Partie 35 - La discussion.

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« Guillaume... »

Il étais assis sur le trottoir contre la grille du cimetière, tremblant et en larmes, et le seul nom de Guillaume lui était apparu quand il avait senti qu'il était en train de manquer d'air. Il entendit ce dernier lui demander ce qui n'allait pas à l'autre bout du combiné avant de l'entendre l'appeler plusieurs fois quand il ne lui répondit pas, submergé par sa crise de panique.

« Aurél ? Aurél ?! Tu m'entends ??

— Oui... Désolé...

— Mon chat, où c'est que tu es ? T'es chez toi ? Tu veux que je viennes ? lui demanda précipitamment Guillaume, semblant réellement inquiet pour lui, et il repensa au matin même où il s'était réveillé tout contre lui dans son lit et où il s'était senti tellement bien avant que le plus grand ne doive s'en aller.

— N-Non... Ne viens pas... Je suis pas chez moi en plus... Je suis au... au cimetière... bégaya-t-il et quand il prononça ce mot, il s'effondra de nouveau en sanglots.

— Au quoi ? entendit-il Guillaume s'exclamer et il remonta ses genoux contre sa poitrine à ça, enfouissant son visage dans ces derniers. Aurél, t'as dit au cimetière ?

— J'ai suivi Claude. Il semblait pas bien ce matin après sa discussion avec papa alors... j'ai décidé de le suivre. Je voulais voir où il allait comme ça. Je ne comprends rien Guillaume. Je ne sais pas qui il est allé voir. Si ça a un lien avec l'accident... Si c'est la personne dont il a parlé plusieurs fois déjà aux parents. Celle qu'ils ont oublié ici en partant. Je n'ai pas osé allé voir le nom sur la tombe et de toute façon, je n'ai pas mémorisé l'allée dans laquelle il était... dit-il en pensant au fait qu'il avait de moins en moins de facilité à bien voir de loin sans les lunettes qu'il portait de temps en temps jusqu'ici. Je suis fatigué... Tellement fatigué. »

Un petit silence se fit à l'autre bout de l'appareil, comme si Guillaume réfléchissait à quelque chose, puis celui-ci reprit la parole :

« Ok. Tu bouges pas mon chat, je viens te chercher. On ira manger quelque part et je te ramène ensuite chez toi. Préviens tes parents. »

Il acquiesça et la seconde d'après, Guillaume avait raccroché. Mais c'était pour être au plus vite avec lui, il le savait. Guillaume était vraiment parfait. Il écrivit alors un message à ses parents pour les prévenir qu'il était avec lui et qu'il rentrerait après manger ce soir-là. De toute façon, il leur avait dit qu'ils sortaient ensemble la veille. Et ceux-ci n'avaient rien trouvé à redire. Que ça soit parce qu'ils étaient d'accord avec ça, ou bien au contraire parce qu'ils étaient choqués par cette information. Alors il en avait le droit.

***

« Ah, mon ange t'es rentré ? »

Il haussa les sourcils de surprise quand il entendit sa mère lui poser cette question près de trois heures plus tard en rentrant. Elle et son père étaient devant la télévision et quand son père se pencha en avant pour lui sourire à son tour il leur jeta un regard confus en les voyant encore debout alors que d'habitude ils étaient déjà au lit à cette heure-là.

« Vous... Vous m'attendiez ? bredouilla-t-il, soudain gêné, et son père hocha la tête en souriant.

— Oui, mon p'tit cœur. Aurélien, tu peux venir deux secondes ? »

Il hésita un moment avant de s'exécuter à la demande de son père et il vit ce dernier éteindre la télévision à son approche, prouvant bien qu'ils regardaient seulement cette dernière afin de patienter en l'attendant et non pas parce qu'un programme en particulier les intéressait.

« Alors ? Comment c'était avec Guillaume ? Sympa ?

