Draco
Ma gorge sèche me brûle, mon souffle est douloureux et je sens mes genoux qui tremblent. Ils ne tiendront plus très longtemps, et c'est une très mauvaise nouvelle, car les Détraqueurs ne me laisseront pas me reposer. J'ai purgé ma peine, mais passer deux mois à Azkaban vous emplit d'une négativité si forte qu'ils n'y résistent pas. Serrant toujours plus fort les dents, luttant contre la douleur de mes cicatrices et la faiblesse grandissante qui me menace, j'essaie d'accélérer. Pour gravir la montée que se dresse devant moi, je vais avoir besoin d'élan. Mais malgré ma volonté, qui est loin d'être faible au vu de la terreur que j'éprouve à l'idée que ces foutus créatures me mettent à nouveau la main dessus, et, à peine rendu au tiers de la montée, mon genou droit me lâche et je m'écroule. Je lutte, mais je n'arrive pas à me relever, et je sens que je commence à glisser. Je lutte, mais je n'arrive qu'à relever le buste et perdant l'équilibre, je ne glisse plus, je dévale la pente en heurtant les arbustes, les pierres et les racines de cette maudite forêt. Déjà couverts de plaies qui ne s'arrête de saigner, je sens pourtant de nouvelles déchirures dans ma chair à vif. La terre et les saletés pénètrent et me piques en se collant dans les coupures béantes qui me recouvrent. Au loin, j'entends les Détraqueurs. Leur hurlements me glace le sang, mon cœur s'affole et je commence à hyperventiler.
Enfin arrivé au bas de la colline, je suis stoppé par une énorme rocher. La violence du choc expulse l'air de mes poumons, la douleur partant de mes côtes me paralyse. La vue brouillée et les tympans sifflant, j'essaie désespérément de respirer, dans le vain espoir de repartir. Mais je n'ai toujours pas réussi à inspirer que je sens leur froideur glaciale me recouvrir. Une demi-seconde plus tard, des souvenirs et des peurs remontent du tréfond de mon esprit pour m'accabler.
L'éternel déception de mon père à mon regard, l'amour un peu distant et strict de ma mère, qui m'a toujours blessé, l'horrible sensation de rejet qui m'a envahit quand, en première année, Harry Potter, celui dont je voulais terriblement l'amitié, m'a méchamment refuser sa sympathie. A cette époque, je ne pensais pas que Crabbe et Goyle était des vrais amis. Je ne l'ai réalisé que trop tard. Alors quand Potter, de son ton le plus acide, m'a rejeté, j'ai eu mal et je lui en ai voulu au point de le harceler pendant des années. J'écoutais religieusement mon père et je voulais qu'il soit fier de moi, donc j'avais parfaitement en tête son mantra favori : "Les Malfoy sont supérieurs. On ne refuse rien à un Malfoy et un Malfoy ne plie devant personne". J'ai mis trois ans avant d'entamer la phase ou tout enfant commence à réfléchir par soi-même et remettre un peu en question ce qu'on lui apprend. Mon père a immédiatement senti ces doutes, et il a fait en sorte que je n'ose jamais me détourner des ses paroles, usant de mon besoin pathétique de validation paternel. Il m'a écrasé, comme le Malfoy qu'il est et qu'il voulait que je sois. Et ma mère, bien que présente pour me réconforter, ne s'oppose jamais vraiment à son mari et est, dans le fond, plutôt d'accord avec lui. Ils ont tous les deux fait peser sur moi le poids de leurs attentes. J'ai toujours, dans le fond, que je n'arriverais jamais à les satisfaire, mais je voulais tellement les rendre fiers de moi, avoir enfin droit au câlins et aux sourires chaleureux auxquels avait droit les autres enfants, que je me suis enfermé dans le déni. Ça a été ma plus grande erreur, celle qui m'a menée à la perte de tout ce qui m'étais cher.
Comme toujours, je vois défiler l'entièreté de ma vie, car celle-ci n'a été que souffrance. Même mes rares - très rare - moments heureux sont entachés. Les moments où j'arrivais à lâcher un peu la bride et mon homophobie pour laisser Harry m'aimer un peu ? J'étais terrifié et dégouté de moi-même et des envies qu'il m'inspirait. Notre premier baiser, quand enfin j'ai eu ce que je n'avais pas réaliser vouloir désespérément ? Je n'en ai pas profité et , alors même que c'est moi qui l'avait initié, je lui ai mis un coup de poing assez violent pour le projeter au sol, en plus de le traiter de tous les noms, pour finir avec une menace de mort s'il racontait quoique ce soit. Le pire, c'est que j'étais sérieux. Je me savais capable de le tuer pour ça, car mon propre père m'aurait tué pour avoir embrassé un garçon, surtout si c'était Potter.
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Pour l'interdit {Drarry}
FanfictionDeux mois après ma confrontation avec Voldemort, je suis en bonne santé, et en sécurité. Pourtant, je me sens vide et je ne trouve plus d'intérêts à rien. Je me suis isolé, car je n'arrive pas à pardonner à mes deux meilleurs amis leurs manigances...