Partie 44 - Le baiser.

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Il était allongé face à son petit copain qui, lui, avait fermé les yeux, semblant complètement épuisé. Il l'avait ramené chez lui à la seconde où il avait été certain que les policiers s'occupaient de son père, laissant Claude s'en charger, et celui-ci avait compris que s'il amenait Aurélien loin de lui ce n'était que temporaire et parce que ce dernier n'avait pas envie de rester avec lui. Il lui avait dit, blotti contre lui : Je veux pas rentrer avec Claude, je veux rester avec toi. J'en veux pas rentrer à la maison, Guillaume. Il glissa une main dans les cheveux de son copain en pensant à ça, au fait qu'il lui avait demandé à rester avec lui malgré comment il l'avait traité ces derniers jours, en l'abandonnant tout d'abord, puis en ne répondant pas à ses appels, et le plus jeune se mit alors à sangloter sans jamais ouvrir les yeux, ce qui le surprit :

« Aurél...

— Je suis désolé... désolé...

Désolé ? répéta-t-il, confus de l'entendre s'excuser encore une fois comme un peu plus tôt quand il lui avait sauté dans les bras. Mais pourquoi tu t'excuses mon chat ?

— Parce que... je ne suis pas qui j'avais dit être, sanglota le plus jeune et il sentit une vague de tristesse l'envahît en pensant à l'autre Aurélien. Parce que c'est pas moi que tu aimes en réalité. Parce que Claude avait raison : c'est son souvenir à lui que tu aimes. Et je sais que j'avais dit que c'était pas grave mais... ça me fait tellement mal... Je t'aime tellement et ça me tue...

— Eh, Aurél... l'appela-t-il en s'approchant de lui et ce dernier sanglota de plus belle en le sentant se rapprocher de lui. Je le suis plus amoureux de lui depuis longtemps maintenant. C'est toi que j'aime à présent. C'est moi qui m'excuse plutôt. Je ne voulais pas te faire penser que je ne t'aimais plus, je suis désolé...

— C'est faux... Tu es parti... dit Aurélien dans un sanglot déchirant et il sentit son cœur se serrer à ça. Tu m'as laissé seul alors que... tu avais promis... Tu avais promis, Guillaume, que même si la vérité était dure, tu resterais avec moi. Que tu m'abandonnerais pas et que tu m'aiderais à me reconstruire...

— Mon ange, je suis tellement désolé... dit-il alors qu'il sentait sa gorge se nouer en l'entendant lui dire tout ça. J'ai paniqué... je ne savais plus qui j'étais, qui toi tu étais, je savais juste que j'avais besoin de sortir de cette maison et de m'enfuir. Je me suis mis à étouffer.

— Et c'est à cause de moi...

— Non... Non, non. Rien n'est de ta faute, mon p'tit cœur. Seulement de la mienne. J'aurais dû prendre sur moi et rester près de toi...

— Ou répondre à mes appels... J'ai eu tellement peur que tu me haïsses...

— Je suis désolé, Aurél. Je t'ai tellement blessé. Mais ce n'était pas mon intention. Je suis encore amoureux de toi et c'est toi que je veux près de moi. Pas un autre. Quand je t'ai rencontré, ce n'est pas l'autre Aurélien que j'ai vu à ta place et dont je suis petit à petit tombé amoureux. Je ne me souvenais même pas de lui. C'est de toi, je te le promets.

— V-Vraiment ? »

Il hocha la tête lorsque le plus jeune lui posa cette question et il le vit ouvrir les yeux doucement pour l'observer attentivement. Aurélien le dévisagea longtemps et il se mit à caresser ses joues trempées de larmes de ses pouces avec douceur, jusqu'à ce que ce dernier approche son visage du sien de manière hésitante. Il ne bougea pas, attendant qu'Aurélien prenne une décision sans le brusquer, et lorsque celui-ci vint déposer ses lèvres sur les siennes pour l'embrasser avec douceur, il fondit intérieurement. Voilà. Tout allait bien. Aurélien l'aimait encore. Il ne l'avait pas perdu. Il sentit les larmes lui monter aux yeux à la seule pensée qu'il aurait pu le perdre avec tout ce qu'il s'était passé ces derniers jours et, surtout, le retour de son vrai père dans sa vie. Cette journée aurait pu finir tellement différemment, mais heureusement ce n'était pas le cas. Aurélien lui était revenu et plus jamais il ne le lâcherait à présent.

***

« Mais... j'ai peur d'apprendre qu'ils ne m'ont jamais considéré comme moi, si je rentre. Et si... s'ils m'ont toujours vu comme le prolongement de l'autre Aurélien ? Vu qu'ils m'ont adopté pour le remplacer... »

Il se redressa doucement sur le lit en entendant Aurélien lui dire ça plusieurs minutes plus tard alors que ce dernier était blotti dans ses bras. Son petit copain était fou de ses parents, il le savait. Il les adorait. Et cette pensée, en effet, devait le terrifier.

« Eh, mon chat... Je suis sûr que ce n'est pas le cas. Ils sont pas idiots tes parents, ils savent faire la différence entre lui et toi, hein. Vous n'êtes pas du tout pareils en plus, d'après Claude, au niveau de la personnalité. »

Aurélien réfléchit un instant, se perdant dans ses pensées, puis il le vit hocher la tête doucement.

« Tu te rappelles... de la fête où on s'est rencontrés la première fois ?

— Oui, bien sûr. Pourquoi ?

— Je faisais un jeu avec des amis de Matthieu... et lui aussi, d'ailleurs. Ça s'appelait 7 minutes au Paradis. Je ne savais pas vraiment ce que c'était comme jeu lorsque j'ai accepté de participer, alors quand j'ai compris les règles, je me suis mis à paniquer mais c'était trop tard. Quand est venu mon tour, je me suis retrouvé enfermé dans une armoire avec un de mes camarades de classe que je connaissais à peine, dans le noir, et j'ai commencé à avoir des flash-backs. Des... visions... Lucas essayait de me parler pour passer le temps mais moi, tout ce que je voyais c'était cet homme qui s'approchait de moi dans le noir et qui semblait vouloir m'attraper alors j'ai complètement paniqué et je suis sorti en courant de l'armoire. Ces visions... c'était des souvenirs de mon passé, mais je ne le savais pas encore. Ça faisait déjà quelques semaines que j'en faisais. Si ce n'est... depuis toujours. J'ai cru comprendre que que je faisais beaucoup de cauchemars avant, mais je m'en rappelle plus. Je pense que mes parents m'ont jamais amené voir un psy de peur que ça fasse ressurgir ces souvenirs en moi. Peut-être avait-ils peur que je me souvienne que je n'étais pas leur fils ?

— Non, mon chat. Je suis sûr qu'ils ont plutôt fait ça pour te protéger. Tes parents t'aiment, tu le sais. Ils ont jamais voulu te faire de mal... »

Aurélien hocha la tête en l'entendant dire ça alors qu'il voyait les larmes lui monter aux yeux et il l'attira à lui, le prenant dans ses bras fortement.

« Moi aussi, je n'ai jamais voulu te faire de mal, Aurél. Je te demande pardon. On t'aime tous, ne va pas t'imaginer le contraire. S'il te plaît. »

Il sentit le plus jeune se laisser faire un instant dans son étreinte avant que celui-ci ne remonte enfin ses mains sur son dos. Il le sentit alors agripper son tee-shirt avec force, comme de peur qu'il ne le lâche, et il déposa un baiser contre son cuir chevelu en souriant tristement :

« Je t'aime plus que tout au monde, mon chat. »

Oui, il était fou amoureux du plus jeune. Peu important en réalité qu'il ne soit pas le petit garçon qu'il aimait dans son enfance. C'était de lui qu'il était tombé amoureux à la seconde où leurs yeux s'étaient croisés dans la maison de son ami Matthieu. Il n'avait plus aucun doute là-dessus. Alors il allait tenir sa promesse. Il allait rester près de lui et l'aider à se reconstruire, peu importe le temps que ça prendrait.

Fiction OrelxGringe - Le mystère qui t'entoure.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant