Chapitre 3 : Trahison

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Hortensia rentra avec une migraine terrible. Elle avait juste envie de prendre une douche pour purifier son corps des empreintes impurs de Choi HyunKi et de manger une bonne glace "Ben&Jerry" devant un documentaire sur la faune marine. Le couloir de son bâtiment était plongé dans le noir. Elle appuya plusieurs fois sur l'interrupteur pour l'allumer, mais seul le dernier néon clignota comme s'il hésitait à lui procurer un peu de grâce ou à l'achever. Finalement, il s'éteignit pour de bon.

"Merci pour le semblant d'espoir" souffla-t-elle au néon avant de sortir son téléphone portable pour activer la lampe.

Les murs de couleur bleu lapis lazuli se dévoilèrent crescendo ainsi que la moquette de la même couleur avec des motifs géométriques oranges. Les judas étincelèrent sur les portes de ses voisins, tels des étoiles. Hortensia savait que la locataire de l'appartement 203 avait un œil collé au judas. Elles avaient le même âge, mais excepté des salutations, rien ne pouvait les rapprocher plus que ça. Même dans l'ascenseur, c'était le silence mortuaire. Hortensia et le voisin de l'appartement 201 l'appelaient "Spy203" car il la soupçonnait d'être une espionne au service du MIB (Men In Black) depuis le jour où deux hommes en noir s'étaient présentés à sa porte. Le neuralizer dans la poche de leur veste leur avait mis la puce à l'oreille.

De plus, personne ne possédait de précieux informations sur elle, excepté son nom que sa boîte à lettre dénonçait. La femme d'entretien du bâtiment avait dit une fois au voisin 201, qu'elle avait vu la voisine 203 marcher avec le voisin de l'appartement 105 et qu'ils avaient l'air de bien s'entendre. Puis, plus rien. Ils avaient repris le cours de leur vie comme si de rien n'était.

Hortensia passa devant la porte où étaient inscris en doré les chiffres "203" juste au-dessus du judas. Elle leva une main pour saluer sa voisine puis continua sa route jusqu'à la porte 205 : son appartement. Tandis qu'elle cherchait ses clés dans son sac à main, elle entendit l'ascenseur se mettre en marche. Elle jeta un œil à son téléphone pour prendre connaissance de l'heure et vit : "19h46". C'était l'heure à laquelle le couple de l'appartement 202 arrivait habituellement. Au moment où elle eut main sur son trousseau de clés, l'ascenseur s'arrêta à son étage. Elle prit son temps pour ouvrir sa porte afin de saluer ses voisins. Ils tentèrent eux aussi d'allumer les lumières du couloir avant de se rendre compte qu'ils ne fonctionnaient pas. La femme soupira de colère.

— Bonsoir ! les salua Hortensia.

— Bonsoir ! répondit jovialement l'homme.

— Je vais envoyer un message au gardien pour qu'il intervienne le plus vite possible, le prévint-elle.

— Oui, ce serait bien. Faudrait pas qu'on se trompe d'appart si on n'a pas de lampe.

Sa plaisanterie les fit rire tous les deux.

— Bonne soirée, Madame Lim.

— Merci, vous au-

Leur porte se referma sur la jalousie de la femme. Hortensia s'était habituée au manque d'éducation de cette voisine mal élevée et qui voyait toutes les femmes comme de sournoises voleuses de maris. Avec un homme aussi charmant et aussi gentil, il y avait de quoi être jalouse, mais aucune locataire de ce bâtiment ne convoitait son partenaire. Encore moins Hortensia, dont les goûts étaient douteux. Seuls les "méchants" fictifs comme Loki l'attiraient.

— Madame n'est pas contente, rigola-t-elle en refermant sa porte.

Elle alluma les lumières de son appartement, déposa les clés dans une coupe en forme de bénitier sur le meuble à l'entrée tout en enlevant ses sandales. Ses pieds souffraient horriblement. Hortensia traversa ensuite le salon, balança son sac sur le grand canapé d'angle gris puis se dirigea vers la douche. La journée aurait pu bien se terminer si la porte de son atelier n'était pas ouverte et ne renfermait donc pas ce qu'elle craignait le plus. D'un pas réticent, elle bifurqua sur sa droite. Du bruit provenait de la pièce, elle reconnut le papier se déchirer, les crayons glisser à terre, l'hélice du ventilateur tourner au maximum et surtout les grincements de satisfaction que produisait Billy.

Sur Des Bandes DoréesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant