Partie 39 - La marque.

18 7 0
                                    

Guillaume mit son film sur pause en entendant quelqu'un frapper comme un forcené à sa porte d'entrée. Qui est-ce que ça pouvait bien être ? Il se leva en voyant que la personne ne semblait pas abandonner, se demandant un instant s'il pouvait s'agir d'Aurélien, avant de se rappeler comment il avait traité ce dernier quelques jours plus tôt. Il l'avait laissé. Et depuis, il ne s'était pas excusé. Et Aurélien n'avait pas tenté de rentrer en contact avec lui.

Guillaume ! Je sais que tu es là ! Ce sont tes amis qui m'ont dit où te trouver vu que t'étais pas en cours ! Ouvre-moi, putain, c'est urgent !

Il fronça les sourcils en reconnaissant la voix de son ancien ami Claude en s'approchant de la porte et il n'hésita qu'un instant avant d'ouvrir la porte en comprenant que c'était bel et bien lui qui était derrière celle-ci.

« Claude ? Mais... Qu'est-ce que tu fais là...? balbutia-t-il, confus, en voyant que ce dernier semblait essoufflé.

— Je t'ai cherché au lycée... Aurélien a disparu. Est-ce qu'il est avec toi ?

— Hein ? paniqua-t-il alors en l'entendant dire cela. Disparu ? Comment ça disparu ? De quoi tu parles ?

— Aurélien sait tout. Alors j'ai peur qu'il ait fait une connerie. »

Il resta silencieux en entendant Claude dire ça, se demandant ce qu'il voulait dire par tout, et il remarqua alors une photo dans sa main.

« Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il en faisant un signe de tête en direction de celle-ci et Claude baissa la tête pour regarder cette dernière.

— J'ai trouvé cette photo sur son bureau ce matin en rentrant dans sa chambre. S'il l'avait en sa possession, ça veut dire qu'il est allé dans la maison. Je veux dire... notre ancienne maison. Et je pense qu'en voyant cette photo... il a compris. »

Il fronça les sourcils en l'entendant dire ça de nouveau et s'empara de la petite photo, le cœur battant la chamade à la seule pensée que ça puisse... Et oui, c'était bien cette photo. La photo dont il avait parlé à Aurélien avant de s'enfuir en courant. La photo qu'il avait trouvée dans ce qu'il pensait alors être son ancienne chambre et sur laquelle on voyait clairement la cicatrice du plus jeune sur son bas-ventre.

« C'est... ton frère... balbutia-t-il alors, les larmes lui montant aux yeux, et un petit silence lui répondit avant que Claude ne reprenne la parole.

— Quoi ?

— Ce garçon... ce n'est pas Aurél, dit-il en resserrant sa prise sur la petite photo et il releva la tête afin de plonger le regard dans celui de Claude. C'est bien ça, n'est-ce pas ? C'est ça que tu voulais nous cacher ? »

Claude resta silencieux, semblant complètement perdu, et il sentit sa mâchoire se serrer de colère à l'idée qu'il ait pu leur cacher, à lui comme à Aurélien, cette vérité si longtemps.

« Pou... Pourquoi tu dis ça ? bégaya ce dernier en faisant un pas de recul et il approcha la photo de son visage pour l'amener à la regarder de plus près.

— Cet enfant a une cicatrice sur le ventre, Claude. Et je sais qu'Aurélien n'en a aucune à cet endroit.

— Hein ? Mais attends... comment tu peux savoir ça toi ? T'as vu mon frère à poil ou quoi ?? s'emporta alors Claude, semblant se mettre à paniquer, et il aurait rit de sa réaction si la situation n'avait pas été aussi dramatique. Qu'est-ce que vous avez fait tous les deux ?! Tu sais qu'il n'a que quatorze ans, putain ?!

— Calme-toi, je ne lui ai absolument rien fait. J'étais avec lui mercredi soir. C'est là qu'il est allé dans la maison. Qu'on est allé dans la maison.

— Quoi mais... pourquoi ? Pourquoi, Guillaume ? C'est toi qui l'a amené là-bas ?? Tu te rappelais qu'on habitait à cet endroit ?

— Non... répondit-il, hésitant à lui dire qu'il l'avait tout de même entendu en parler à ses parents avant de se rappeler que ce soir-là, Claude n'était pas au courant qu'il était chez lui, Aurélien l'ayant appelé après un cauchemar. Ce soir-là, Aurélien a fait une crise de somnambulisme. Il s'est réveillé dans la forêt, à côté d'une croix... commença-t-il à expliquer, guettant le moindre changement de réaction chez Claude et en effet, il vit ce dernier devenir livide à la mention de la petite croix. Il m'a appelé complètement paniqué et je suis venu le chercher en l'entendant me dire où il se trouvait. Mais je sais que tu as très bien compris, n'est-ce pas ? demanda-t-il et Claude hocha la tête. Il était trempé car il pleuvait et j'ai aussi remarqué qu'il avait de la terre sur les mains. Il a dû se mettre à creuser dans sa crise de somnambulisme. Je lui ai dit qu'on devait se mettre à l'abris et c'est là qu'il m'a parlé de cette maison, dont il t'avait entendu parler à ta mère... je crois... quelques semaines plus tôt. Le jour où tu es venu me trouver pour me casser la gueule pour être précis. »

Il vit Claude frissonner en l'entendant dire ça et il reprit, la gorge nouée en se rappelant de la soirée :

« Alors je l'y ai amené. J'ai réussi à allumer un feu dans la cheminée et je suis allé chercher des vêtements secs pour lui et moi dans les chambres à l'étage. C'est là que j'ai vu la photo en premier, et ensuite... après l'avoir rejoint et alors qu'il commençait à s'endormir contre moi près de la cheminée... j'ai voulu lui fermer le pull qu'il avait enfilé en le voyant se mettre à frissonner. C'est là que j'ai remarqué qu'il n'avait pas de cicatrice. Et ensuite... j'ai un peu honte de l'avouer mais... je me suis mis à paniquer et je me suis enfuit, après lui avoir parlé de cette photo. Il a dû aller la chercher avant de s'en aller à son tour de la maison et rentrer chez vous... Alors... ce garçon... j'imagine que c'est ton frère, le vrai, Claude, n'est-ce pas ? dit-il au plus grand en lui lançant un regard hésitant. Celui qui est mort dans cet accident il y a six ans et à qui tu es allé rendre visite au cimetière la dernière fois ?

— Comment... tu sais ça ? Tu m'as suivi ?

— Pas moi, non. Aurél. Il y a quelques jours. Il m'a appelé en pleurs en voyant où tu te trouvais. Il ne comprenait rien. Qu'est-ce qui s'est passé, Claude ? Comment ton frère est mort ? Et Aurél ? Qui est-il alors ? Pourquoi il a pris sa place ? Explique-moi maintenant. S'il te plaît...! Ce secret est en train de me rendre fou. »

Claude resta silencieux un long moment, semblant complètement paralysé, avant qu'il ne le voit hocher la tête doucement, les larmes aux yeux.

« Ok, Guillaume. Je vais tout te raconter. Tu as raison, ça ne sert plus à rien de vous le cacher à présent. »

Il eut l'impression qu'un immense poids s'enlevait de ses épaules en l'entendant lui dire ça. Il allait enfin savoir la vérité. Celle qu'il cherchait tant depuis toutes ces années. Et ensuite ils iraient chercher Aurélien. Ensemble.

Fiction OrelxGringe - Le mystère qui t'entoure.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant