Mia Ursha

La bibliothèque

Je continue encore sur plusieurs mètres, un sourire aux lèvres, puis je lève la tête. Devant moi se tient une grosse porte en bois de chêne, avec des gravures représentant une clé. Soudain, la flamme qui brûlait mon papier s'éteint, d'un seul coup et je pris peur. Une force étrangère ne voulait pas que je brûle par mégarde les connaissances accumulées dans cette pièce. Et je n'aimais pas les forces étrangères, car je ne les contrôles pas, je ne les comprend pas. Alors j'avance avec plus de précautions, plus de calme. Moins de folie. Et je tourne la poignée, sans succès. Rien ne bouge, pas même un petit grincement me montrant que le mécanisme de la porte s'était débloqué. Je laisse retomber le long de mon corps et je rebrousse chemin à regrets. J'aurais tant voulu savoir quels ouvrages se trouvaient là dedans... Soudain je me crispe, le bruit d'une respiration saccadée venait de derrière moi. Prise par surprise, je me retourne et donne un grand coup de pied à la masse mouvante. S'en suit un cris de douleurs et de surprise ainsi que de colère.

— Mais enfin Mia ! Qu'est-ce qui te prend !

La voix de Patrick. Je regarde toujours la créature sombre en face de moi. Était-ce bien lui ? Que faisait-il derrière moi aussi, ne savait il pas que c'était une déclaration de guerre quand on surprend quelqu'un par derrière ? Je grogne et lui lance un regard noir. Qu'il aille autre part, je veux être seule et ce n'est pas lui qui m'en empêchera. Je rebrousse chemin en l'ignorant, et j'espère qu'il s'en ira.

— Mia attend ! 

Je lève les yeux au ciel et sert mon briquet dans mon poing. S'il m'oblige à l'utiliser, je n'hésiterai pas une seconde. Je m'arrête et le regard avec mon air d'ours grognon. Qu'est-ce qu'il me veut lui ? Il se rapproche et lève les mains en l'air. Je lui fait si peur que ça ?

— Mia, si tu veux entrer dans la bibliothèque, il te faut une clé. Je... écoute normalement je ne devrais pas te laisser y entrer, mais ça reste entre nous ok ? 

Il me tend la clé et je l'attrape avec empressement. Puis je me retourne vivement vers la porte et tente de la déverrouiller.

— Merci Patrick.

Je sourit en l'entendant s'éloigner avec un soupir. Qu'il profite de mes remerciements, ce sera l'une des rares fois où j'en donnerai. D'habitude je suis, plus terne, plus... froide ? Je secoue la tête. Non je ne suis pas froide. Et non, je ne suis pas dérangée. Je suis ce que je suis. Je suis moi et c'est tout. Et vous vous êtes vous, je ne juge pas qui vous êtes, je ne juge pas votre essens, votre âme. Et pourtant vous me juger. Quelle déception.

Un déclic ce fait entendre et la porte s'illumine pendant un moment si court que j'ai cru rêver. Ensuite, et bien je pousse timidement la porte et pénètre dans ce lieu sacré. Je referme derrière moi est glissé au sol tant je suis émerveillée. Tant de savoir est concentré dans cette pièce ! Je repense avec honte au moment où j'ai brûlé la bibliothèque de ma famille, mais je balaie mes remords rapidement. Je n'ai pas le temps pour éprouver du regret. Je vis dans le présent. Je prend une grande inspiration et chasse toutes mes idées noires. Oui, seulement dans le présent.

Je me relève et contemple le spectacle qui s'offre à moi. Mes yeux brillent et mon âme d'enfant prend possession de mon esprit. J'avance machinalement vers la première étagère et parcours le dos des livre avec ma main. Je me sens apaisée et calme à présent. Je range le briquet tout au fond de ma poche et prend un livre au hasard dans la bibliothèque. Puis je vais m'installer à un bureau non loin et détaille le bouquin. Pas bien grand, composé d'une couverture rouge et douce comme le velour. Sur la première de couverture, aucune inscription alors je l'ouvre pour en savoir plus. 

𝙱̷𝚘̷𝚞̷𝚌̷𝚕̷𝚎̷ 𝚍̷'𝙾̷𝚛̷ 𝚎̷𝚝̷ 𝚕̷𝚎̷𝚜̷ 𝚝̷𝚛̷𝚘̷𝚒̷𝚜̷ 𝚘̷𝚞̷𝚛̷𝚜̷

Le titre du livre me fait sourire on croirait moi et ma petite famille. Quelle ironie. Je décide quand même d'écrire le livre, qui a ma plus grande surprise et écrit à la main.

 « ɨʟ éȶǟɨȶ ʊռ ʄօɨֆ, ʊռɛ քɛȶɨȶɛ ʄɨʟʟɛ ǟʊӼ ƈɦɛʋɛʊӼ ɮօʊƈʟé ƈօʊʟɛʊʀ օʀ զʊɨ ʋɨʋǟɨȶ ɖǟռֆ ʊռ ʋɨʟʟǟɢɛ.

օռ ʟ'ǟքքɛʟǟɨȶ, ɮօʊƈʟɛ ɖ'օʀ... . »

Le début m'intriguait encore plus, alors je continuait à lire avec assiduité, ça me passionnait, et pourtant je venais à peine de commencer. Page après pages, je riais ou pleurait, poussais des cris d'effroi en même temps que le personnage principal. Boucle d'Or... je triture mes cheveux distraitement. Je pourrais peut-être m'appeler... Boucle d'Ocre ? Je sautillais sur ma propre chaise, fière de mon idée. 

Lorsque j'arrivais au dernier mot de la dernière phrase de la dernière page, je me dit qu'il serait peut-être temps de rentrer. Alors je repose le livre à sa place et me retourne une dernière fois pour admirer ce lieu. Je reviendrais sûrement demain de toute manière.

De retour dehors, je respire à pleins poumons l'air frais et revigorant, puis traverse à nouveau le long et sombre couloir. Peut-être que j'étais encore contaminée par l'atmosphère sacrée de la bibliothèque, mais je n'ai pas touché a mon briquet depuis tout à l'heure. Et lorsque enfin j'arrive à la fin de ce long et sinueux couloir, je m'aperçois sans surprise qu'il fait déjà nuit. Je monte les escaliers sans faire de bruits et rejoins ma chambre avec soulagement. Je referme la porte et m'allonge sur le lit toute habillée et contemple le plafond en souriant. J'avais hâte d'être demain.