Mia Ursha

Un Ours, Roger

Je crois bien que je me suis endormie, je devais être vraiment épuisée. Mais, quelque chose me tire de mon sommeil. Et je sais quoi, ou plutôt, qui. Roger. Son regard, s'il le veux vraiment, peut briser du bois, ou n'importe quel autre matériau. C'est donc celui que je crains le plus. À cause de son regard, mais aussi de son intelligence. Il est le seul à savoir reconnaître quand je fais mon théâtre, et j'ai donc arrêté d'essayer de lui faire croire que je suis faible.

Il connaît ma vraie force et mon intelligence. Je crois qu'il ne m'a encore jamais frappé parce qu'il sait ce que je dois faire dans trois semaines. En tuer un. C'est un stratège. Le seul jour où je suis entré dans son bureau, j'avais put apercevoir un échiquier. Connaissant les capacités cérébrales des deux autres membres, il devait s'y entraîner seul.

J'ouvre un œil, et je le vois. Il se tient devant la porte, braquant son regard sur moi. La premier fois que je me suis plongée dans ce regard, j'avais crut y voir des flammes. C'était idiot, mais c'est toujours l'impression que ça me donne.

S'étant aperçu que je m'étais réveillée, il regarde sa montre et me parle de sa voix où je ne perçois aucune émotion. Calculateur et froid, voici ce qui le caractérise.

- Nous partons dans quelques minutes à peine, je me dois par habitude de te répéter les consignes.

D'un côté, j'étais contente. S'il allaient bientôt partir, ça voudra dire que je pourrais enfin mettre mon plan de destruction en place, sans oublier de ne laisser transparaître aucune émotion pour qu'il ne perçois pas mon excitation, mais de l'autre côté, à la fin des « consignes », je vais devoir promettre d'accepter ce qui a été dit et de me soumettre à leurs décisions. Or, mon plan nécessite de transgresser la plupart des choses qu'il va me dire, alors je ferai mieux de réfléchir rapidement à une solution.

Il s'approche de moi tout en restant hors de ma portée, puis, il me tends une liasse de papier, contenant les consignes et quelques précisions. Je la regarde machinalement mais je m'arrête. Comme je le pensais, il me donne tout les temps les mêmes informations, tout le temps les mêmes obligations et tout le temps les mêmes interdictions. Tout le temps la même chose. Depuis 17 ans, c'est une routine que je vis, mais je vais enfin pouvoir me défouler.

Et Roger vera que mon visage impassible n'est qu'un masque, il saura quel rancoeur j'éprouve envers eux et, je l'espère, ils regretteront à jamais de m'avoir fait vivre cette vie. Je sais que je ne devrais pas me plaindre, mais c'est dans la nature humaine, et, même si je ne suis pas une humaine, le principe est le même.

Je vois mon père prendre une chaise pour s'y asseoir. Il essaye de me sonder, mais je fuis son regard. Je veux garder l'effet de surprise quand il verra tout le désordre que j'ai fait. Il verra enfin en moi le monstre que les deux idiotes voient. Les rares personnes que je croisent me disent souvent « Ma pauvre petite, ça doit être dur de tuer l'un des membres de ta famille, non ? », mais les pauvres loulous ne savent pas que je ne suis pas de leur famille, je suis leur chose, leur objet, leur... truc. Et moi, étrangement, je n'aime pas être un truc.

Je relève les yeux vers lui seulement quand je suis sûre d'avoir complètement masqué toutes mes émotions. Je le vois encore me sonder, mais cette fois-ci, il ne peut rien trouver qui puisse dévoiler mes réelles intentions. Il sourit, et continue à me parler tout en coiffant ses bouclettes brunes. S'aurai presque eut l'air mignon si je ne savais pas qu'il faisait ça en pensant à de prochaines victimes. C'est sûr, je ne suis pas de leur famille.

- Donc, reprenons. Tu as ci-joint la liste de tous les meubles auxquels tu ne dois absolument pas toucher, casser ou dégrader. Je précise pour faciliter ta recherche que c'est à la page 13.

Il s'arrête le temps que je jette un coup d'œil furtif à la page et remarque que la liste est interminable et écrite en tout petit. Parfait.

- Je te laisserai le soin de tout lire quand j'aurais fini de parler, merci. Donc, comme je le disait...

C'est le plus calme, mais aussi le plus énervant. Un stratège.

- ... tu devras faire attention à ne pas sortir dehors et à ne pas parler avec les domestiques ...

J'avais oublié de prendre en compte les domestiques... heureusement qu'il me l'a rappeler pour que je puisse profiter mon plan.

- ... n'ouvrir à personne et rester dans ta chambre. N'oublie pas que le repas est servi dans ta chambre et que tu as désormais les toilettes connectés à ta chambre.

Il faisait sûrement référence à ma dernière escapade où j'avais prétendu que j'avais besoin d'aller aux toilettes. Il a vraiment une mémoire d'éléphant, même moi j'oublie ce que j'avais fait cette année là...

- Ensuite, tu n'auras le droit de sortir de ta chambre vers 13h pour ranger celle de ta sœur. Tu as bien compris ? De toute manière, tout est noté dans les papiers.

C'est maintenant qu'il va me demander de faire le serment de suivre tout ce qui est indiqué dans les documents. C'est maintenant, dans les 30 secondes qui suivent que je vais devoir trouver une solution.

Dans 29 secondes

Si je feignais l'évanouissement...

Non, il est trop intelligent pour ça.

... 19 secondes

Et si... je faisais le serment, mais pour autre chose ? Par exemple, le serment de ne pas prendre une douche ?

Il vérifie à chaque fois le sujet de mon serment... un vrai stratège.

9 secondes...

Et si...

Je n'ai pas le temps de réfléchir plus longtemps qu'un cris retentit à l'étage. Sûrement l'une des bonne qui fait une crise d'angoisse. Les pauvres, vivre dans cette atmosphère étouffante ne leur réussi pas.

Roger, qui est persuadé que jamais je n'oserait faire n'importe quoi, s'en va en coup de vent en me priant de régler le problème moi même. *comment puisque je n'ai pas le droit de sortir de ma chambre ?*

J'entends aussi les pas légers de Sunny qui me traite une dernière fois de monstre et Dallenna qui pousse des grognements sous l'effort. Puis, je me retrouve seule, avec les cris de la femme. Intérieurement, je me dis... QUE LA FÊTE COMMENCE !