemars."

- William Shakespeare

HOPE

1 an plus tôt

   La peur serre mon cœur, une angoisse dévorante me submerge alors que j'attends ses prochaines paroles. Nous avons partagé deux années d'amour, mais ces derniers temps, il s'est éloigné, devenant violent, assailli par une colère sombre. Mon cœur bat à la chamade d'inquiétude, redoutant le verdict de cette nuit fatidique. Les questions tournent en boucle dans ma tête, j'interroge mes actions, je me demande s'il ressent encore de l'amour pour moi. La terreur m'envahit, la peur qu'il décide de tout abandonner prend le dessus. Mon amour pour lui est d'une ampleur démesurée, au-delà de toute imagination. Il était autrefois l'incarnation de la perfection, attentionné, d'une beauté à couper le souffle avec ses yeux ténébreux et ses cheveux blonds cendrés. Cependant, quelque chose s'est brisé en lui, il n'est plus l'homme que j'ai aimé, il est devenu un monstre qui hante mes nuits.

Je suis désormais convaincue que c'est la fin. Plus tôt dans la journée, il m'a donné rendez-vous dans une petite ruelle près de chez moi pour une discussion cruciale. Des semaines de fuite et de rejet ont épuisé toutes mes forces. L'angoisse m'envahit, je refuse de voir notre relation prendre fin. Il est la seule personne qui puisse faire naître ce sourire que je dissimulais. Peut-être trouvera-t-il en lui la force de s'excuser après ces jours d'incertitude, ou bien, c'est peut-être la dernière fois que je contemplerai son visage. Rien qu'à l'idée de cette rupture, la douleur m'envahit profondément.

Son arrivée est imminente, je le sens dans mon être. J'ai consacré des heures à me préparer, m'efforçant d'incarner la séduction absolue, dans l'espoir de le faire reconsidérer sa décision, de lui montrer ce qu'il pourrait perdre. Bien que je ne reflète pas l'image que je me suis faite, mes émotions sont bien dissimulées derrière un visage impassible. J'ai revêtu la robe noire moulante qu'il m'a offerte à nos six mois de relation, mes cheveux roux ont été soigneusement lissés, il les apprécie ainsi. Je sors de chez moi, ferme la porte à double tour, ma respiration s'accélère, et je me dirige vers notre lieu de rendez-vous, le cœur écrasant ma poitrine.

Arrivée sur place, je l'attends adossée au mur, scrutant chaque coin de rue dans l'espoir d'apercevoir sa silhouette familière. Mes pensées rôdent, hésitant entre l'homme tendre et attentionné qu'il était autrefois et l'individu glacial et dénué de cœur qu'il est devenu. La panique me submerge en silence, dissimulant soigneusement la douleur qui me déchire de l'intérieur. Mon visage reste glacial, ne laissant rien transparaître. Mes pensées se noient dans les images douloureuses qui hantent mon esprit. Je me résous à sortir mon téléphone, tentant de fuir ces sentiments en naviguant sur les réseaux sociaux, mais tout ce que je vois, ce sont des couples parfaits, vivant des vies parfaites, un bonheur que je ne connaîtrai peut-être jamais. La nausée monte en moi.

Je relève la tête et l'aperçois. Son regard est vide, ses cheveux en désordre, son sourire a disparu. La colère l'habite, c'est évident. Une aura de danger émane de lui, et une impulsion de fuite me traverse. Je décide de courir, de fuir le plus rapidement possible dans cette ruelle, bien que la douleur dans mes pieds causée par mes talons et le vent contraire qui s'oppose à ma fuite ne facilitent pas la tâche. Je prie silencieusement pour que la ruelle ne soit pas une impasse, mais ma malchance habituelle est fidèle au rendez-vous. C'est bel et bien un cul-de-sac.

