Chapitre 1.2 : Bienvenue A Sandlander

8 1 0
                                    

Une fois dehors, il se rendit compte de l’ambiance pesante qui régnait dans la petite boulangerie. Jamais il n’avait vu autant de peur dans le regard de quelqu’un. Il n’aurait jamais pensé provoquer un tel remue-ménage dans la vie des habitants de Sandlander.

Il termina son chemin devant la Mairie de la ville. Un immeuble comme les autres. À l’exception d’un petit panneau en or inscrivant le nom du Maire.

« Maire Alfred Deleter Cassey »

Pas très anglais comme nom. Mais cela ne voulait rien dire.
Henri hésita à ouvrir la porte. Il ne voulait pas que la même situation se reproduise. Ce petit aperçu de la ville n’indiquait rien de bon, et il ne savait plus s’il avait vraiment fait le bon choix en venant ici.

Avant qu’il n’ait le temps de réfléchir plus longtemps, la porte en bois s’ouvrit sur un grand homme, dans la fleur de l’âge, bien trop musclé pour un simple représentant de l’état.
Un sourire amical sous une moustache parfaitement taillée, accueilli le jeune Henri.

- Bonjour ! Vous devez être le professeur Fevreuille ?
- Dr de Fabreuille, c’est bien moi, oui. Répondit Henri, toujours impressionné par la carrure de l’homme en face de lui.

L’homme paraissait charmant. Rien à lui reprocher. Même sa tenue était excellement bien taillée, et neuve.

Le maire invita Henri à entrer dans son bureau. Très sommaire, avec un simple bureau en chêne et des bibliothèques remplies de dossier triés par ordre alphabétique.

Ils prirent chacun place dans un fauteuil en cuir bordeaux autour du bureau, et une femme entra dans la pièce. C’était comme si elle attendait au pas de la porte. Tout était parfaitement millimétré.

On lui servit une tasse de thé, et quelques pâtisseries, sûrement préparées par la boulangère de tout à l’heure. Henri se surpris à lâcher un petit sourire en coin. C’était la première fois depuis son arrivée en Angleterre qu’on lui faisait cette petite cérémonie typique du pays. Un vrai rêve pour le jeune homme qui souhaitait depuis plusieurs années découvrir les contrés sauvages de cette partie du globe.

- Puis-je connaître la raison de ce sourire ? Demanda Cassey.

Il n’était pas en colère, plutôt amusé. On le remarquait à ses petites ridules aux coins de ses doux yeux bleu. Les mêmes que la boulangère. Tout était donc contrôlé par ici ?

- Votre hospitalité. Elle a souvent été comptée par le monde, mais la voir en réalité est quelque chose de très jouissif.

- Eh bien j’espère que vous vous y accommoderez, car je n’ai pas l’intention que votre séjour ici devienne une mauvaise expérience pour vous.

Il sentait la fumée. Pas la cigarette comme beaucoup d’hommes de nos jours, mais la fumée.
Comme si l’on avait fait brûler un immense feu pendant des heures.
Henri ne l’avait même pas remarqué en arrivant, mais désormais, cela lui sautait au nez. À la limite du désagréable. Le jeune médecin se demanda d’où pouvait provenir cette odeur. A la vue de ses mains soignées, on ne pouvait pas penser qu’il puisse travailler avec du bois ou du feu.

Les deux hommes continuèrent leur discussion en échangeant de simples politesses. Mais Henri voulait en arriver au plus vite aux faits. Il venait de passer plusieurs heures de train, suivit d’autres heures de calèche avant d’arriver ici. Il avait donc bien l’attention de se reposer avant de commencer sa mission pour laquelle on l’avait convié.

- A propos de ma venue, commença-t-il, je voudrais pouvoir vous poser quelques questions.

Le visage du Maire se referma. Pas par peur, ni par colère. Mais une angoisse qui en aurait fait friser sa belle moustache.
Il recula son fauteuil et ouvrit le premier tiroir sur sa droite. Il en sortit une pile de papier et la déposa délicatement sur la table.
Sa main s’appuya fermement sur les documents et il prit quelques instants de réflexion avant de choisir attentivement ses mots.

- Tout ce qu’il y a à savoir est là-dedans. Des années d’écrits, mais rien de précis. Vous allez devoir vous débrouiller avec cela malheureusement.

Henri ne voulait pas poser plus de questions. Son hôte paraissait vouloir en finir au plus vite avec cette histoire. Il se leva et tenta de prendre les documents. Mais la main ferme et douce de Cassey se referma sur son poignet.

- Une dernière chose, ne parlez pas aux habitants de vos recherches. Je ne voudrais pas les inquiéter. Dit-il sur un ton grave.

Henri répondit d’un simple hochement de tête. Il ne voulait pas défier cet homme en lui demandant pourquoi. S’il devait jouer au plus viril des deux, il savait très bien qu’il n’aurait aucune chance face au Maire Cassey.

Le jeune homme ne prit pas la peine de terminer sa tasse de thé. Il savait qu’il devait partir au plus vite de ce bureau. Son hôte n’était clairement plus dans un état convenable pour entamer une nouvelle conversation.

Il prit son manteau, et son sac de voyage, avant de saluer d’une poignée de main le maire.

Une fois ressortit du bureau, il resta quelques instants dans la rue, à observer les citadins, trop effrayé pour le regarder dans les yeux. Qu’avait-il à cacher, pourquoi diable étaient-ils aussi effrayés d’un inconnu ?
Ce rendez-vous avec le Maire ne l’avait pas laissé indifférent. Quelque chose chez cet homme était étrange. On y était attiré, comme par la sucrosité du miel, mais on risquait de s’y faire piquer à s’approcher de trop près.
Il faudrait en savoir un peu plus sur cet homme au plus vite. Il avait quelque chose à cacher.

Bienvenue à SandlanderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant