Chapitre 3

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J'eus du mal à rassembler mes esprits pour me concentrer sur cette valse. J'étais bien plus petite que lui. Pour pouvoir l'observer, je n'avais pas d'autre choix que de lever la tête dans sa direction. Je n'ai jamais été grande, même dans ma vie antérieure j'étais en dessous de la moyenne, ce qui m'a valu de faire des revers à tous mes jeans. J'étais habillée avec une robe très simple, comme tous les enfants du royaume. Les sorties nous étaient interdites en dehors de nos résidences, ainsi que la sociabilisation, à part entre frère et sœur. Tous enfermés chez soi. J'avais l'impression de revivre un deuxième confinement ? mais qui durait depuis dix-sept ans. Heureusement ici, je faisais partie des plus chanceux, j'avais un énorme jardin pour m'éviter d'étouffer.

Ma robe couleur rose pâle sans fioritures détonnait par rapport au costume très chic de mon cavalier, ce qui me donnait l'impression qu'il était encore plus imposant vu de près. La peau de mes mains était claire dans ses immenses paumes dorées. Je pouvais sentir par endroits des callosités qui me suggéraient que c'était un homme qui avait l'habitude de manier un outil ? Une arme ?

Il resserra d'un coup son étreinte sur ma taille, ce qui me prit complètement de court. «Concentrez-vous Ari, restez avec moi ! Je veux votre regard dans le mien jusqu'à la fin de l'entrainement. Arrêtez de réfléchir et laissez-moi vous guider. » Sa voix n'était qu'un murmure mais sonnait comme un ordre, une invitation. Je levai la tête vers lui. Il plongea ses yeux dans les miens. À cette distance je pouvais sentir son essence, son odeur s'engouffrer dans chacune de mes cellules.

La valse commença, j'avais la sensation de voler, qu'il me faisait décoller. Il arrivait à nous faire nous mouvoir sans difficulté, j'essayai de me détendre au maximum en essayant de lutter contre cette envie de regarder mes pieds. Je sentis quelque chose de dur sous ma semelle, ce qui me surprit. La réponse à mon interrogation ne se fit pas attendre. Un grondement sourd me parvint à l'oreille. Il s'approcha de moi et me susurra : « C'est mon pied que vous avez écrasé. Vous êtes distraite. C'est la dernière fois que je vous mets en garde. Je veux voir vos deux prunelles bleu clair dans les miennes et non ailleurs. » Mon corps réagit instantanément à cet avertissement, la chair de poule m'avait envahie. Cette mise en garde sonnait comme la promesse d'une punition et en même temps me rendait curieuse de ce qu'il aurait bien pu me faire.

Ce n'était pas un « gamin » qui allait me dicter ma conduite, j'avais géré des parents bien plus affreux que lui par le passé. Je me redressai de toute ma petite hauteur et planta mon regard dans le sien avec un air de défi. J'osai même arquer un sourcil comme provocation ultime.

Il me dévoila un sourire éclatant qui fit apparaître deux fossettes de chaque côté. Je pouvais apprécier la blancheur de ses dents et deux canines blanches apparurent légèrement plus longues que la norme mais qui rajoutaient du charme à celui-ci. Je lui rendis son sourire. Il se pencha légèrement tel un prédateur vers moi en réduisait l'espace qui nous séparait. « Vous me défiez ? C'est un jeu dangereux... » et avant que je n'aie le temps de répliquer ou de jouer la sotte, il me fit tourner sur moi-même. Son geste fut rapide. Il me réceptionna avec violence et me pressa contre lui. Il tenait ma main fermement dans la sienne, je pouvais sentir sa force à travers celle-ci. Son autre main était placée au bas de mes reins, les doigts dirigés vers la naissance de mes fesses. Mon bassin était collé à lui et je pouvais percevoir dans le bas de mon ventre, naissante. Je sentis le rouge me monter aux joues. Je devinais à travers son costume les muscles saillants qui le constituaient.

Mon dieu, rien à voir avec la bachata mais j'avais l'impression de me faire déshabiller dans ses bras à travers cette valse. Si je pouvais sentir tout ça à travers le tissu, alors lui aussi !

Une vague de pudeur, et de remords de femme mariée me monta dans la gorge. Il s'en aperçut, car à ce moment-là, il décrocha sa main placée sur ma chute de reins pour venir me saisir une mèche blonde qui s'était échappé de mon chignon et la replacer derrière mon oreille. Sa main glissa lentement le long de mon lobe d'oreille et effleura mon cou. Mon corps s'électrisa à son contact chaud. « Je vous ai décoiffée ! Ne rougissez pas, gardez cela pour moi plus tard. » dit-il de sa voix suave remplit de langueur.

Cette phrase a eu l'effet d'une bombe sur moi. Je n'étais plus rouge, j'étais un vrai gyrophare.

Il se mit à ricaner en voyant l'effet qu'il avait eu sur moi, ce qui refaisait apparaître ce sourire malicieux sur ce visage angélique. Au fond de moi, je savais qu'il n'avait rien d'un ange, sa langue était acerbe comme celle d'un serpent et me piquait au vif. Cet homme avait le don de me retourner intérieurement. Je devais absolument garder mon calme et réprimer mon envie de lui répondre qu'en privé, je lui aurais broyé ses bijoux de famille car étant une ancienne Terrienne, c'était moi qui commandait à la maison. Au lieu de ça, je dus jouer la comédie. Je remontais les yeux jusqu'à retrouver les siens. Je les fis papillonner. J'y plongeais à bras ouverts pour le déstabiliser et me mordit la lèvre inférieure. Je n'aurai jamais pensé que le nombre d'heures de visionnage de film de K-drama allait me servir un jour pour jouer la fille innocente et pure que « j'étais censée être ».

L'effet fut immédiat. Il perdit son sourire, essaya de se redresser pour se redonner de la constance et fuyait mon regard. Je sentis son entrejambe se gonfler un peu plus. Je jubilais intérieurement, j'avais eu le dernier mot, j'avais mis au coin ce petit arrogant. Une vie de pratique, de Beyoncé, K-drama, de Game of Thrones et j'en passe. Il s'attaquait à une adversaire de taille ! S'il voulait jouer, on allait jouer !

La musique s'arrêta. Il réajusta son costume, passa devant moi, il se dirigea vers Madame Christy, en m'évitant. Betty n'était plus avec nous. J'avais remporté aujourd'hui une bataille contre ce fanfaron mais il me semblait que ce n'était que le début de la guerre.

PS autrice : Je vais essayer d'écrire 3 chapitres par semaine. N'hésitez pas à vous abonner, à me suivre, à liker, à annoter vos retours car c'est comme ça que je peux évoluer ! Vous pouvez me suivre également sur FB avec le même pseudo! Poutoupoutou à toutes ! 

La voleuse d'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant