Une fois arrivé dehors, Henri put enfin respirer. Il n'avait pas eu de l'air frais depuis hier soir, et jamais cela ne lui avait autant manqué.
Le froid lui gelait les poumons, mais peu-importe. Il avait besoin d'oxygène.
Les habitants, vaquant à leurs occupations respectives, n'arrêtaient pas de le dévisager, mais ils n'affichaient aucunes émotions dans leurs regards. Leurs yeux étaient simplement posés sur le jeune docteur.
Peut-être en faisait-il trop avec son manteau, ses gants et son costume sortit tout droit du tailleur. Mais Henri savait qu'il y avait autre chose. On ne le regardait pas avec admiration, ou jalousie, mais plutôt comme une proie que l'on s'apprêtait à tirer. Henri sentait que quelque chose lui voulait du mal. Quelqu'un l'avait-il pris en chasse ? Non, impossible, le jeune homme paniquait. Il venait d'arriver hier dans la soirée, impossible que quelqu'un puisse lui vouloir du mal alors qu'il n'avait encore rien fait. Il fallait se ressaisir. Rester concentrer, et ne pas montrer de faiblesse.
Henri décida que pour commencer, il irait parler au Maire Cassey. Il ne savait pas réellement ce qu'on attendait de lui, il avait donc besoin de discuter avec la seule personne qui accepterait d'échanger avec lui. Même s'il risquait de se retrouver face à un mur.
Il traversa la rue jusqu'à la mairie, puis toqua. La femme qui lui avait servi une tasse de thé hier lui ouvrit. Elle lui indiqua d'entrer, sans plus de mots, et l'accompagna dans le bureau du maire.
Cassey était plongé dans de la paperasse. Il ne prêta pas plus d'attention à Henri, qui entra silencieusement dans le bureau.
Après quelques secondes qui parurent une éternité pour Henri. Le maire releva la tête et afficha un sourire satisfait.
- Prenez place je vous en prie, commença Cassey en indiquant le siège en cuir.
Henri enleva son manteau, s'assit et pris quelques instants de réflexions. Il fallait qu'il choisisse ses mots au mieux. S'il voulait des réponses, il allait devoir la jouer comme aux échecs. Une bonne stratégie était nécessaire.
- Écoutez, je suis ravi d'être ici, accueilli par votre charmante ville, mais je vous avoue ne pas savoir ce que je fais ici. Je suis médecin, pas enquêteur.
Cassey observa attentivement son invité. Les mêmes yeux bleus, le mêmes regard profond et mystérieux.
- Docteur de Fabreuille, vous savez tout comme moi que vous n'êtes pas un simple médecin. Votre passé nous montre tout le contraire. Je pense que vous êtes parfaitement à votre place ici.
De quoi voulait-il parler ? Henri n'y comprenait rien. Il avait beau chercher dans sa mémoire, rien ne lui venait.
- Je ne comprends pas, répondit Henri.
Le maire soupira. Il regarda quelques instants dans le vide, mine de réfléchir, et continua.
- Nous avons besoin d'un médecin pour examiner les corps.
Henri paniqua, mais ne laissa rien paraître. Il était hors de question qu'il touche à un mort. Il avait d'ailleurs refusé cette tâche à l'école de médecine, prétextant qu'il était impossible pour lui de dépouiller un cadavre de ses restes.
- Je ne pratique pas ce genre de médecine. Dit Henri.
- J'en suis navré. L'État cherche des explications sur ces histoire docteur, et il ne leur a pas été aisé de trouver un médecin acceptant de venir jusqu'ici. Voilà pourquoi ils se sont tournés vers les français. Je crois que vous n'avez été engagé dans aucuns cabinet dans votre pays, c'est la raison qui vous a poussé à accepter cette mission.
Le jeune médecin était répugné. On l'avait incité à venir ici, fouiller des morts, simplement parce qu'il n'avait pas trouvé de travail. Il se retrouvait à faire le sale boulot qu'aucuns médecins n'avaient daigné de faire avant lui.
Mais il n'avait pas le choix. Il devait ramener la somme d'argent à ses parents. Ou il risquait de les faire finir à la rue.
- Très bien, mais en quoi examiner des morts avancerait à quelque chose ? Demanda Henri, désespéré par la situation.
- Vous avez été décrit par vos professeurs comme particulièrement intelligent. Je suis certain que votre collaboration apportera de nouveaux éléments à cette enquête.
Il était trop tard pour refuser. Henri avait fait le voyage jusqu'ici. Alors il allait terminer la mission, et rentrer chez lui au plus vite. Dix jours serait bien trop. Il se laissa trois jours maximums pour y arriver. Il quitterait ensuite cet endroit pour toujours.
En quittant le bureau du maire, ce dernier lui refila un petit morceau de papier. Il indiquait une adresse, celle où les corps étaient entreposés.
Le temps était compté. Trois jours, et pas un de plus, se promis Henri. Trois jours à tenir et cet enfer serait terminé
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Bienvenue à Sandlander
KorkuLe docteur Henri de Fabreuille, nouvellement diplômé, reçoit une lettre de convocation pour une mission exceptionnelle. Perdue au milieu des terres Anglaise, la petite ville de Sandlander attend paisiblement l'arrivée d'une âme égarée. C'est pourta...