Chapitre 1

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"L'alcool dégrise. Après quelques gorgées de cognac, je ne pense plus à toi"

- Marguerite Yourcenar

HOPE

     
   Le souffle du vent m'apaise, il me touche d'une manière si rassurante, comme s'il embrassait chaque morceau de ma chair. La tête relevée, les paupières closes, je sens les pigments du soleil sur mon visage. Je ressens la nature m'accueillir, elle est si bienveillante. Elle est la seule qui ne me rejette pas dans ces moments de désespoir, ces jours de solitude. Je la remercie en caressant ses fleurs du bout de mes doigts, en admirant le paysage qu'elle nous offre tant qu'il n'est pas détruit par l'être humain, en respirant l'oxygène qu'elle nous fournit, en écoutant les oiseaux nichés dans les arbres, et en goûtant à sa magie, celle de la beauté et de la sécurité.

C'est ma définition de la vie.

La vie, de la naissance jusqu'à la mort, est une bénédiction. Nous ne sommes pas éternels, et il y a une raison à cela. Elle est si courte, mais elle nous oblige à découvrir nos sens, nos passions et nos peurs. Pendant les années qui nous sont accordées, nous devons grandir, aimer, souffrir, survivre et affronter pour vivre. Seul le passage du temps nous pousse à réfléchir sur la question de pourquoi nous sommes ici et pas ailleurs. C'est la souffrance qui nous fait évoluer, nous pousse à agir pour apprendre de nos erreurs et devenir la personne que nous souhaitons être, et non celle que les autres veulent que nous soyons. Et c'est l'amour qui nous enseigne à aimer, mais aussi à détester. Une balance se met en place, et nos choix se traduiront par des échecs ou des réussites. Il nous appartient de faire les bons choix en acceptant la vie telle qu'elle nous est destinée.

Malheureusement, cette vision de la vie, à mes yeux, n'est pas approuvée par beaucoup. Certains la trouveront trop difficile, épuisante, voire dangereuse, et ils abandonneront, sombrant dans la désillusion. D'autres la jugeront trop ennuyeuse, désagréable, et agiront inconsciemment sans prendre la peine de réfléchir. Un petit pourcentage l'acceptera, supportant à la fois leurs bons et leurs mauvais choix, et s'engageant dans les épreuves. Ils sauteront, tomberont, grimperont, chuteront, courront, glisseront, marcheront, voleront. Les récompenses demandent du temps, mais cela démontre qu'il ne faut pas prendre sans donner et qu'il ne faut pas se précipiter sans exprimer sa gratitude.

Je fais des efforts. Mais ils ne sont pas suffisants.

Mon cœur a failli s'éteindre volontairement plusieurs fois, mais s'il bat toujours, il y a une raison, il y en a toujours une. Je ne sais pas laquelle est la mienne, mais je suis déterminée à la chercher et à la trouver. Même si je suis constamment déçue, déchirée et dévorée par ces âmes démoniaques, je persiste. Certes, la douleur est insupportable. Elle est intense et cruelle, mais elle est aussi transformatrice. Elle nous rend plus forts, résistants et courageux. Tout peut être perçu positivement, même si derrière toutes ces belles images promises, se cachent les ténèbres les plus sombres que l'on puisse imaginer.

Je le sais, car je suis en train de les affronter en ce moment même.

J'ouvre les paupières, sortant de mes pensées, baisse la tête et fixe d'un regard vide le chemin interminable que je dois traverser. Je porte mes mains à mon cou, prends mon casque afin de le poser sur mes oreilles. Je sors mon téléphone de la poche arrière de mon pantalon et parcours mes playlists jusqu'à trouver une musique émouvante. Une mélodie qui me fera oublier les soucis du quotidien, qui me transportera dans un monde émerveillé de couleurs éclatantes. Un endroit où je serai acceptée pour la personne que je suis, peu importe mon passé, ma douleur et ma vulnérabilité.

Je marche tout en rêvassant. Je ne vois pas les minutes s'écouler, et je suis déjà arrivée dans mon lieu paisible, caché des regards extérieurs. Je pose mon sac sur le vieux banc en bois et m'assois. J'inhale une bouffée d'air frais, les mains agrippées au bois, et j'admire les pétales de magnolia s'envoler autour de moi, les graines des pissenlits se dissiper dans la nature, l'herbe se déplacer à la vitesse du vent, et l'eau emporter avec elle des vies. J'ouvre mon sac noir et sors une nappe blanche colorée de roses que je pose sur le sol. J'ôte ensuite mon livre et le dépose. Je m'allonge sur le tissu et contemple le ciel couvert de nuages gris. La luminosité du climat est faible, laissant le soleil se dissimuler derrière les arbres. Je m'empare du livre, sens les pages neuves défiler sur le bout de mon nez, et commence à plonger dans ma lecture.

Les Cadenas de mon CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant