Douloureuse liberté

56 2 0
                                    

- Non, Ron, dis-je platement, vous me manquez, mais j'ai besoin d'espace. J'appellerais de temps en temps.

La voix triste de mon meilleur ami me répondit faiblement. Le téléphone toujours collé à l'oreille, sans plus écouter un mot, je repensais aux évènements de ces derniers mois. 

Voldemort s'exclamait, fière et victorieux. Persuadé que j'étais mort grâce à madame Malfoy. Si Malfoy était mort, m'aurait -elle dénoncé ? Mais il ne l'es pas, à ma grande joie, et la survie de son fils, ainsi que son bonheur, compte plus que tout pour elle. Affalé dans les bras d'Hagrid, faisant le mort, j'attendais le bon moment pour attaquer. Trop de personnes étaient déjà mortes.

- Draco, rejoint nous !

Je me crispais légèrement, pris par surprise. Pourquoi, d'ailleurs ? Je savais très bien que les Malfoy étaient une famille de Mangemorts, et que le fils, même s'il ne voulait pas en être un, ne résistait pas à ses parents. Jamais. Ces dernières semaines, il avait été évident pour tout le monde, malgré ses efforts, qu'il était en détresse. Il n'a pas réussi à tuer Dumbledore, il ne m'a pas dénoncer lors de la chasse à l'homme, bien qu'il m'ait reconnu. C'est peut être un connard mais au fond, il reste un enfant élever dans la méchanceté. 

- Draco.

La voix de son père me hérisse, toujours si plate, si méprisante, intense. Il est terrifiant de s'opposer à lui, car il est froid comme la glace. Les décombres et le gravier crissent, et j'entends, sans pouvoir le voir ni m'interposer, le garçon que j'aime follement rejoindre l'ennemi. Un ennemi qui me veut, moi, complétement et définitivement mort. Je m'y attendais, et pourtant la brûlure de la trahison me heurte de plein fouet. Comment personne ne peut-il voir que je souffre comme si l'on me plongeait dans de l'acide ?

- C'est bien, mon fils.

J'imagine que c'est tout ce à quoi il aura le droit de la part de ses parents. Soudain, tout s'accélère. Neville s'excite et j'entends un crissement que je connais. A moi aussi, le Choixpeau à prêter une épée, il y a quelques années.

Je ne peux pas le laisser faire ça, il va se tuer ! Du coude, je me repousse du corps d'Hagrid et atterrit maladroitement, m'écorchant. Des yeux, je cherche tout de suite Malfoy. Son regard abasourdit rencontre le mien et presque immédiatement, il s'élance dans ma direction, hurlant mon nom de famille. Pourquoi ? Il avait choisi son camp, non ? Alors pourquoi sembler si bouleversé ?

- Harry ?

Je revenais au présent brusquement, avec l'impression désagréable d'avoir été secoué et arraché à quelque chose, sans savoir quoi. Ca faisait sept mois, maintenant. Il était temps de passer à autre chose, de surmonter le traumatisme et les blessures de la guerre et de la mort.

- Pardon, tu disais ? je repris la conversation, le ton désabusé, complétement indifférent. J'étais vide.

- Je te demandais si tu voudrais venir voir la nouvelle maison, un de ces quatre ? J'y ai ma propre chambre et ma mère en a prévue une pour toi. Et une autre encore pour Hermione.

J'avais envie de lui dire que non, je ne viendrais pas visiter. Que sa mère n'aura jamais l'occasion de m'ouvrir fièrement la porte de la chambre qu'elle m'offrait pour me faire la surprise, et que je n'étais pas sûr de le revoir, ni Hermione. Je les adorais tout en les détestant, désespérant tout en espérant ne jamais les côtoyer. 

- Ecoute, je n'y arrive pas. Vous m'avez menti, vous lui avez menti. Je peux pas vous voir et rigoler avec vous comme si de rien n'était. Je le croyais en sécurité et lui me croit mort ! Et je n'ai aucun foutu moyen de lui apprendre que c'est faux !

Pour l'interdit {Drarry}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant