Partie 11 - La vidéo.

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« Guillaume, mon chéri, quelque chose ne va pas ? »

Il sortit de ses pensées en entendant sa mère lui poser cette question et se rappela soudain qu'il était en train de manger avec ses parents dans le salon en tombant sur leurs visages inquiets. Mince, il s'était encore laissé aller à penser à toute cette histoire.

« Euh, je... désolé, je pensais à quelque chose... marmonna-t-il avant de se racler la gorge et de se redresser sur sa chaise.

— Tu es sûr que ça va ? Tu as des problèmes au lycée ? lui demanda son père d'un air soucieux et il secoua vivement la tête, afin de le rassurer.

— Non, non... Rien de tout ça, ne vous en faites pas... C'est juste... commença-t-il, hésitant à leur faire part de ses questionnements. Est-ce que par hasard... vous vous souvenez de Claude ? Mon meilleur ami d'enfance...?

— Claude ? lui demanda sa mère avant de se tourner d'un air soucieux vers son père, ce qu'il ne comprit pas.

— Euh, oui. Claude. Il y a un problème ?

— Non. Aucun, Guillaume, lui répondit son père en le regardant d'un air hésitant tout de même. C'est juste que... ce garçon, là, c'était ton meilleur ami en effet quand tu étais enfant. Et quand il est parti... tu n'as plus jamais parlé de lui. Ni de lui... ni de...

— Ni d'Aurélien, c'est ça ? dit-il en voyant son père hésiter. Son petit frère ?

— Guillaume, tu... tu te souviens d'Aurélien aussi ? s'étonna sa mère et il jeta un regard confus à cette dernière avant de hocher la tête. Mais... quand ils sont partis... et même avant, quand Claude a amené Aurélien à l'hôpital je crois même... ce jour-là... depuis ce jour-là, t'as plus jamais voulu nous parler d'eux. T'étais muré dans un silence assourdissant dès qu'on te parlait d'eux. On t'a amené voir un psychiatre, expliqua sa mère et il fronça les sourcils, n'ayant aucun souvenir de ça. Mais rien n'y faisait, tu refusais de lui parler autant qu'à nous de ce qu'il s'était passé et de tes amis. Chéri, pourquoi tu penses à eux tout d'un coup ?

— Je... Parce qu'ils sont revenus. Ils sont de retour et je leur ai parlé au lycée... balbutia-t-il, complètement perdu à cause de ce que lui avait appris sa mère avant de se rappeler d'un truc en particulier qu'elle avait dit. Attends, t'as parlé d'hôpital ? De quel hôpital tu parles ?

— Le psy... nous avait expliqué qu'en plus du fait que tu refusais d'en parler... ton inconscient essayait sûrement aussi d'oublier cet... accident... c'est ça ? dit son père d'un air hésitant et il sentit son cœur rater un battement en l'entendant utiliser le même mot qu'Aurélien, se demandant ce qu'il savait. On ne sait rien, Guillaume. Quand tu es rentré, complètement trempé, c'est tout ce que tu nous as dit : c'était un accident. Et il est à l'hôpital. Avant de t'effondrer en larmes dans nos bras. On a deviné que tu parlais d'Aurélien, car on savait que vous étiez ensemble ce jour-là, mais pas plus, et quand tu t'es écroulé de fatigue on t'a amené te coucher. Quand tu t'es réveillé, tu as refusé de nous expliquer ce qu'il s'était passé et tu n'as plus jamais prononcer son nom. Ou celui de son frère.

— Mais je... Je me souviens de rien... Claude a dit qu'il était avec nous. Enfin, je crois... Il a dit qu'on était que des enfants et que ce n'était la faute de personne... Mais... pourquoi alors j'ai l'impression d'avoir fait quelque chose de mal ? Pourquoi j'ai cette sensation intime que tout ça, c'est à cause de moi ? demanda-t-il a son père en lui lançant un regard implorant.

— Guillaume, s'il y a bien une chose que l'on a toujours su, c'est que tu n'y es pour rien, dans quoi que ce soit qu'il s'est passé ce jour-là. Quand on est allé toquer chez les Cotentin pour avoir des éclaircissements et prendre des nouvelles d'Aurélien, comme tu nous avais parlé d'hôpital, sa mère s'est effondrée en larmes devant nos questions... mais son père nous a rassuré tout de suite en nous disant que tu n'y étais pour rien. Même s'il a refusé de nous expliquer de quoi il parlait réellement. Et quelques jours plus tard seulement, ils étaient partis. Tu aimais tellement ce gosse, mon chéri. Tu agissais réellement comme un grand frère avec lui. Peut-être plus que son vrai grand frère. Tu lui as même appris à faire de la bicyclette, hein. Tu te souviens de ça ?

— Je... Non, pas du tout... Claude y a fait allusion à un moment donné mais... pas plus... Il a dit... qu'à ce moment-là aussi, quand j'avais essayé de lui apprendre à faire de la bicyclette, j'avais dit que c'était de ma faute, que j'avais tout pris sur moi...

— Oh oui, rit doucement sa mère et il haussa les sourcils de surprise en l'entendant rire. Aurélien est tombé pendant que tu essayais de lui apprendre et s'est faite une belle éraflure.

— Chérie, c'était un peu plus qu'une simple éraflure, hein ? son père interrompit-il sa mère en se tournant vers elle et il fronça les sourcils. Le pauvre gamin a hérité d'une d'une belle cicatrice et d'une dizaine de points de suture quand même. Tu ne t'en souviens pas ? On l'a même en vidéo. »

Sa mère hésita un instant avant de hocher la tête et il les observa un long moment avant de tiquer sur ce que son père venait de dire.

« Mais personne t'en as voulu, Guillaume. Les accidents comme ça, ce sont des choses qui arriv-

— Vous avez une vidéo ?

— Mm... Oui, mon chéri. On avait filmé ce moment, sans savoir qu'il allait tomber bien sûr. Pourquoi ? demanda sa mère et il se leva brusquement, le cœur battant la chamade.

— Je veux la voir, s'écria-t-il avant de se forcer à se calmer en voyant le regard fortement inquiet de ses parents sur lui. Je veux dire... j'aimerais la voir. J'ai besoin de voir cette vidéo. Et... toute autre chose que vous possédez sur Claude et Aurél... Sur cette époque... J'ai besoin de comprendre. »

Ses parents se lancèrent un regard hésitant avant que son père ne hoche la tête et il soupira, soulagé. Aurél. Il allait voir, enfin, à quoi il ressemblait quand il était enfant. Alors qu'il ne s'en souvenait plus du tout. Parce que Claude, à la limite, lui il arrivait à deviner ses traits en réfléchissant fortement, et quand il l'avait vu la première fois en rentrant dans sa classe, il avait su dès le départ qu'il le connaissait. Mais avec Aurélien... il n'avait rien du tout. C'est pour ça que quand le plus jeune lui avait expliqué que son frère lui avait dit qu'ils ne se connaissaient pas tous les deux, ça l'avait perturbé grandement. Parce qu'il savait que ce n'était pas possible, et pourtant il sentait que quelque chose clochait. Alors là, grâce à ses parents, il allait enfin avoir la preuve que Claude mentait. Même s'il le savait déjà. Mais il ne comprenait pas pourquoi. 

Fiction OrelxGringe - Le mystère qui t'entoure.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant