Chapitre 6

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Aelig traversa le village qui se réveillait doucement, en route pour le travail. Elle n'avait pas croisé grand monde. Peut-être qu'elle était tombée du lit et qu'elle était en avance. Elle jeta un coup d'œil au cadran solaire au-dessus de la porte de l'auberge, il était environ 7h30, l'heure classique. Bizarre. Elle poussa la porte de l'auberge.

—SURPRISE ! BON ANNIVERSAIRE !
Elle sursauta avant de rire. Une bonne partie du village s'était massée dans l'auberge pour lui souhaiter un joyeux anniversaire.
Il y avait aussi Reun, remarqua-t-elle ravie. Il y avait évidemment Alar et sa grand-mère, Mayeul et Lavena mais aussi Kalaan, l'ivrogne du village, elle ne le connaissait pas particulièrement mais il espérait sans doute qu'on lui offre à boire pour l'occasion. Ses patrons, les parents de Lavena, étaient également de la partie avec le patron d'Alar. Aelig compta une trentaine de personnes en tout.
—Merci, je suis très touchée par l'attention, dit-elle en s'avançant pour serrer dans ses bras sa grand-mère. Elle prit le temps de les remercier un par un. Elle réussit à remercier Reun sans rougir.

Son patron mit en place un buffet et ils partagèrent le petit-déjeuner tous ensemble.
Son frère lui offrit un arc magnifique qu'il avait fabriqué lui-même, l'ancien commençait à devenir petit. Elle avait hâte de le tester. Sa grand-mère lui offrit un magnifique pull en laine qu'elle avait dû passer des heures à tricoter. Ses amis lui offrirent une baguette de bois pointue et gravée de motifs floraux. Elle ne comprit pas tout de suite son utilité, Lavena la lui prit des mains et lui montra comment la mettre dans ses cheveux pour les attacher. Puis Reun s'avança avec un bouquet de marguerites.

—Bon anniversaire, dit-il en lui tendant.
—Merci, dit-elle en rougissant, elle n'aurait pas tenu longtemps.
—Je les ai cueillis moi-même mais à cette saison y'a pas beaucoup de choix. Ça serait plus pratique si tu étais née au printemps, ajouta-t-il mal à l'aise.
—Je les adore !
—C'est vrai ? s'étonna-t-il.
Elle ne sait pas ce qui lui prit mais l'instant d'après elle était sur la pointe des pieds pour lui donner un baiser sur la joue.
Les deux jeunes gens rougirent violemment avant de trouver quelqu'un d'autre à qui parler.
—Vous êtes affligeants, commenta Mayeul.
Aelig le foudroya du regard.
—Non mais vous vous dévorez des yeux d'un bout à l'autre du village et là quand vous avez l'occasion de vous parler, y'en a pas un pour sauver l'autre, vous rougissez comme des enfants.
La grand-mère d'Aelig n'était pas loin et faisait comme si elle était concentrée sur sa conversation avec la boulangère mais Aelig était sûre qu'elle n'avait pas perdu une seule miette du discours de son ami.
—On en parlera plus tard si tu veux bien, chuchota-t-elle en désignant d'un geste de la tête sa grand-mère.
Son ami haussa les épaules.
Peu à peu l'auberge se vida, chacun vaquant à sa journée de travail.
Le reste de la journée ressembla à n'importe quelle autre. Aelig s'occupa du nettoyage des chambres durant la matinée puis du service au moment du déjeuner. Comme son patron l'avait autorisé à profiter de la fête le soir, elle n'eut pas de pause dans l'après-midi mais cela ne la dérangea pas. Elle était bien trop excitée par la fête de l'automne. L'avantage d'être née ce jour-là c'est qu'elle avait le droit à une fête de village une année sur deux pour son anniversaire.

De sa chambre, elle entendait le bruit sourd et répétitif des tambours. La fête était sur le point de commencer ! Elle s'inspecta une dernière fois dans le miroir. Pour une fois, elle avait décidé de laisser libre sa longue chevelure rousse. Sa robe vert foncé faisait ressortir ses yeux émeraudes. On toqua à la porte.
—Oui ?
Sa grand-mère entra avec une couronne de feuille jaune, la coiffe traditionnelle des jeunes filles lors de la fête de l'automne.
Aelig se baissa un peu pour que la vieille femme puisse la mettre sur sa tête.
—Voilà, maintenant c'est parfait, conclut-elle en contemplant avec fierté sa petite-fille.
—J'aurai aimé qu'il soit là...
—Je sais bien ma chérie.
—Tu crois qu'il lui est arrivé quelque chose ?
—Tu sais Alban est imprévisible, il doit être pris dans une aventure quelque part, il viendra quand il pourra. Ce n'est pas la première fois qu'il rate ton anniversaire.
—C'est vrai... Allons-y, conclut la jeune femme.
Elles sortirent toutes deux de la maison et se hâtèrent vers le centre du village où les festivités avaient lieu.
Un grand mât en bois avait été dressé au centre de la place. De son sommet partait un nombre infini de cordelettes sur lesquelles avaient été attachées des feuilles mortes, formant un chapiteau.
Elles entrèrent. Presque tout le village était déjà là. Beaucoup de villageois avaient déjà une chope de cidre ou une tourte à la pomme en main. La danse n'avait pas encore commencé, c'était au maire et à sa femme d'ouvrir le bal.

Emglev : La prophétie du retourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant