L'HOMME DU PEUPLE II

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S'agit-il d'un lapsus ou a-t-elle déjà accepté le fait que Sophie ne reviendra jamais ?

Impossible... Jane était présente au dîner organisé par le village en compagnie de son fiancé. Elle l'a vue de ses propres yeux, ce qui élimine toute possibilité qu'elle ait un lien direct avec la disparition de la petite Miller. Il n'y a aucune raison de la soupçonner..., je crois.

Lana se dit qu'il est temps de discuter avec Jane pour en apprendre davantage sur le village. Elle sait que sa voisine est friande de potins et sera certainement ravie d'échanger avec elle. Lorsque Alice rentre chez elle, Lana, déterminée à obtenir des réponses, entraîne rapidement Jane jusqu'à chez elle et l'invite à s'asseoir sur le canapé. Avec un sourire, elle retire le film de protection qui recouvre le canapé, dévoilant un meuble impeccable, sans la moindre trace de poussière.

Jane paraît mal à l'aise, cherchant un endroit propre où s'installer. Elle scrute attentivement le canapé, vérifiant chaque recoin avec un regard méfiant.

– Je..., je suis désolée. Je ne peux pas rester. J'ai une urgence.

Son ton est précipité, presque paniqué.
La maison n'est pas très propre, elle sait que ça peut être dérangeant pour certaines personnes et se sent coupable de ne pas avoir eu le temps de faire le ménage.

– C'est le désordre qui te dérange ? Je n'ai pas vraiment eu le temps de tout ranger, mais le canapé est propre, je t'en prie, installe-toi.

– Bon d'accord..., alors..., de quoi voulais-tu qu'on parle ?

Tout à coup, elle ne semble plus se soucier de la propreté et pose même ses mains sur les coussins, s'installant confortablement, visiblement heureuse d'avoir trouvé quelqu'un avec qui discuter.

– Rick, ça te dit quelque chose ?

Lorsqu'elle le mentionne, Jane souffle et son intérêt diminue subitement.

– Ah..., tu veux parler de lui ? C'est un homme bien spécial. Les rumeurs disent qu'il est capable de toutes sortes de choses horribles.

– Mais vous n'êtes pas sûr de ça.

– Oh, crois-moi, les rumeurs ne naissent pas de rien. Il doit y avoir une part de vérité là-dedans. Les gens ici ont leurs raisons de le craindre et de l'accuser.

– Je ne veux pas juger quelqu'un sur la base de simples rumeurs.

– Tu peux bien te mettre de son côté si tu veux, mais, tu finiras par le regretter. Il a été impliqué dans la disparition de ses propres filles, et maintenant Sophie n'est plus là. C'est évident, il y a un lien !

– Je trouve complètement injuste de pointer le doigt uniquement sur Rick. Il y a d'autres villageois qui pourraient être impliqués, non ? Peut-être qu'elle est juste perdue. Pourtant, c'est le seul que tu accuses, c'est parce qu'il n'est pas blanc, lui ?

– Lana, je ne suis pas raciste, mais les faits sont là !

– Dis-moi, Jane, où étais-tu avant de venir au dîner hier soir ? Peut-être que tu as trouvé Sophie seule, et tu l'as enlevée !

– Comment oses-tu me faire de telles accusations ? Je n'ai rien à voir avec la disparition de Sophie ! Je ne suis pas capable d'une telle cruauté !

– Tu pointes du doigt les autres sans aucune preuve, alors ne sois pas surprise si ça se retourne contre toi !

Jane se lève brusquement et hurle.
– Pourquoi pas toi, Lana ! Après tout, tu es nouvelle ici, personne ne te connaît vraiment ! Qui sait ce que tu es capable de faire ?

– Oh..., ne joue pas à ça avec moi. J'ai grandi en entendant mon père parler de ses enquêtes. Je connais tous les rouages du système, toutes les astuces pour monter un scénario parfait. Si tu oses m'accuser auprès des autres villageois, je serai prête à retourner la situation contre toi. Je monterai une histoire si convaincante, si implacable, que tu te retrouveras piégée dans ton propre mensonge. Compris ?

Les yeux écarquillés, elle parvient à articuler difficilement une question.
– Ton père..., dans la police ?

Les sourcils légèrement froncés, elle fixe intensément sa voisine avant de répondre d'une voix calme, mais ferme.

– Ouais, c'est un flic. Un bon flic, du genre à mettre son nez partout.

Elle reconnaît qu'elle a été un peu dure dans ses paroles, mais Jane l'a cherché en la poussant à bout.

Et puis, c'était quoi cette réaction lorsque j'ai mentionné mon père. À cet instant précis, elle se retrouve face à un dilemme intérieur. Elle sait que son père est un bon policier, habitué à résoudre des affaires complexes. Mais en même temps, elle se souvient des raisons qui les ont éloignés et hésite à franchir cette ligne.

Demander son aide signifierait admettre sa propre vulnérabilité et dépendre de lui dans une situation critique. Finalement, elle prend une décision et saisit son téléphone, prête à lui envoyer un message. Tu ne fais pas ça pour toi, Lana !

Elle relève les yeux et affiche un regard glacial.
– Tu es encore là ?

Visiblement déconcertée par le ton et l'attitude de la Lana, elle se lève rapidement, jette un dernier regard, puis quitte la pièce.

Lana écrit un message court et direct :
Est-ce que tu peux venir sur la position que je t'envoie s'il te plaît ? J'ai besoin d'aide, c'est au sujet d'une petite fille qui a disparu.

Aucune réponse les heures qui suivent.
Une vague de frustration l'envahit, mais résiste à l'envie de jeter son téléphone par terre.

C'est incroyable à quel point tu peux être insensible et égoïste ! Je pensais que tu pourrais enfin faire preuve d'un peu de compassion et de soutien, mais je me suis trompée, une fois de plus. Je ne devrais même pas être surprise, après tout, tu as toujours été absent quand j'avais besoin de toi.

Elle raccroche brusquement après avoir hurlé le dernier mot, chargé de colère dans sa messagerie vocale.

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