Les Cadenas de mon Cœur

Chapitre 7

"La crainte me prêta des ailes pour fuir."

- Alain-René Lesage

HOLLY

   
    Pourquoi a-t-elle dû être là pour voir cette faute que j'ai commise ? Je voudrais tellement disparaître à cet instant précis. Pourquoi le destin a-t-il choisi de la placer juste à ce moment-là ? J'ai une appréhension insurmontable à l'idée qu'elle puisse être horrifiée par mes actes, qu'elle soit accablée de déception, voire pire, qu'elle ressente de la haine à mon égard et qu'elle décide de m'éviter. Elle est ma confidente, ma meilleure amie, et la simple idée de la perdre me terrifie. Cette angoisse s'insinue partout en moi, elle s'installe, me tourmente, et je me sens dévoré par l'appréhension de la déception qu'elle pourrait ressentir envers moi, une déception que je redoute plus que tout.

Je cours à toute vitesse, me précipitant tellement que je finis par me retrouver dans d'obscures ruelles désertes, totalement inconnues pour moi. À un certain moment, je m'immobilise, essoufflé, et j'observe attentivement les environs. Je prends conscience que je suis désorienté et que j'ai besoin de me ressaisir. Je décide donc de ralentir mon rythme tout en scrutant à la recherche d'un endroit familier que je pourrais identifier.

Je ne fais que marcher sans m'arrêter jusqu'à ce que j'aperçoive une enseigne qui me semble familière. Au-dessus des fenêtres, on peut lire « Stone Photographe ». Le studio photo d'Elly a ses rideaux fermés, mais je décide tout de même d'essayer d'entrer, espérant qu'il soit là pour m'aider. La porte est ouverte, et je décide d'y pénétrer. Je scrute toute la salle, mais je n'y vois personne. Soudain, j'entends quelqu'un descendre l'escalier : c'est Elly, appareil photo en main, un casque sur les oreilles et le torse nu. Il lève brusquement la tête vers la porte d'entrée et croise mon regard. Paniqué, je commence à rougir en voyant son torse dénudé et décide de me retourner subitement. J'entends qu'il se rapproche de moi et il me demande :

- Holly, qu'est-ce que tu fais ici ? Tu as besoin de quelque chose ?

Soudainement désemparée à la vue de son corps, je le pousse légèrement et réplique :

- Mais, tu n'as aucune pudeur ! Pourquoi tu te promènes à moitié nu ainsi ? Tu n'es pas sérieux. Imagine si quelqu'un s'introduit dans ton studio, tu ne pourrais rien faire.

- Euh, eh bien, c'est déjà le cas. Tu viens de t'introduire dans mon studio, remarque-t-il avec ironie.

Je me retourne pour le fixer dans les yeux, sentant ma gêne transparaître sur mon visage. Il se met à rire. J'admire son sourire, à la fois beau et charmant. Puis soudain, je réalise ce à quoi je viens de penser. Pourquoi ai-je eu cette pensée étrange ? C'est incroyablement déconcertant. Ensuite, son regard descend lentement vers mon bras, encore enveloppé dans le tissu, le sang qui le traverse étant la seule indication de la blessure. Il avance précipitamment pour se tenir devant moi, laissant son expression remplie d'inquiétude transparaître. D'une main délicate, il saisit mon bras blessé et commence à dérouler précautionneusement la serviette. La tension monte en moi alors que j'appréhende sa réaction, craignant qu'il soit lui aussi dégoûté de mes blessures ou qu'il ne veuille plus me voir.

Les larmes commencent à s'accumuler dans mes yeux lorsque son visage se remplit d'émotion. Il découvre mon avant-bras, teinté d'une nuance pourpre due au sang séché. Soudain, il se lève d'un mouvement vif, me serre dans ses bras, m'enveloppant dans une étreinte chaleureuse et réconfortante. Puis, il me relâche doucement, me regardant avec une expression compatissante, et il prononce d'une voix rassurante, toujours empreinte d'inquiétude :

- Holly, je ne sais pas pourquoi tu as fait ça, et je ne sais pas si tu veux m'en parler, mais tu dois savoir que je suis là pour toi. Se débattre en solitaire en se blessant ne mène nulle part.