"Prends-moi ici..." commença la louve.
"Tu es sûre de toi ?" s'inquiéta le jeune Nar', en déglutissant discrètement.
"Laisse-moi faire... Tu vas adorer", affirma-t-elle.
Une fraction de seconde plus tard, 113 heurtait violemment le pont du navire. La clef de bras qu'elle lui infligea était destinée à lui montrer comment faire, mais son exécution était bien trop rapide pour que le garçon ne retienne quoi que ce soit.
"Tu as compris ?" demanda-t-elle en l'aidant à se relever. "Tu dois être plus souple sur tes appuis."
Il n'était pas sûr de bien avoir saisi mais acquiesça tout de même pour ne pas servir de mannequin plus que nécessaire. Même si être collé à elle ne lui déplaisait pas, il faut bien l'avouer. Ils étaient malheureusement les seuls à avoir gardé leurs amures, le vent faisant voler la capuche de 113 et Ni'iterci la préférant de toute façon, son col encore une fois ouvert faisant rêver le jeune Nar'. Les deux autres avaient entreposé leur tenu dans leurs cabines pour que l'air marin ne les abîme pas.
"Allez, fini de rigoler", déclara Keryll. "Passons à l'épée maintenant."
Ni'iterci alla s'asseoir à l'ombre du mat à côté de Brena qui se prélassait au soleil. Sa tante était bien plus pédagogue que Ni'i et montrer lentement avec des mouvements clairs ce qu'elle expliquait. En quelques semaines, il avait appris les bases du corps à corps et du maniement de l'épée, n'ayant rien d'autre à faire à bord. Brena se chargeait de son entraînement physique. Même s'il avait une musculature certaine, elle n'était pas équilibrée et certains de ses muscles ne travaillaient pas correctement. Au bout d'un certain temps, des douleurs qu'il avait appris à supporter se volatilisèrent, preuve que l'entraînement portait ses fruits même si Brena ne faisait que le réprimander et lui rajouter des exercices supplémentaires à chaque fois. Évidemment, il n'égalait aucune d'entre-elles. Depuis leur plus jeune âge, elles étaient entraînées à se battre et à réfléchir comme les plus grands généraux de ce monde pour certaines. Ce n'était pas en quelques semaines voir quelques mois qu'il allait s'en approcher.
Le trajet devait durer cinq mois. Le bateau était un immense galion de la marine Betorienne racheté par l'Or d'Ivancar. Un bateau de trois étages pour plus de trois cents canons. Un mastodonte marin que rien ne pouvait arrêter une fois lancé. Le pavillon qui l'ornait était celui des Sœurs de la Guerre mais les voiles portaient le grand sigle des marchands, une rose des vents dorée. Une quarantaine de membres d'équipage, comprenant les matelots et les Sœurs chargées de sa protection, se partageaient un grand compartiment du navire. Les quatre compagnons avaient été placés dans des cabines normalement réservées aux invités près de celles des marchands. Ils étaient escortés par trois frégates de guerre, Nar' également, qui prenaient respectivement la tête, le flanc tribord et le flanc bâbord du navire.
Le calme ne dura pas ad vitam aeternam, car à mi-chemin ils atteignirent le Maelstrom. Une immense perturbation météorologique placée sur tout le long du Couloir Naufrageur avec tout autour de lui un cyclone gigantesque. C'était à cause de LUI que cet endroit s'appelait le "Couloir Naufrageur". Énormément de navires disparaissaient lors de sa traversée. Il serait même plus juste de dire que très peu de navires en ressortaient.
"On va le traverser ?" demanda Brena.
"Tu as peur de te mouiller ?" se moqua Ni'i.
Brena grogna en la poussant amicalement. La capitaine du navire descendit près d'eux.
"Mesdames. Monsieur... Vous devriez aller vous mettre à l'abri dans vos cabines. La traversée risque d'être mouvementée."
"Ça ira, merci", déclara Keryll. "Je veux voir la marine à l'œuvre."

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Le prix de la folie
FantasyAu milieu de la florissante et verdoyante forêt de Mirissa dort paisiblement Julie, une jeune femme possédant des particularités animales, rejetées de tous à cause de cela. Habituée à des journées solitaires et des nuits hantées de cauchemars de son...