Chapitre 2

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Lior Rosenbach


— Tu es sûr qu'il vit toujours ici ? lance Karen dans mon dos.

— On le saura quand on nous ouvrira la porte.

— Justement, on ignore qui il y aura derrière, souligne-t-elle.

Je baisse mon poignet alors que je m'apprêtais à frapper contre le battant. Elle a raison. On n'est dans un quartier de Londres qui n'est pas vraiment fréquentable et ça fait plus de cinq ans que je ne suis pas venu ici. Il y a très peu de chance que Neil vive toujours dans ce taudis et d'un côté, je l'espère pour lui. Peut-être était-ce risqué de venir. Ça pourrait être n'importe qui derrière cette porte et probablement pas un mec ravi de voir débarquer des gosses de riches, comme Karenet moi, dans son appartement.

— Qu'est-ce que tu peux être une chiffe molle, s'agace ma meilleure amie en me passant devant pour frapper à la porte.

Je la regarde, hébété. Est-ce qu'elle déconne ?

— On ne va pas nous bouffer, enchaîne-t-elle en se tenant devant le battant.

Je préfère ne même pas relever. La connaissant, elle préférerait mourir plutôt que de reconnaître qu'elle est la première de nous deux à avoir flippé. On attend devant la porte quelques secondes, puis je me décide à frapper une deuxième fois. On entend du mouvement dans l'appartement. Le visage de Neil apparaît soudainement dans l'entrebâillement. Et merde... Il vit toujours ici. Comment aurait-il pu s'en sortir, de toute façon ? Aux dernières nouvelles, il vend toujours ses merdes pour survivre.

— Salut, murmuré-je alors qu'il nous observe, interloqué. Tu vas...

Neil claque la porte brusquement, ne me laissant pas le temps de finir ma phrase.

— Le fils de pute ! s'emporte Karen, frappant contre le battant de toutes ses forces. Hey crétin ! s'exclame-t-elle. Tu me connais et tu sais que je ne partirai pas d'ici avant d'avoir pu te parler, donc bon courage pour supporter ça !

— Supporter quoi ? demandé-je en fronçant des sourcils.

— Ça, répète-t-elle en posant son doigt manucuré sur la sonnette de la porte.

J'entends Neil l'insulter à la seconde suivante.

— C'est ça, ton plan ? Sonner jusqu'à ce qu'il ouvre la porte ?

— Exactement, sourit-elle en appuyant de nouveau.

— Les voisins vont te tuer, l'informe Neil derrière la porte. Les murs sont fins ici. Tout l'immeuble va t'entendre.

— Tant mieux.

Elle appuie de nouveau, un sourire fier sur son visage de porcelaine, et je me retiens de rire. Cette fille est vraiment faite de n'importe quoi. De cran, d'audace, de culot, de courage, et de conneries aussi. Surtout de conneries.

— Karen ! hurle Neil. Arrête ça tout de suite ou je te crève les yeux.

— Ouvre la porte, abruti.

Cette fois, elle laisse son doigt sur la sonnette. Le son dans nos oreilles est horrible. On va véritablement finir par se faire tuer, songé-je en observant tout autour de nous pour m'assurer qu'un voisin n'ait pas l'idée de sortir de chez lui avec un couteau de cuisine. La porte s'ouvre. Neil reste planté devant nous, sans rien dire, tandis que Karen enlève finalement son doigt de la sonnette, satisfaite de l'efficacité de sa stratégie d'intrusion.

— Tu ne m'as tellement pas manqué, conclut-il.

— Moi non plus, lui assure-t-elle en entrant dans son appartement.

LOVERS - Personne d'autre que toi (Tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant