Chapitre 5

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"Mon sourire habituel, que j'utilise pour camoufler mes pleurs et mes cris, ne parvient même plus à apparaître."

- Shakespeare

HOLLY

  
   Quatre jours se sont écoulés, une période durant laquelle j'ai réfléchi à tout ce qui s'est passé. Malgré ma tentative de défense envers mes parents, leurs mots restent quand même gravés dans ma mémoire. Les marques de plus en plus visibles sur mon corps témoignent de la profondeur insupportable de ma souffrance. J'hésite à en parler à Hope, craignant de la perturber et redoutant ses critiques ou le risque qu'elle se détache de moi. Pourtant, la douleur est d'une intensité insoutenable.

Les souvenirs des douches brûlantes qui rougissent ma peau, la transformant de neige en rouge sang, et de ces nombreuses nuits où l'insomnie m'a guidé jusqu'à la salle de bain, où une lame de rasoir a tracé ces marques douloureuses, qui me font pleurer à chaque fois que je les aperçois. La douleur est accablante. Je souhaite ardemment que cette souffrance déchirante dans ma poitrine cesse, afin que je puisse réellement offrir des sourires authentiques et de la vraie joie aux personnes que j'aime.

Malgré tout, la peur m'envahit. Je voudrais tellement leur faire comprendre que j'ai peur de leur abandon, de leur colère, de leur pitié, et de les déranger avec ma douleur qui me semble insignifiante. Je rêverais de crier ma souffrance de toutes mes forces, de leur expliquer que chaque matin, il m'est difficile de me lever, que chaque soir, des milliers de larmes coulent sur mes joues, et que la douleur dans ma poitrine me brûle jusqu'à me donner l'envie de m'arracher le cœur. Mon sourire habituel, que j'utilise pour camoufler mes pleurs et mes cris, ne parvient même plus à apparaître.Les traces délicatement dessinées sur mon corps reflètent la douleur de ma noyade interminable dans l'obscurité de mes pensées. Les coups de lames font apparaître des coulées de cette liqueur couleur vermeil, provoquant à la fois des pleurs abondants et un soulagement.

Certains jours, mes émotions ont été tellement intenses par le passé que toute sensation actuelle reste captive, étouffée par une souffrance si accablante que mes mots s'évaporent, que même les larmes refusent de se manifester, que l'envie de crier me brûle la gorge.

Cependant, je m'efforce de faire réapparaître mon sourire habituel pour rassurer mes proches. Cette impression de ne servir à rien, de ne pas être utile aux autres, m'accable. J'ai l'impression de ne pas parvenir à aider les personnes que j'aime, de les enfoncer davantage, ce qui me détruit. J'espère sincèrement qu'un jour je pourrai devenir la personne qui soutient mes proches, qui les aide à se relever, voire celle qui les porte quand tout s'effondre dans leur vie.

Et lorsque les souvenirs ne reviennent pas, je me mets à réfléchir à la meilleure façon d'aider Elly et de le remercier. Il m'a aidé à avancer, à continuer, et à garder la tête haute malgré ses mots gravés dans mon esprit.

Quatre jours ont suivi ma rébellion contre ma famille, et j'ai décidé de me rendre au studio photo d'Elly pour trouver un moyen de le remercier pour son aide. À mon arrivée, je l'ai vu assis devant la table, les bras croisés et la tête enfouie dans ses bras, laissant échapper quelques larmes. C'était surprenant, car d'habitude, il est tellement joyeux et essaie constamment de faire l'idiot pour faire rire.

Lorsque je pénètre dans le studio, mes pas font légèrement plus de bruit que prévu, ce qui le fait lever la tête précipitamment et essuyer ses larmes. Elly m'accueille d'un petit bonjour faible, accompagné d'un sourire qui sonne faux. Je m'installe à ses côtés, le regarde et essaye de capter son attention.

— Elly, tu sais, je ne suis pas idiote. Je vois bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas.

Il baisse la tête et ne répond pas, alors je continue :

Les Cadenas de mon CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant