17 : Fin du Martyre

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Le cours de Mme Lin s'est terminé. Je suis dans le bus, pour retrouver mon chez moi. Cette maison si confortable et horrible.

Je ne parle plus avec Tiffany et Jennifer, donc je peux écouter ma musique tranquillement. Sola fait la même chose que moi, alors nous ne parlons pas.

Avec mon casque, je n'entends pas les autres. Je ne sais pas s'ils parlent encore sur moi ou s'ils ont enfin décidé de changer de sujet.

Le bus s'arrête à l'arrêt de Sola (elle a découvert un arrêt plus proche de chez elle et y descend soir). Elle prend ses affaires, me sourit et descend. Depuis la fenêtre, je la vois me faire des signes de la main. Je lui réponds, un sourire aux lèvres.

Le bus repart et le paysage défile sous mes yeux.

Je ne veux pas rentrer chez moi.

Le bus arrive à mon arrêt. Comme Sola juste avant, je récupère mes affaires et descends.

Au lieu de me diriger vers chez moi, mes pieds me guident vers l'air de jeu du village.

J'allume mon téléphone et appelle ma mère. Je lui dis que je mange chez Sola ce soir, et que je rentrerai à pieds.

Lorsque j'arrive dans le parc, je pose mes affaires par terre et je m'assois sur une balançoire.

Je ne sais pas quoi faire.

***

J'entends l'église sonner vingt coups. Je suis toujours dehors, et j'ai froid.

Je suis toujours assise sur la balançoire de l'air de jeu de mon village. Je suis seule. Les garçons qui ont l'habitude de joué au foot dans le petit stade d'à côté sont partis depuis au moins une heure.

Il fait nuit, mais c'est ce que j'aime.

J'ai laissé mon téléphone allumer uniquement pour continuer d'écouter de la musique. Comment voulez-vous que je vive sans ça ? Je ne peux juste pas. Sans la musique, je n'ai plus aucune raison de vivre.

Les lampadaires à côté de moi sont allumés. Je sens une goutte tombée sur ma tête. Il commence à pleuvoir.

Je sais que je vais bientôt recevoir un message de ma mère me disant de rentrer vite avant que le déluge ne commence. Mais j'aime la pluie. Son odeur est réconfortante et je trouve que la pluie est magnifique.

Je sens les gouttes tombées de plus en plus vite sur ma tête.

Je relève mon visage vers le ciel pour les sentir sur ma peau. Je sens les gouttes marteler mon visage. Marteler la raison de mon mal-être. Marteler mes imperfections. Marteler ce que je suis. Marteler ce que je ne pourrai jamais changer.

Mais ce n'est pas ma faute si je suis comme je suis. Si je ne leur plais pas, ce n'est pas mon problème. Je n'ai pas choisi mon corps. Je peux choisir les actions que je fais, ce que je dis. Mais mon corps, je ne peux pas le changer aussi facilement. Si je ne leur plais pas, qu'est-ce que ça peut me faire ? C'est mon corps, pas le leur. Pourquoi m'insultent-ils sur mon physique ? Personne n'est parfait. Nous sommes différents. Ils le sont aussi. Ils ne me font du mal que parce qu'ils ne veulent pas être la victime. Pour ne pas être victime, il faut être agresseur. Ils ont choisi leur place. Je n'ai pas choisi la mienne.

Rien de tout cela n'est ma faute. Ce n'est pas à moi d'abandonner. Je dois rester forte. Je ne partirai pas. Je resterai en vie. Je terminerai mes années de lycée, plus forte que jamais. Puis, je vivrai comme bon me semble.

Oui, je vais vivre. Je vais vivre.

Alors que je profite de la pluie, j'entends leur voix. Non... Pas eux. Pas maintenant.

Je les entends ricaner. J'entends la voix de Tiffany et de Jennifer se démarquer des autres.

Je me retourne et je les vois tous. Ils sont nombreux. Peut-être même qu'il y a toute ma classe. Je ne sais pas.

Tiffany attrape mes cheveux et les tire. Je perds mon équilibre et tombe de la balançoire. Ils rient. Pas moi. J'ai envie de pleurer. Pourquoi suis-je restée aussi longtemps dehors ?

Je vois leur ombre s'approcher de moi. Je suis à terre. Je ne pourrai pas me défendre, peu importe ce qu'ils font.

- Pourquoi t'as menti à la prof ? me demande un mec en attrapant mes cheveux pour soulever ma tête.

Je le regarde. Je sais qu'ils peuvent tous voir la peur dans mes yeux.

Je ne lui réponds pas. Ça ne servirait à rien de parler, de s'expliquer. Ils n'en ont rien à faire.

Le garçon lâche mes cheveux et ma tête retombe violemment contre le sol.

- Puisqu'elle refuse de parler... Allons-y.

J'ai peur. Terriblement peur. Je ne sais pas ce qu'ils vont me faire. M'insulter ? Me frapper ? Me violer comme Axel ?

Je n'ai pas le temps de penser plus. Tous ensembles, ils se mettent à me donner des coups. Des coups violent. Dans le visage, la poitrine, le ventre. Partout.

J'ai tellement mal que je ne sens plus mon corps. Je ferme les yeux pour ne plus les voir. Je sais qu'ils sont heureux. Je peux entendre leur rire.

Leur coups sont violent et j'entends des fois mes os craquer. Ils me brisent les os. Ils me détruisent mentalement et physiquement.

Je n'arrive plus à respirer. Je cherche l'air. Je n'y arrive pas. Je ne peux plus respirer.

J'ai l'impression de m'endormir. Ça fait mal, mais je m'endors.

Je ne sens plus leurs coups. Je ne sens plus rien.

Je dors. Je me suis endormie. Endormie pour toujours. Ils ont eu ce qu'ils voulaient. Ils ont réussi.

Je voulais vivre, mais c'est trop tard.

Fin

Sleepless Night, Dark ThoughtsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant