Le jour du départ, la maison Dafaris était silencieuse. Toujours très abîmés par les récents événements, les courants d'air et la fraîcheur s'invitaient à leur déjeuner. La famille n'en voulait pas à la sorcière pour les récents événements, après tout elle n'avait pas voulu cela non plus, mais ce qui l'étonna le plus c'est le cadeau qu'ils lui firent le jour de leur départ. Amaril arriva en faisant la moue, un grand objet enroulé dans un drap particulièrement propre. Elle le tendit à la sorcière sans un mot, qui le déballa un peu dubitative. Il s'agissait d'un magnifique bâton d'environ deux mètres en bois de pommier poli et gravé de différents dessins, plus ou moins enfantins. Il était de la couleur du bois encore frais et les branches s'emmêlaient sur le haut du bâton pour le rendre plus imposant.
"La petite y a passé toute la nuit dessus..." lui annonça Marcus.
"Si j'avais mieux lancé le vôtre, il n'aurait pas été brisé c'est tout !" râla-t-elle.
Julie afficha une mine chaleureusement mélancolique et s'approcha d'elle pour lui caresser amicalement la tête.
"Merci", dit-elle sobrement.
Après de courts adieux à la famille Dafaris, non pas sans avoir eu un mal de chien à convaincre Amaril de ne pas partir avec elles, les deux amies étaient sur la route pour quitter l'Empire d'Oshensta.
"Où on va comme ça ?" demanda Lucia.
"Tu es sûre de vouloir m'accompagner ?" l'ignora Julie.
"La destination", l'ignora à son tour l'humaine.
"Khairhania."
"Pourquoi là-bas ?"
"C'est là que tout a commencé. Le fantôme de ma sœur m'envoie là-bas précisément maintenant... Je trouverai peut-être quelque chose qui m'aidera à comprendre pourquoi elle me hante encore."
"En parlant de ça... Pourquoi tu ne m'en avais pas parlé plus tôt ?"
"Quand on pense être devenue folle, on ne s'en vante pas généralement", se défendit Julie.
Lucia acquiesça.
"Tu as autre chose que je devrais savoir ?" se risqua-t-elle.
"Pas vraiment", conclut Julie, coupant court à la discussion.
Julie était particulièrement grincheuse pendant le trajet. Plus elles s'approchaient de la frontière avec le Désert d'Urtycia plus elle semblait agitée, mal à l'aise. Il fallait malheureusement le traverser pour atteindre leur destination et l'endroit n'était pas particulièrement engageant. C'était une terre morte. La vie elle-même ne voulait pas s'y développer, ne laissant aucune chance aux cultures ou aux bêtes et donc à une quelconque civilisation. Les quelques espèces y subsistant se nourrissaient essentiellement d'essence magique et vidaient progressivement le sol de cette précieuse ressource, faisant s'étendre le désert au fil du temps. Cette expansion était longue et ne préoccupait pas particulièrement les gens. Il faut dire qu'elle avait la sympathie de réduire progressivement les frontières avec Cigosia, le pays des elfes du Nord, Les Profondeurs, le royaume Sidhes à l'Est et Khairhania, les terres Nocturnes plus au Sud. Cela facilitait grandement la suprématie Oshenstanne qui était le plus grand territoire fertile d'Astérite de surcroît, l'Est et le Nord étant complètement arides ou rocailleux.
Selon les peuples d'Asterite, leurs terres auraient été autrefois fastes, arborant de grandes forêts ou de grands lacs. Les hautes montagnes de Burhia se seraient parées de leur manteau de neige à de nombreuses reprises et les forêts de pierre de Toria transpiraient d'une énergie mystique aujourd'hui introuvable... Beaucoup parlaient de cette époque avec tristesse, mais peu atteignaient l'âge où ils auraient pu en être témoins. Tout cela aurait changé il y a des siècles à cause des manipulations magiques ratées du peuple Sidhes Seelie qui, dans son arrogance d'antan, se serait cru capable d'invoquer un Dieu exécuteur... Seul Dayand parvenait à tirer son épingle du jeu dans ce coin du monde. Son désert chaud était énormément apprécié des Nar'Govath qui se battaient avec férocité pour maintenir ce pays hors d'atteinte d'Oshensta. Il possédait d'énormes réserves de cristaux magiques, autres reliques Sidhes, éparpillés dans son désert. Leur idée de s'allier à Khairhania contre Oshensta vient avant tout d'Elka la dorée, régente du pays, qui selon les rumeurs ne voyait pas le mal dans ces êtres venant du Néant.

VOUS LISEZ
Le prix de la folie
FantasiAu milieu de la florissante et verdoyante forêt de Mirissa dort paisiblement Julie, une jeune femme possédant des particularités animales, rejetées de tous à cause de cela. Habituée à des journées solitaires et des nuits hantées de cauchemars de son...