LES VOISINS D'À CÔTÉ III

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Lana passe un doigt sous son œil et sent une humidité inattendue. Elle est surprise, car elle n'avait pas du tout senti les larmes coulées. Se rendant compte de ses émotions, elle détourne rapidement le regard pour cacher son trouble. Jane, toujours à ses côtés, observe avec sollicitude. "Ça va aller ?" demande-t-elle d'une voix douce.

Lana hoche la tête en essayant de retrouver son calme. "Oui, oui, je vais bien. C'est juste que... je crois que tout ça me touche plus que je ne le pensais. Merci, Jane," dit-elle sincèrement. "Je suis contente que tu sois là pour moi."

– Toujours. C'est ce que les amies font, n'est-ce pas ?

Jane ferme les yeux et respire profondément, comme si elle se connectait intimement avec l'environnement qui l'entoure. Les bruits ambiants prennent une nouvelle dimension, faisant ressortir la magie de ce lieu.

Les deux amies restent là un moment, se laissant bercer par l'ambiance de l'étang. Jane ressent une sorte de connexion avec la nature qui l'entoure, comme si elle pouvait entendre ses secrets chuchotés par le vent.

– C'est un endroit spécial, n'est-ce pas ?, dit-elle doucement.

– Pourquoi sommes-nous ici ? Je veux dire, je sais que c'est un endroit spécial, mais pourquoi tu as voulu me le montrer ?

Jane sourit faiblement, fixant le reflet des rayons du soleil sur l'eau calme. Elle prend un instant pour choisir ses mots avant de répondre simplement :

– Donc, commence Jane en se grattant l'arrière de la tête. Je devais m'assurer qu'on ne soit pas écouté, ni vu. Je veux faire un deal avec toi.

– Un deal ?
– Oui. On devrait faire équipe, reprend-elle d'une voix légèrement tremblante. Toi, tu es nouvelle ici, personne ne te racontera quoi que ce soit, mais pas moi. Peut-être qu'on découvrira quelque chose par rapport à Sophie de cette façon.

Oh... maintenant, elle veut m'aider...
– C'est d'accord, répond-elle en lui tendant la main avec un grand sourire.
– Marché conclu, dit-elle en prenant sa main dans la sienne, tiède et moite.

Marchant lentement, Lana et Jane rebroussent chemin, s'éloignant peu à peu de l'étang.

– Alors, tu as des choses à me dire ?

Lana hésite un moment, mais elle se dit que si elles doivent faire équipe pour résoudre la disparition de Sophie, elle doit être honnête avec Jane et lui dire ce qu'elle sait. Garder des secrets ne fera que compliquer les choses. Elle décide donc de tout lui dévoiler, en espérant que son amie comprendra et l'aidera à trouver des réponses. Il faut jouer cartes sur table. Elle le sait.

– Tu sais, les meurtriers font souvent très attention à effacer toutes les preuves après un crime. Ils se récurent de la tête aux pieds, même les ongles, pour éviter tout indice.

– Je ne comprends pas là où tu veux en venir.
– Eh bien, je me demandais juste si tu connaissais suffisamment Zac pour affirmer qu'il n'est pas capable de tuer quelqu'un.

Premier choc. Elle ouvre grand les yeux.

– Lana, je te l'assure, Zac n'est pas un assassin. Nous nous connaissons depuis longtemps, et il est tout sauf violent. Pourquoi remettre en question son innocence ?

– S'il te plaît..., tu dois réfléchir à cette nuit...
– Je ne suis pas sûre de l'heure exacte à laquelle il s'est préparé, mais je peux te dire qu'en début de soirée, lorsqu'on s'est retrouvés, il était bien habillé et propre sur lui. Il n'avait pas l'air d'avoir fait quelque chose de suspect...

– Jane, tu es sûre ?

– Eh bien..., on a quitté la soirée un peu plus tôt et j'ai dormi chez lui. Je me souviens qu'à ce moment-là, il y avait une machine à laver en marche. Je trouvais ça amusant qu'il ne lave qu'un haut et un pantalon, mais j'ai supposé que c'était parce qu'il en avait besoin pour le travail et qu'il devait les avoir secs pour le lendemain.

– C'est un alibi solide qu'il possède. Son travail aux côtés du médecin lui offre une excellente couverture pour explorer la forêt, à la recherche de plantes médicinales. Les vêtements sales peuvent être totalement expliqués, ce qui rend difficile de le considérer comme suspect.

Ça va être difficile de la convaincre...

– D'ailleurs, je l'ai croisé dans la forêt lorsque je cherchais Sophie. Il creusait près de la mine à la recherche de violettes odorantes, avec une pelle. Ce n'était pas du tout l'endroit approprié pour ce genre de plantes, et puis, qui creuse pour les trouver ?

– Tu sais, il se peut que Sophie soit simplement perdue, et qu'on se prend la tête inutilement en cherchant des responsables.

– Jane, tu dois arrêter. Tu sais très bien qu'une petite fille de dix ans ne peut pas s'éloigner très loin. Les villageois la cherchent sans relâche depuis plusieurs jours, mais ils ne trouvent rien. Elle ne peut pas survivre sans manger ni boire. Il y a des clôtures tout autour de la forêt pour protéger les villageois, mais si quelqu'un venait à disparaître, ça voudrait simplement dire que le danger est à l'intérieur.

– Je veux aussi retrouver Sophie, mais tes explications ne tiennent pas vraiment la route. Si on suit ton raisonnement, on pourrait tout aussi bien accuser Gabriel, car lui aussi plonge ses mains dans la terre et se salit lorsqu'il travaille. Quoi qu'il en soit, je vais devoir rester à ses côtés et observer s'il se montre suspect ou s'il finit par s'ouvrir à moi...

– Tu peux essayer de lui reparler de la soirée du treize, mais j'ai déjà essayé... Il m'a juste dit qu'il avait bu et qu'il ne se souvenait pas de grand-chose.

Lana poursuit sa marche en gardant son regard droit devant elle, mais Jane s'immobilise brusquement et fixe intensément le sol. Lorsque son amie remarque qu'elle ne la suit plus, elle scrute les environs pour la retrouver des yeux.

– Lana, il n'y avait pas d'alcool à se dîner, encore moins au village... C'est complètement interdit pour éviter les débordements...

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