Sleepless Night, Dark Thoughts

12 : Trop de pensées

La nuit tombe. Ma fenêtre est ouverte, même si le vent qui s'engouffre dans ma chambre est glacé. J'aime sentir le vent sur ma peau, même s'il me donne froid.

Si ma mère entre dans ma chambre, je me ferai tuée. Elle m'engueulerait en me disant qu'il faut seulement 5°C et que je vais chopper un rhume. Mais être malade ne me dérange pas.

J'ai déjà mangé. Enfin, l'heure de manger est déjà passée. Je suis descendue pour tenir compagnie à mes parents même si je n'ai rien avaler de tout le repas. Mon estomac est bien trop nouer pour que je puisse avaler quelque chose.

Il est vingt-deux heures et je suis censée dormir. Je suis fatiguée mais je n'y arrive pas. Mes parents dorment déjà et je le sais. Je peux entendre mon père ronfler depuis ma chambre.

Je repense à tout ce qui s'est passé depuis que je connais Tiffany. Ils ont commencé à m'harceler, elle et tous les étudiants du lycée depuis la seconde. Toujours des insultes à répétition. Des menaces, des fois. De la violence de temps-en-temps. Et puis, ce qu'il s'est passé aujourd'hui avec Axel. Ça, ça dépasse tout ce que j'imaginais qui pourrait m'arriver. Je pensais qu'on me menacerait avec un couteau ou quelques que choses comme ça. Je n'aurai jamais pensé qu'un mec du lycée pourrait me faire ça.

Si les autres étudiants apprennent ce qu'il m'a fait, je ne sais pas s'ils vont le rejeter pour m'avoir touché car je suis dégueulasse – d'après ce qu'ils disent – ou s'ils vont l'applaudir parce que c'est tellement cool de violer une femme ! C'est tellement incroyable, héroïque !

Personnellement, je pense qu'ils l'applaudiront.

Oui, je sais. C'est dégueulasse. Mais c'est la mentalité de mon lycée. Ils ne veulent que mon mal. Un étudiant pourrait leur dire qu'il m'a assassiné, ils l'applaudiraient sans avoir peur de lui.

Si mes parents savaient ce qu'il se passait au lycée...

Il ne faut pas qu'ils sachent. Je me débrouille. Je vais gérer. Je peux y arriver. Ça fait déjà deux ans que je vis ça, je peux encore tenir quelques mois avant d'avoir fini mes années de lycée. Je sais que je peux le faire. Je vais le faire. Je ne vais pas lâcher. Jamais. Je suis forte.

Ils peuvent me faire tout ce qu'ils veulent, j'arriverai à me relever. J'en suis sûre.

En suis-je vraiment sûre ? Est-ce que je ne suis pas en train de me mentir à moi-même ?

Non. Je peux le faire ! Je peux le faire... Peut-être.

Et si tout s'arrêtait, maintenant ? Si je leur donnais ce qu'ils veulent depuis deux ans.

Mourir...

Non. Il ne faut pas. Je ne peux pas. Que penserait ma famille ? Ils ne savent rien... Ils penseraient sûrement que c'est de leur faute. Ce n'est pas le cas.

Je ne ferai pas ça. Pour leur bien à eux, je ne le ferai pas.

Mais moi alors ? Et moi, dans tout ça ?

Je comprends enfin ce que voulais dire mon ancienne meilleure amie quand elle disait que je pensais trop aux autres et pas assez à moi. Elle avait raison. Elle a toujours raison. Elle aurait été tellement fière de moi si elle n'avait pas déménagé et si on se connaissait encore. Elle m'aurait soutenu, aider. Elle me manque. Oui, elle me manque.

Je ne pensais pas que j'aurai autant besoin d'elle.

J'étais tellement absorbée par mes pensées, que je ne me suis pas rendu compte que ma musique s'est coupée.

Je rallume mon téléphone et relance ma playlist. Rises the Moon de Liana Flores commence. Cette chanson est tellement calme.

Pendant deux heures – au moins – j'écoute de la musique au lieu de dormir. Comment pourrai-je réussir à dormir après cette journée ? Impossible.

Je viens seulement d'y pensé mais, demain, je retournerai au lycée. Je reverrai Axel et tous les autres.

Je commence à avoir mal au ventre et à avoir l'impression de ne plus pouvoir respirer.

Et c'est reparti pour une crise de panique... Youpi...