— Euh, je... Oui... bredouilla-t-il, surpris d'entendre ses parents lui parler du plus grand. On est allés manger un morceau en ville, puis il m'a ramené. Est-ce que c'est trop tard ? Si c'est ça, je lui dirais de me ramener plus tôt la prochaine fois. Puis c'était inhabituel... D'habitude, on se voit au lycée et ça suffit... mais là j'avais vraiment envie de le voir et...

— Mon coeur, calme-toi, rit doucement sa mère et il prit une profonde inspiration avant de hocher la tête, se rendant compte qu'il était en train de paniquer encore une fois pour rien. On voulait juste savoir si t'avais bien profité de ta soirée avant d'aller nous coucher. Et nous assurer que tu rentrais bien à la maison. C'est tout.

— Et on voulait aussi te dire... que bien qu'on soit complètement pour votre relation, et qu'on y voit aucun inconvénient... parce qu'on le connaît et qu'on sait que c'est quelqu'un de bien... te dire de quand même faire attention à toi, continua son père en lui offrant un petit sourire embarrassé et il fronça les sourcils, confus.

— Faire attention ? À quoi ? À... Guillaume ?

— Pas littéralement de lui mais... tu n'as encore que quatorze ans, Aurél. Et lui il va bientôt en avoir dix-sept si on se rappelle bien de sa date d'anniversaire. Alors ne faites pas de bêtises, d'accord ? On t'a toujours fait confiance, et on pense qu'on peut lui faire confiance à lui aussi mais... tout de même, fais attention. Tu n'es encore qu'un enfant. Et à cet âge-là, on peut avoir envie de faire des choses pas de notre âge pour se sentir plus grand. Plus mature. Pour faire plaisir à l'autre et parce qu'on a pas envie d'attendre.

— Pas de notre... balbutia-t-il, répétant les mots de son père, se demandant de quoi il voulait parler, avant de comprendre et de se mettre à rougir fortement.

— Mon chéri, ce que t'a dit cette vilaine fille hier... enchaîna sa mère et il resserra son bras plâtré contre sa poitrine en se rappelant des mots de cette fille, Clara, avant qu'elle ne le pousse dans les escaliers la veille. J'espère que tu sais que c'est faux. Elle a voulu te faire croire que Guillaume se lasserait de toi si ça n'allait pas assez vite entre vous deux, mais c'est justement s'il t'aime vraiment qu'il saura attendre. Tu ne crois pas ? »

Il repensa à quand cette fille s'était moquée de lui en disant qu'il n'était pas à la hauteur pour sortir avec Guillaume et qu'il ferait mieux de le lui laisser à elle, vu qu'elle était plus grande et saurait donc mieux le contenter. Il pensa ensuite à Guillaume qui avait paru très fortement en colère quand il lui avait raconté entre deux sanglots ce qu'elle lui avait dit alors que la fille avait disparu quand ce dernier avait accouru en l'apercevant en tournant à l'angle du couloir et tombant sur lui aux pieds des escaliers. Il pensa aussi au fait qu'il lui avait répété aujourd'hui même, ce matin et ce soir, de ne pas croire un seul mot de cette fille et que c'était de lui qu'il était amoureux et personne d'autre. Alors oui, il le pensait aussi. Il le croyait.

« Oui. Il me l'a redit tout à l'heure. De ne pas écouter cette fille car c'était faux ce qu'elle disait...

— Tu vois ? C'est quelqu'un de bien ce Guillaume. Je l'ai toujours su. Mais au cas-où, on voulait quand même avoir cette petite discussion avec toi. »

Il hocha la tête en entendant son père dire ça et il offrit un petit sourire forcé à ses parents avant de se pencher vers eux pour les embrasser avant d'aller se coucher. Il monta les escaliers et s'arrêta un instant devant la porte de la chambre de Claude, mais celle-ci était fermée et comme il n'entendait rien qui en sortait, il se dit que son frère devait dormir. Il n'allait donc pas le déranger, et même s'il avait pu lui parler il n'était pas sûr de ce qu'il lui aurait dit. Alors il décida d'aller se coucher, épuisé comme il était. Demain serait un autre jour.

Fiction OrelxGringe - Le mystère qui t'entoure.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant