La BASE

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Je me tient devant une simple porte, une porte en fer. Pour être honnête, je suis vraiment très déçue de ce que je vois. Cette porte rouillée est la porte d'entrée d'un vieil immeuble gris et malmené par le temps. C'est dans cet endroit que des agents spéciaux sont sensés travailler. Oui, je suis déçue, et je ne cherche pas vraiment à le cacher. Je me tourne vers les trois bonshommes et leur demande une explication du regard. Mais pourquoi prendraient t-ils la peine de me répondre ? 

Sans aucun mot de leur part, on pénètre dans le bâtiment. Tout ce que je remarque, c'est qu'il fait très sombre et qu'il y a une mauvaise odeur qui traîne. Et c'est seulement à ce moment là que je doute, une deuxième fois, de leur officialité. De simples kidnappeurs n'auraient pas pu savoir tout sa sur moi et ma mission. C'est ce que j'essaye de me convaincre. On continue de marcher, sans qu'aucun des trois ne parle, ne tousse ou ne renifle. Bref, dans un silence lourd. 

J'entends derrière moi un déclic, je me retourne vivement, m'attendant à un piège, mais ce n'était que l'un des gars qui appuyaient sur l'interrupteur. La pièce s'éclaira et m'apparu sous un autre jours. Maintenant, au lieu de sentir une mauvaise odeur, je pouvais aussi voir d'où elle venait. C'était un ancien entrepôt. Et l'odeur venait d'un ancien cadavre de rat. Un rat si gros qu'il faisait presque la taille d'un chat. J'étais soudainement très contente d'être accompagnée par trois mecs costaud qui, si leur histoire était vraie, avaient dans leur intérêt de me ramener vivante.

Au bout d'un moment, on atteint une deuxième porte. Plus petite, plus rouillée et plus cabossée que la première, elle n'engage pas la confiance. L'un des bonshommes qui m'accompagne, le plus vieux des trois selon moi, s'avance et m'ouvre la porte d'une manière théâtrale. Le noir. C'est la première et seule chose que j'arrive à voir. Et aussi quelques toiles d'araignées. Je me retourne vers les deux autres restés derrière moi avec un rire nerveux.

— Nan nan nan nan. Jamais vous ne me verrez rentrer dans ce trou. Jusqu'à maintenant je vous ai suivie docilement, - petits coups d'œil dubitatifs de celui qui s'était occupé de me persuader -, sans poser de questions - deuxième coup d'œil dubitatif -, mais là c'est trop ! Je suis atteinte de nyctophobie ! 

J'avais fait exprès d'utiliser le mot « atteinte de », ça rendait une simple peur de l'obscurité en une maladie incurable. Je suis définitivement trop maligne. Je vois mes "accompagnateurs" se moquer légèrement de moi, puis, l'un d'entre pris la parole, hilare.

— Tu va pas nous faire gober qu'une pyromane à moitié tarée aie peur du noir. Ce ne serait pas ridicule si ta famille l'apprenait ?

Il avait susurré la dernière phrase en insistant bien sûr le mot « ridicule ». Cet homme là avait bien pris le temps de m'analyser. Et je n'aime pas être analysée, je me sens comme une bête, stupide et soumise. Et, oh ! Que je déteste être soumise !

— Tres bien, ce sera de votre faute.

Je m'empare sous leur regard surpris du briquet que j'avais soigneusement remis dans ma poche et brûle un bout de bois. Ce même bout de bois que je lance sur une flaque d'essence aperçu un peu avant. BOUM. J'aime ce bruit. Ça me rend forte. Ça me donne l'impression de contrôler le monde entier. Ça me donne courage.

— Allons-y, vous attendez quoi ?!

Celui qui m'avait premièrement amadoué en me prévenant du ridicule était maintenant bouche béante, cœur palpitant et cheveux dressés sur son petit crâne d'inspecteur. J'espère que cette fois-ci il avait bien compris que je n'étais pas de caractère soumise. J'ouvre la marche et descend dans le noir. Si quelqu'un aurait été devant moi, il aurait vu mes dents blanches formant un sourire. On pourrait croire que ma folie m'est venue d'un coup, mais au fond, je sais qu'elle était là depuis longtemps, attendant seulement le bon moment pour jaillir. Comme un clown en boîte. 

Après cinq bonnes minutes à barboter dans une brume aveugle, nous nous cornâmes enfin à une autre porte. Que j'espérais être la dernière. J'abaisse la poignée, et pousse la porte. Une vive lumière m'aveugle et je crois un instant être atteinte aussi d'hallucinations visuelles, en plus de ma nyctophobie. Le temps que mes yeux s'habituent, je sens déjà des bras m'attraper de toutes part, me palpant, m'auscultant, comme on le fait avec un fruit qu'on souhaite acheter, pour vérifier sa qualité. Et je n'aimait pas être comparée à un fruit. Je n'aimait pas grand chose finalement. 

L'un des hommes qui m'avaient accompagnés, sûrement celui qui avait fait la remarque sur le ridicule, pris parole avant que je ne me décide enfin à brûler leurs faces de légumes. Ils étaient tous les mêmes, ils faisaient tous la même erreur, celle de croire que je suis faible. Je n'entendis pas exactement ce qu'il leur dit, mais ce devait être suffisamment convaincant ou suffisamment horrifiant pour qu'ils arrêtent tous de me palper et qu'ils me regarde avec un mélange d'horreur, d'hébètement, et, oui, d'un peu d'émerveillement. Ils reconnaissaient au moins en moi le génie que je suis.

Ayant enfin plus d'espace, je put analyser à mon tours ceux qui avaient osés me toucher sans me connaître. Tous des hommes, tous dans la quarantaine. On saurait cru dans une secte s'ils n'avaient pas tous un costard cravate parfaitement repassée. Je pu aussi, enfin m'autoriser à observer l'endroit où je me trouvait. Et c'était... très lumineux, très agréable. Et pourtant, je rappelle bien que cet endroit ce trouve au sous-sol d'un ancien entrepôt qui sert de cimetière pour les rats mutants. Rat qui a sûrement dû brûler lors de ma mini-explosion. Donc maintenant, en plus de sentir le rat pourri, ça sentira aussi le rat pourri et cramé.

Après avoir fini de m'émerveiller sur l'endroit où je me trouvait, l'un des hommes en costard s'approcha de moi et m'invita, moi ainsi que tous les autres, à le suivre. Ils étaient une vingtaine, aucune chance de m'échapper, je devais me montrer docile. Même si je n'aimait pas.


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1 year later...

Nan vraiment, j'ai pris 30 ans à l'écrire 🤣🤣

Dédicacée à la pauvre @Stellafren qui a "patiemment" attendu la suite 🤣🤣

Mia UrshaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant