LES VOISINS D'À CÔTÉ I

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Lana hésite un moment avant d'appuyer sur la sonnette. Finalement, la porte s'ouvre et Jane apparaît devant elle, un sourcil légèrement relevé, manifestant sa surprise de la voir.
Les deux femmes se fixent un instant, la tension palpable entre elles. Lana prend une profonde inspiration et trouve enfin le courage de parler.

– Euh..., bonjour, lance-t-elle en s'approchant.
– Oui ? enchaîne-t-elle. Qu'est-ce qui t'amène ?

– Je..., je suis venue parce que je voulais m'excuser, déclare-t-elle. J'ai dit des choses que je ne pensais pas. Pardon...

Le silence entre elles devient presque palpable, témoignant de l'importance de la décision qu'elle compte prendre.

– Ce n'est pas grave, la rassure Jane. Moi aussi, j'ai dit des choses horribles. Enfin..., je n'ai pas dit grand-chose non plus..., chuchote-t-elle, comme pour s'en convaincre.

– Ah bon ? Pourtant tu as dit "connasse" lorsque tu es sortie de la maison.

– Merde, t'as entendu ?

– Oui, et ce n'était pas la seule insulte d'ailleurs. Bref..., on n'est pas fâchés ? demande-t-elle pour changer de sujet.

Jane finit par afficher un sourire sincère.
– On n'est pas fâchés, affirme-t-elle. J'allais justement sortir pour me promener, tu veux m'accompagner ?

Lana hoche la tête, satisfaite de constater que Jane n'a pas résisté longtemps.

Elle s'agite, cherchant désespérément ses clés, puis enfile ses claquettes, prête à sortir. Lana reste là, légèrement impatient, observant son amie avec curiosité.

– C'est bon, on peut y aller, annonce-t-elle en fermant la porte.

Les pas des deux femmes résonnent sur le sol tandis qu'elles marchent côte à côte, s'engageant sur le sentier qui les mène vers l'étang. Le chant des oiseaux résonne dans les airs, créant une symphonie qui accompagne leurs pas. Des papillons virevoltent gracieusement d'une fleur à l'autre. Le parfum de la nature imprègne l'air, mélange subtil de senteurs florales, de bois humide et de terre. Lana se laisse imprégner de cette ambiance, inspirant profondément pour en capturer chaque fragrance et observe avec amusement l'abeille qui tourne autour de Jane, cherchant à éviter le bourdonnement incessant de l'insecte.

Elle ne peut s'empêcher de rire devant la scène qui se déroule devant elle. D'un geste spontané, Lana agite ses bras pour chasser l'abeille, espérant la faire fuir. Cependant, Jane l'arrête rapidement et explique qu'elle ne souhaite pas faire de mal à l'abeille et qu'elle finira par partir d'elle-même.

– Alors..., tu as des indices concernant la disparition de Sophie ?

– Eh bien, j'ai essayé de réfléchir à des pistes, mais pour être honnête, je n'ai pas grand-chose. Seulement quelques hypothèses infondées...

– Vas-y, insiste-t-elle. Accouche !
– OK, finit-elle par dire. J'ai trois hypothèses. La plus évidente, Sophie s'est perdue dans la forêt. Il y a des zones reculées et difficiles d'accès où elle pourrait être bloquée sans pouvoir appeler à l'aide.

– C'est une possibilité à prendre en compte. La forêt est vaste, il est facile de s'égarer, surtout pour une petite fille. Si Sophie s'est aventurée trop loin et s'est retrouvée dans une situation délicate, elle pourrait avoir du mal à retrouver son chemin.

– Exactement. Il est également possible qu'elle se soit blessée en cours de route, l'empêchant de se déplacer ou de demander de l'aide. Ma deuxième hypothèse est que quelqu'un l'a trouvé lorsqu'elle était seule, et l'a enlevée.

– Je ne peux tout simplement pas imaginer qui pourrait être responsable d'une telle chose. Et puis, où auraient-ils pu emmener Sophie ? Dans un village aussi petit où tout le monde se connaît, ça semble vraiment improbable.

– Oui, j'y ai pensé aussi. Mais ce n'est pas impossible. Et la dernière..., c'est Alice qui l'a tué.

Jane s'arrête brusquement.
– Quoi ? Lana, je connais Alice depuis longtemps. Je ne peux pas imaginer qu'elle puisse faire du mal à sa propre fille.

– Je sais que ça peut paraître étrange, mais il y a quelque chose qui me met mal à l'aise à son sujet.

– Je ne pense pas que ce soit une hypothèse plausible...

Jane se frotte la nuque, puis ferme brièvement les yeux et se frotte doucement les paupières.
Lana tourne légèrement la tête, un sourire se dessine sur ses lèvres. Une lueur d'excitation brille dans ses yeux. Elle sent qu'elle est sur la bonne piste, et ressent une certaine satisfaction en voyant la réaction de Jane. Elle se sent comme un pêcheur qui a réussi à attirer sa proie. Jane a mordu à l'hameçon, elle est prise dans ses filets.

La grande rousse devrait pourtant suffisamment connaître Lana pour savoir qu'elle ne serait pas du genre à accuser quelqu'un sans fondement.

Elle met ses doutes de côté et réalise que Jane ne ferait pas de mal à qui que ce soit, même pas à une abeille. Elle protège forcément quelqu'un. Même Lana, a plus un instinct de tueur que Jane.

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