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 Je me réveille soudainement, un mal de crâne lancinant me saisit, je cligne des yeux à plusieurs reprises en grimaçant. La douleur me tenaille de partout, mais ce n'est pas le plus inquiétant. Je me rends compte que je suis assise sur une chaise, les mains et les pieds entravés par des menottes.

Le noir m'enveloppe, impossible de distinguer où je me trouve. Une odeur âcre de soufre flotte dans l'air, et le froid me fait frissonner. Les souvenirs du bar me reviennent vaguement. J'ai été enlevée par le pire criminel imaginable.

Immobile, je retiens mon souffle, évitant tout bruit qui pourrait les alerter de mon réveil. Les mots "J'ai d'autres projets pour toi" résonnent dans mon esprit, déclenchant une cascade de scénarios terrifiants.

Grâce à mon travail, j'ai eu connaissance des trafics humains. Est-ce le sort qui m'attend ? Vais-je me retrouver dans un réseau clandestin, droguée et livrée à des prédateurs ? Face à cette idée angoissante, la panique me guette, prête à prendre le dessus.

Mais avant de m'abandonner totalement à la panique, je respire profondément et j'essaie de réfléchir. En effet, cette terrible éventualité pourrait se matérialiser. Cependant, céder à la panique ne ferait qu'aggraver ma situation. Je me dois de demeurer forte et de trouver rapidement une solution pour m'échapper de cet endroit. Il faut toujours garder espoir, comme dit toujours Alex, lorsqu'on perd espoir, il faut toujours penser aux homards qui étaient prisonniers dans les aquariums des restaurants du Titanic.

Mais comment conserver l'espoir quand le temps s'étire lentement, chaque seconde plus douloureuse que la précédente. La soif qui me torture est aussi intense que la faim qui dévore mes entrailles. J'essaie de déglutir, de réunir la maigre quantité de salive restante pour humidifier ma gorge. C'est comme si j'avais avalé une immense quantité de sel. L'acte de déglutition est encore plus pénible que de s'abstenir, alors je m'y résigne, me concentrant uniquement sur chaque instant qui prolonge ma survie.

J'entends des bruits de pas qui retentissent, ensuite je vois de la lumière sous la porte et une ombre, quelques secondes plus tard, la porte s'ouvre en laissant apparaitre Damien Steel dans toute sa splendeur.

Il me fixe en souriant diaboliquement. Il s'avance vers moi en ne me lâchant pas du regard.

-Vous voulez quoi ? Vous savez que vous venez d'enlever...

-Un agent fédéral...bla....bla....bla. S'il te plaît épargne-moi toutes ces formalités. Je n'ai pas le temps pour ça.

Avec le revers de sa main il me caresse la joue, je fais systématiquement un geste de recul.

-Ne me touchez pas !

Il sourit, son sourire est le reflet même de la démence.

-Et que vas-tu faire ? Dit-il en faisant allusion aux sangles qui me retiennent prisonnière.

-Ecoute-moi bien ma jolie, je vais te poser des questions et toi tu vas y répondre et pour ton propre bien, je te conseille de ne pas mentir. Tu sais ce que c'est...les interrogatoires non ?

Je ne réponds pas, je le fixe comme si j'avais le pouvoir de le pulvériser rien qu'avec mes yeux. Que me veut-il ?

-Bien...depuis quand tu bosses pour lui ?

Je plisse les yeux, je ne comprends pas sa question.

-Vous voulez refaire mon parcours professionnel au FBI ou quoi ?

Il émit un rire glacial, puis d'un seul coup il m'attrape par la gorge en me serrant fort.

-Ecoute moi bien petite garce, contrairement aux interrogatoires que tu fais, dans les miens, tous les coups sont permis. Donc, si j'étais toi, j'arrêterais de faire la garce et je me contenterai de répondre aux questions ! C'est clair ?

Lorsqu'il me relâche je prends une grande inspiration.

-Je n'ai aucune idée de qui vous êtes en train de parler, je ne bosse pour personne d'autre que le FBI.

Il croise les bras en soupirant.

-Et tu crois vraiment que je vais te croire ?

Avant qu'il puisse faire quoi que ce soit d'autre, la porte s'ouvre de nouveau en laissant entrer un homme que je connais plus que bien. Mes yeux s'écarquillent. Mais je ne dis rien, en espérant qu'il soit sous couverture et que ce n'est pas ce que je crois.

-Harvey...lance Steel en l'invitant à entrer. J'ai vraiment du mal à faire parler ta coéquipière.

Oh non, alors c'est vraiment ce que je crois.

- Espèce de salop ! T'es complice depuis le début ? Tu le renseignais ? Je le foudroie du regard.

Il me regarde en me souriant.

-Eh oui...surprise !

-Et espèce de salop aussi pour la plainte !

- Ah ça ? Fallait bien éloigner les soupçons...

-De quoi tu parles ?

- Tu sais bien... Il y a une taupe dans l'équipe. Puis Isabelle Turner, celle qui doit attraper le criminel, échoue "mystérieusement", agresse son coéquipier, ensuite, lorsque ce dernier porte plainte, elle disparaît. Si tu ne le savais pas, tu es désormais suspecte numéro un. Pas bon pour ta carrière, ma chérie.

-Tu vas me le payer !

- Belle, Belle, Belle... Tu n'es pas en position de m'insulter ainsi. Après tout, je ne suis pas si différent. On travaille ensemble, on complote avec deux criminels différents. Toi, tu as juste choisi le mauvais camp.

Je me sens comme en cours d'espagnol, lorsque la prof parlait et que je ne comprenais rien. C'est à peu près pareil.

-Ok...je ne bosse pour aucun criminel, je ne comprends pas comment vous êtes arrivés à cette conclusion tous les deux ! Cris-je.

Harvey s'approche encore plus de moi puis avec le revers de sa main il me caresse la joue, je fais un geste de recule mais il ne retire pas sa main pour autant.

-Ne me touche pas ! Cri-je.  

Protège moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant