Au matin, Henri eu du mal à se réveiller. Il avait l'impression d'avoir pris un somnifère tant son sommeil avait été lourd.
Son estomac lui faisait mal, et ses intestins se tordaient dans tous les sens. Il était en train de tomber malade. Sûrement rien de grave, mais il espérait pouvoir mener sa mission à bien malgré son état.
Aux alentours des huit heures, on toqua à la porte. Henri pensa à madame Anderson qui venait sûrement lui apporter son petit-déjeuner. Mais lorsqu'il ouvrit la porte, personne. Sauf parterre, une lettre indiquant le nom du jeune homme. Il se baissa, ramassa la lettre et referma la porte derrière lui.
Henri ne voulait pas ouvrir cette lettre. Quelque chose lui disait qu'elle n'allait rien lui apporter de bon. Il décida de la cacher sous son oreiller et d'y revenir plus tard si son avis changeait.
Le docteur s'habilla chaudement, la nuit avait été rude, et il se rendit compte que cette région était encore plus glaciale que le reste de l'Angleterre qu'il avait sommairement visitée.
Ses doigts étaient glacés, ses pieds, froids comme en plein hiver 1940. La Guerre battait son plein, les réserves étaient rationnées, personnes ne chauffait plus sa maison. Il se souvenait de l'atroce sensation du froid glacial qui se répandait dans les cœurs des français, terrifiés par les horreurs se rapprochant de leur terre.
Il mit donc des gants en cuir doublé avec de la fourrure, et enfila une seconde paire de chaussettes en espérant que cela suffirait pour qu'il tienne la journée.
Puis, il descendit un étage, et s'arrêta devant la porte des Anderson. Il était neuf heures, et aucun repas ne lui avait été envoyé. Il se permit donc de demander à Madame Anderson si cette dernière n'avait pas malencontreusement oublié Henri.
Il toqua, et attendit quelques minutes. Lorsqu'il entendit la clé tourner dans la serrure, il se redressa et afficha son plus beau sourire afin de paraître aimable. Il ne voulait pas faire mauvaise impression.
- Que voulez-vous ? Demanda sèchement la femme en passant la moitié de son visage dans l'entrebâillement de la porte.
Des yeux bleus. Les mêmes que ceux du Maire, de la boulangère et de monsieur Anderson. Une profondeur dans cette couleur n'était pas commune, elle était hypnotisante, dérangeante. Il avait l'impression qu'elle pourrait lire dans l'âme de n'importe qui. Cette femme avait vu des choses, Henri en aurait mis sa main à couper.
- Excusez-moi, répondit Henri, votre époux m'a dit que vous alliez m'envoyer de la nourriture, malheureusement, je dois partir de l'appartement pour commencer mon travail, est-ce vous auriez quelque chose à me mettre sous la dent avant que je ne m'en aille ?
La femme parût hésiter. Elle affichait un air macabre. Ses longs doigts fins et crochus, tenaient fermement la porte, comme si elle avait peur qu'Henri force le passage.
Elle le dévisagea de haut en bas, sans dire un mot.
Puis, soudainement, afficha un large sourire. Amical, et presque réconfortant. Mais Henri n'était pas dupe. Elle cachait sa vraie personnalité. Un mystère de plus à élucider.
- Entrez, je vous en prie, dit-elle en s'écartant pour laisser au docteur la place d'entrer dans l'appartement.
Tout était parfaitement rangé. Madame Anderson ne devait pas rigoler avec le ménage et le rangement. Les meubles, en bois massif, étaient tous en parfait état, comme neuf.
Madame Anderson indiqua, sur la droite, une petite cuisine. Elle était sommaire, mais tout le nécessaire y était. Une petite table ronde, encerclée de quatre chaises en bois dominait au centre de la pièce.
La femme installa une assiette et des couverts et servit une part de tarte aux pommes bien généreuse au docteur. Elle accompagna cela d'une bonne tasse de café noir. Il s'attendait à du thé, et en aucun cas du sucré pour le petit-déjeuner. Les anglais avaient cette habitude de manger un repas salé et plutôt conséquent. Mais Henri n'osa pas faire de commentaires.
Il s'assit et commença son repas. La femme resta dans son dos. Elle l'observait, attentivement. Henri avait l'impression d'être examiné au microscope, un malaise s'installa.
- Vous ne vous joignez pas à moi ? Demanda-t-il, espérant qu'elle arrête cela rapidement.
- J'ai déjà mangé. Ne vous en faites pas pour moi. Dit-elle affichant toujours ce sourire faux sur le visage.
Cette situation donnait le vertige à Henri. Il avait l'impression d'arriver tout droit en enfer. Il fallait qu'il parte, au plus vite.
Il se hâta de terminer son repas, et remercia la femme.
- Passez une excellente journée docteur.
Sa voix paraissait si mielleuse, et si fausse à la fois. Cette femme avait quelque chose d'inquiétant, Henri se promit de ne plus jamais remettre les pieds ici, quitte à devoir partir le ventre vide.
VOUS LISEZ
Bienvenue à Sandlander
HorreurLe docteur Henri de Fabreuille, nouvellement diplômé, reçoit une lettre de convocation pour une mission exceptionnelle. Perdue au milieu des terres Anglaise, la petite ville de Sandlander attend paisiblement l'arrivée d'une âme égarée. C'est pourta...