Tremblante de peur, je me retourne pour faire face à cet homme. Son corps m'est familier, mais son visage est transformé en une expression sereine, marquée par la souffrance. Je perçois le danger en lui. Mon dos rencontre le mur, et il avance lentement vers moi. Ma respiration se bloque, la terreur m'envahit. Mon estomac est noué par l'angoisse, la douleur est insoutenable.

Il se tient en face de moi, silencieux, un sourire terrifiant aux lèvres. Son aura est écrasante, me clouant au sol. Soudain, il lève la main, saisit mes cheveux, les tire violemment, et une rage incontrôlable s'empare de lui. Il m'insulte, me fait des reproches. La peur m'envahit, mes yeux se remplissent de larmes, mes oreilles bourdonnent, et je crains de m'évanouir à tout instant.

J'essaie de parler, de trouver les mots, mais aucun son ne franchit mes lèvres. Les larmes inondent mon visage, rompant la fragile barrière que j'avais créée. Je le regarde, son visage marqué par la haine, alors qu'il me projette brutalement contre le mur. Il approche son visage du mien et susurre d'un ton froid à mon oreille :

– Tu ne m'apportes rien, mon argent me suffit largement.

Il ricane, et une douleur déchirante m'envahit, la douleur de la trahison. Cependant, cette peine est bien plus profonde et douloureuse. Il frappe violemment mon ventre, agrippe mes poignets, et continue à hurler :

– Tu me dégoûtes, Hope, je n'aurais jamais voulu te connaître. J'aurais été bien plus heureux sans toi.

Après ces mots qui résonnent dans ma tête, il tourne les talons et me laisse pour morte. Mon corps tremble de douleur, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.

Il m'a brisée, c'est le diable incarné.

Je reste figée, incapable du moindre mouvement, les larmes coulant sans retenue, comme si une partie de moi s'était volatilisée avec lui.

Après une interminable demi-heure, je rassemble toutes mes forces pour me redresser. La douleur est partout, mais ce n'est pas seulement physique. La douleur mentale m'accable, me plongeant dans un abîme de désespoir. L'homme à qui j'avais tout donné, mon corps, mon âme, et mon cœur, vient de tout arracher sans pitié. La souffrance est au-delà de toute description. Avec une détermination désespérée, j'essaie de marcher de façon aussi naturelle que possible, espérant que les passants ne remarquent pas mes blessures ainsi que les cicatrices invisibles qui marquent mon être.

En regagnant l'appartement, je découvre Holly, ma meilleure amie et ma colocataire de longue date. Elle me repère immédiatement, blessée et vulnérable, et se précipite vers moi, inquiète, cherchant à comprendre qui a pu me causer de telles blessures. Sans un mot, elle m'entraîne dans la salle de bain et entreprend de soigner chacune de mes plaies avec tendresse. Soudain, elle s'interrompt et demande d'une voix tremblante, mais pleine d'une colère contenue :

– C'est Zack, n'est-ce pas ? Il a encore levé la main sur toi, ce fils de chien !

J'acquiesce doucement, incapable de prononcer un mot, encore sous le choc de ce qui vient de se produire. Holly se calme progressivement, assurant qu'elle prendra soin de toutes mes blessures. Je lui suis infiniment reconnaissante pour sa gentillesse, car dans cet instant d'obscurité et de douleur, sa présence aimante est une bouée de sauvetage qui m'empêche de sombrer totalement. Elle panse mes blessures physiques avec soin, et cela représente bien plus qu'un simple acte de guérison. C'est une lueur d'espoir dans cette nuit noire de désespoir. Mais malgré toute la sollicitude de Holly, il y a une blessure qu'elle ne pourra jamais réellement apaiser, celle de mon cœur, meurtri et brisé.

Cette blessure émotionnelle est profonde, ancrée en moi de manière indélébile. Elle est la cicatrice d'une trahison, d'une douleur immense, et d'une confiance brisée. Même si Holly fait tout ce qui est en son pouvoir pour me soutenir, cette blessure émotionnelle va au-delà des soins physiques. Elle est une douleur qui me hantera, une marque invisible de la souffrance que j'ai endurée.