Un plan planifié

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Une autre porte s'ouvre, une porte en bois de chêne pour être précise, et j'entre dans ce qui me semble être une salle de réunion. Les hommes prennent place ce qui ne me laisse pas le choix de l'endroit où je vais m'installer. C'est-à-dire, la chaise juste devant la porte en chêne. Le place que j'aime le moins, car si quelqu'un ouvre la porte, je serais prise par surprise. Et je n'aime pas être surprise. Après qu'on soit tous bien installés, l'homme nous ayant rassemblé dans cette salle débute les présentations : parmi la bonne vingtaine d'hommes présents, je ne retenu le prénom que de quatre ; l'homme qui m'avait amené de chez moi jusqu'ici, celui qui c'était moqué de ma peur du noir, s'appelait Jean. Le plus vieux s'appelait Patrick et le plus discret et muet s'appelait Pierre. Ensuite, l'homme qui avait fait les présentations s'appelait Damien et c'était tout. 

Les autres pourraient bien s'embêter à me faire apprendre leur prénom, ça ne marchera pas. J'ai particulièrement du mal avec les patronymes. Maintenant, Damien explique tout le déroulement de ma mission. Il m'explique ce que je sais déjà et tant d'inutilité me rend dingue. Pourquoi me répéter mille et mille fois la même chose ? Je le sais depuis tellement longtemps déjà, je l'attend depuis toujours ! Ce moment où mes efforts seront enfin récompensés, où je deviendrai enfin une constellation ! Un rêve qui se rapproche de jours en jours, et que je désir plus que tout au monde. Seule nouveauté dans le monologue du « chef », c'est les quelques détails concernant les deux jours avant que mes trois semaines commencent, ces deux jours-ci, je les passeraient ici. J'apprendrai auprès de ces messieurs, l'art d'observer et de me fondre dans le décor. Un art qui selon eux, n'est pas assez développé chez moi, et dont je manque cruellement. Apparemment. Car moi justement, je me trouve prête. Mais comme d'habitude, ce n'est pas moi qui choisis. Et pourtant, ce devrait être moi qui sait ce qu'il y a de mieux pour moi. C'est pourtant ma mission et non la leur. Aussi, je devrais apprendre à me débrouiller seule, mais pour ça, je ne m'inquiète pas.

Une fois la petite réunion et tous les détails qui vont avec, ils m'accompagnent enfin vers mes appartements. Enfin, accompagner est un faible mot, je me sens plutôt escortée comme une prisonnière récalcitrante. Ma chambre est simple, mais spacieuse et lumineuse. Je n'ai pas encore eu l'occasion de leur demander comment ont-ils fait toutes ces prouesses d'architecture, mais à vrai dire, ce n'est pas ce qui me tracasse le plus pour l'instant.
Je dépose ma veste sur le petit bureau qui est à ma disposition. Sur ce même bureau, se trouvait un calepin et quelques stylos ainsi que des crayons de couleurs. Près du meuble, se trouvait une petite étagère comportant assez de livres pour tenir pendant un mois. Tout cela se trouvait sur le mur est de la chambre, partant du principe que la porte se trouvait au sud. Du côté ouest, il y avait mon lit, d'un modèle assez vieux, à Hala qu'on et qui grinçait quand je voulais m'y assoir et une petite commode, assez large pour servir de support à une lampe de chevet. Et enfin, sur le mur nord, des tas de tableaux. Des dessins pour être précise, et de beaux dessins. Je pourrais les observer plus en détail après une bonne nuit de repos. Mais même après cette inspection détaillée, je ne devinais toujours pas la provenance de la clarté presque naturelle qui occupait l'espace. Comme si la lumière du soleil avait traversé la terre pour se joindre à moi.
Ce n'est pas l'idée de rester à philosopher sur la luminosité qui me déplaise, mais une fatigue soudaine s'empare de moi. Sans en avoir l'air, le temps passe très rapidement sous terre. Même lorsque le soleil semble nous y suivre. Je m'allonge alors sur mon lit qui ne peut s'empêcher de grincer une dernière fois avant de sombrer dans un sommeil profond.
Perturbée par aucun rêve, je me réveille de bonne heure, en pleine forme bien qu'un peu engourdie. Je me redresse sur mon lit grinçant le temps de me rappeler où je suis et pourquoi j'y suis. Ensuite, je m'étire et reste encore allongée jusqu'à qu'une personne frappe à ma porte. Alors je me relève avec aigreur et ouvre la porte. Mon interlocuteur, Pierre, légèrement étonné par la crinière épaisse que forme mes cheveux roux, qui achève de me donner un air de lionne sauvage. Devant mon air interrogatif et légèrement agacé, il semble se souvenir enfin de la raison qui l'amenait à moi.

— On vous donne dix minutes pour vous... préparer. Ensuite, tu nous retrouve à la grande salle - j'espère qu'elle tu te souviendra du chemin - pour prendre ton petit déjeuner, on parlera un peu de ta mission, et puis après, nous te laisserons champs libre jusqu'à 19h.

J'hoche la tête et lui sourit. Et puis enfin, j'utilise l'expression favorite des vieux.

— Ne me vouvoyez pas voyons, vous le faite me sentir vielle.

Puis sur ces mots, je referme le porte doucement en me félicitant de le voir si étonné. Et oui, j'en ai de la répartie.

J'ouvre le tiroir du petit bureau et y trouve, comme par hasard, une brosse ainsi qu'un ensemble de toilette. Après m'être sagement préparée et que je me sente propre, je pu, sans oublier ma veste, descendre les quelques marches qui me séparaient de l'étage d'en dessous et j'eus le droit à une ribambelle de visages tournés vers moi. Au fond, j'étais extrêmement embarrassée, mais sous mon masque de « fille grognon et endormie » personne ne pouvais le deviner.

Mia UrshaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant