Chapitre 2

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Taehyung

    Brutalement j'envoie valser cet énergumène dans le tas de paille tandis que mon lusitanien hennit son mécontentement.

« Crève ! » l'homme hurle.

    Plus vite que je m'en croyais capable, j'attrape le licol portant des ornements en or et aux petites pierres incrustées puis je frappe le visage de mon agresseur avant de l'étrangler avec ce dernier.
    Au loin, j'entends les pas précipités de mes hommes dans notre direction mais avant qu'ils ne nous aient tous rejoints, voilà l'homme inconscient, mort dans mes bras.
    Tous les deux étendus dans la paille, je desserre mon étreinte et Koen arrive à ma hauteur.

« Tes ennemis sont de plus en plus nombreux depuis que l'annonce de ta collection a été faite. »

    Il me tend la main et m'aide à me relever tandis que mes hommes se débarrassent du cadavre qui souille mon territoire.

« Ce n'est pas grave. J'espère simplement que je n'ai pas froissé ma veste Dolce Gabbana. » je dis en frottant les manches pour retirer la poussière écumée durant cette bagarre.

    Koen rigole et range mon arme du crime à son emplacement.

« Taehyung, tu dois faire attention. Une rumeur a été lancée sur toi et ta bague. »

    Parce que, soudain, sa voix est lourde, je sais qu'il parle sérieusement.

« Les gens ne pourraient même pas imaginer ce que cache cette bague, Koen. Parce que l'existence de ce monde serait remis en question. Une éternité de vie à revoir...

— Justement... Depuis que tu as annoncé ta collection, tout le monde sait que les parures sont uniques et extrêmement coûteuses. Les gens se sont questionnés sur ta bague. Pourquoi tu as décidé de porter une bague avec un Lapis Lazulit et pourquoi tu en as fait ton nom. Ils se posent des questions et ils savent que ta bague, c'est ta vie. Ils veulent savoir comment et pourquoi. Tu dois faire attention. Cet homme, ce n'est que le premier des plus audacieux. » il pointe la scène du crime.

    J'ai l'habitude des profiteurs. Lazulite est un lieu d'excès alors comment ne pourraient-ils pas en profiter ? Je deale le bonheur, après tout. Alors, qu'ils profitent tous. Qu'ils prennent tout ce qu'ils désirent car en fin de compte, tout me revient.

« Dis-moi qui est assez intelligent pour comprendre ce qu'est cette bague ? » je dis, moqueur.

    Il hausse les épaules car lui-même n'est pas capable de me donner une réponse alors je soupire et tapote son bras.

« Rien ne peut m'arriver, Koen. Si Brugmansia n'a pas réussi à me tuer, alors personne ne le peut. »

    Je pensais la fureur de mon petit frère assez forte pour en venir à bout de moi mais hélas, je respire encore. Je suis toujours là, souffrant et bel et bien vivant, pourtant.

« Assure-toi que le bal se passe bien. C'est tout ce que je veux. Mes précieuses doivent être prêtes. »

    Il s'apprête à renchérir mais je lève la main, signe que je ne veux plus rien entendre. Puis je retourne dans mon palais sardanapalesque. Immédiatement, les notes du piano jouant du Beethoven séduisent mon ouïe. Comme si, le temps semblait suspendu, je m'assois sur le fauteuil style renaissance placé contre un mur en pierre.
    Dans ce grand hall soutenu par d'originales colonnes, je laisse mes yeux se perdre sur le tableau représentant Achille et Briséïs et l'art me parle. Ce qu'une personne ne sait pas dire, la peinture sait le faire. Et malgré les sons qui m'entourent, je me sens seul. Seul entre ces murs.
    Dans ce temple où règne force et prestige, je frissonne. Ces toiles inestimables disent tellement de choses sans prononcer le moindre mot, exactement comme l'âme des vivants.
    Je ferme les yeux, plongé dans le noir mais face à ces absences, pour certaines voulues, je suis en manque de vie.
    Je rêve d'un royaume où les rires n'ont pas besoin d'être forcés pour être entendus et sincères. Je rêve du bonheur de chacun mais le bonheur des uns fait le malheur des autres. Moi qui le deale, moi qui espère le repos de l'âme pour chacun, je me sens à l'étroit dans ce monde.
    L'art, c'est indescriptible. En regardant une toile, je me sens moins seul. Une toile, c'est une âme car exactement comme un être humain, derrière l'évidence face à nous se cache des messages, des signaux, une leçon.
    Tout comme la musique. Sous de jolies paroles, il y a un air trouvé et créé sous une émotion. Parfois il est inventé par des larmes et d'autres, des rires. L'humain est un art et est créateur de l'art.
    Et parce que ce monde est compliqué pour moi, je le refais à la vision de mon rêve. Des âmes qui dansent, qui boivent et rient. J'aime l'illusion de la perfection. Un rôle qui n'en est plus un pour moi. Je suis devenu mon art, mon rêve, mon illusion et c'est pourquoi Lazulite est si magique.
    C'est parce qu'il est unique et divin.

LazuliteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant