Chapitre 15 : La soirée - Partie 1

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Hortensia se mira une dernière fois, ajusta une de ses mèches qui s'échappait de sa natte puis quitta son appartement. Elle sortit en même temps que la voisine de l'appartement 203. C'était une belle femme, à la silhouette élancée et quelque peu athlétique, grande de taille et très claire de peau. Dommage, elle n'était pas très souriante.

— Bonsoir madame Park, la salua Hortensia en souriant aimablement.

— Bonsoir madame Lim, répondit-elle poliment avant de s'engouffrer dans son appartement.

Voilà à quoi se résumait ses relations avec ses voisins - sauf celui de l'appartement 201 - qu'à de simples formalités. Hortensia n'en demandait pas moins. C'était une introvertie, il lui arrivait parfois d'être plus ouverte, mais ces moments étaient rares. Il fallait qu'elle soit réellement à l'aise avec une personne pour être chaleureuse et sincère. Ce qu'elle allait s'obliger d'être ce soir avec SeoMin et sa bande. Elle sortirait le grand jeu et utiliserait la carte de la bonne vieille copine du lycée pour les faire parler. Qu'importe le temps que cela exigerait, s'il fallait les supporter toute la nuit, elle le ferait.
Pour JiHoon.

Une heure plus tard, le patron d'un restaurant qu'elle adorait fréquenter autrefois l'accueillit les bras ouverts. Monsieur Cha avait l'allure d'un citadin ordinaire. Toujours bien apprêté mais pas assez pour dévoiler son rang social. Il était plus petit qu'elle de deux têtes environ et cultivait la discrétion autant que la gentillesse.

— Hortensia ! Ce que tu as grandi ! s'émerveilla-t-il en attrapant ses mains.

— Vous avez l'air d'avoir pris du poids, Monsieur Cha. Ça va vous bien, le complimenta-t-elle.

— Hey, on peut dire que je mange bien depuis que les affaires marchent.

— Je vois ça ! Vous avez agrandi les lieux ! s'émerveilla-t-elle à son tour en regardant l'enseigne.

Un vieux souvenir du restaurant se dessina dans sa tête. C'était ici qu'elle dînait quand JiHoon étudiait très tard à l'université. Le patron et sa défunte épouse les avaient toujours bien traités, au point de leur proposer de vivre avec eux.

— Je t'ai réservé la meilleure table, lui apprit-il avec une grande joie. Elle est très bien située, grande et magnifiquement décorée.

— Ne me gâtez pas autant, Monsieur Cha. Je risque d'accepter votre proposition de vivre avec vous, plaisanta-t-elle en se laissant guider par le restaurateur.

Il lui fit une petite visite, montrant fièrement toutes les rénovations. Une terrasse avait été bâtie pour former un L avec le bâtiment principal. Ainsi, il y avait un coin avec un toit et un coin à ciel ouvert. Le bois massif de la terrasse s'harmonisait merveilleusement bien avec le grand cerisier qui perçait le centre comme un gardien ancestral et dont les guirlandes lumineuses qui serpentaient ses branches ajoutaient une petite touche divine. Des projecteurs s'éparpillaient un peu partout pour augmenter la luminosité sans ôter la sérénité qu'imposait la nuit.

Du même bois, des tables rondes de diverses tailles étaient habillées de nappes blanches. Tout en admirant les lieux d'une simplicité tout à fait charmante, Hortensia prit place sur une des assises de la plus grande table, juste en-dessous du cerisier. Chacune d'elles étaient roses, mais nuancée. Ça lui rappelait le printemps et elle avait hâte qu'il pointe le bout de son nez.

En attendant, c'est le sien qu'elle leva pour admirer les fausses lierres le long des poutres qui soutenaient les rayons en bois, convergeant vers le cercle autour de la partie supérieure du tronc d'arbre. Une toile ultra fine et presque invisible retenait les feuilles et autres bestioles qui voudraient s'inviter à un repas. Ses reflets donnaient l'impression que de minuscules étoiles contemplaient la clientèle.

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